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L’herpès
L’herpès est une infection virale due au virus Herpes simplex. Très contagieuse, elle se traduit par des atteintes cutanéo-muqueuses surtout orofaciales (« boutons de fièvre ») ou génitales. D’autres localisations – cutanées, oculaires… – sont possibles, notamment par auto-inoculation. Après une primo-infection, symptomatique ou non, le virus persiste indéfiniment dans l’organisme et peut, parfois, évoluer vers des « réactivations » à l’origine des récurrences ou poussées d’herpès, qui altèrent la qualité de vie. En dehors de leur caractère douloureux et/ou récidivant, ces infections sont bénignes.
La maladie
PHYSIOPATHOLOGIE
Herpes simplex virus
L’espèce humaine est le seul réservoir des Herpes simplex virus (HSV) ou virus de l’herpès.
Les HSV sont essentiellement responsables d’infections cutanéo-muqueuses, plus rarement du système nerveux central ou d’autres organes (foie…). Il existe deux types de virus :
– le HSV1, qui est le plus souvent impliqué dans les atteintes buccales, oculaires et neurologiques, mais également génitales, suite à une transmission oro-génitale ;
– le HSV2, qui est responsable de 60 à 80 % des herpès génitaux.
Primo-infection et latence
Après le premier contact avec l’organisme ou primo-infection, qui se fait souvent dans l’enfance, le virus diffuse le long des nerfs sensitifs et persiste à l’état latent dans les cellules des ganglions sensitifs innervant le territoire de la primo-infection : le ganglion de Gasser pour l’atteinte oro-buccale, les ganglions sacrés pour l’atteinte génitale.
Les trois quarts des personnes infectées n’auront jamais de manifestations cliniques, en lien certainement avec la qualité des défenses immunitaires. Chez les autres, le virus peut se réactiver et être à l’origine des poussées de la maladie.
Réactivations
Sous l’effet de certains facteurs et/ou lors d’une immunodépression même passagère, le virus chemine en sens inverse le long des fibres nerveuses et recolonise le territoire cutanéo-muqueux où a eu lieu la primo-infection. La réplication virale reprend et peut se manifester de deux manières :
– par une récurrence clinique, souvent moins sévère que la primo-infection ;
– par une excrétion virale asymptomatique : le virus est présent dans les sécrétions – buccales, génitales ou au niveau oculaire –, mais il n’y a pas de signes cliniques.
SIGNES CLINIQUES
Herpès oro-facial
Primo-infectionElle survient classiquement dans l’enfance, mais de plus en plus souvent chez l’adulte jeune.
La primo-infection apparaît cinq à sept jours après le contact infectant, mais n’est symptomatique que dans 10 % des cas. Elle prend alors typiquement la forme d’une gingivo-stomatite aiguë, douloureuse, d’évolution favorable en sept à dix jours. Les vésicules regroupées en bouquet siègent au niveau des lèvres, des gencives, de la langue, du palais et/ou du pharynx. Le patient présente souvent une fièvre élevée (39-40 °C), une haleine fétide et une hypersalivation. La rupture des vésicules entraîne des ulcérations douloureuses rendant l’alimentation difficile.
RécurrencesLes signes cliniques sont identiques à ceux de la primo-infection, mais moins marqués, et la guérison est plus rapide. Les lésions siègent souvent sur le bord de la lèvre, c’est le « bouton de fièvre » ; d’autres localisations sont possibles : narines, menton… Leur apparition est précédée de prodromes à type de brûlures, démangeaisons, picotements, rougeurs, sensations d’engourdissement. Les ulcérations évoluent vers des croûtes qui finissent par tomber sans laisser de cicatrices.
Herpès génital
Primo-infectionElle est symptomatique dans 20 à 50 % des cas. Les lésions, vésicules puis ulcérations, siègent sur les organes sexuels et/ou à proximité : cuisses, fesses, parfois atteinte anale isolée. Chez la femme, la primo-infection prend souvent l’aspect d’une vulvovaginite aiguë plus ou moins bruyante avec parfois un œdème vulvaire important et de la fièvre. Chez l’homme, elle est moins intense et prend la forme d’une balanite (voir Dico+). En l’absence de traitement, elle dure dix à vingt jours.
RécurrencesLes lésions sont atténuées et précédées des mêmes prodromes que l’herpès oro-facial. Des brûlures mictionnelles et des pertes vaginales sont également des signes annonciateurs de la poussée.
Autres localisations
Elles sont « plus rares, et sont souvent la conséquence d’une auto-inoculation, ou surviennent en cas d’immunosuppression », précise le Dr Guigues, gynécologue-obstétricienne, vice-présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).
→ Les lésions peuvent toucher tous les sites cutanés, mais l’atteinte de la main ou du doigt est la plus courante (panaris herpétique). La pratique de certains sports (judo, lutte…) favorise des atteintes cutanées diffuses (herpès des gladiateurs).
→ L’atteinte oculaire, souvent unilatérale, concerne la paupière (blépharite), la conjonctive ou la cornée (kératite). L’œil est rouge avec des sensations de grains de sable, de larmoiement.
TRANSMISSION
→ La transmission de l’infection s’effectue par contact direct avec les lésions d’herpès ou avec les sécrétions susceptibles de contenir le virus : salive, sécrétions vaginales, larmes. Elle est favorisée par la présence de lésions, même minimes : gerçures des lèvres, microtraumatismes suite aux rapports sexuels… Le virus est fragile en milieu extérieur. Le risque de contamination par l’intermédiaire d’objets souillés s’avère ainsi très faible.
→ L’herpès génital est une infection sexuellement transmissible (IST), mais la pénétration n’est pas nécessaire à la contamination car les lésions peuvent siéger sur le pourtour des organes génitaux. Certains facteurs de risque sont identifiés : rapports sexuels non protégés, sexe féminin, nombre de partenaires sexuels, précocité du premier rapport, antécédents d’IST, infection à VIH, faible niveau socio-économique.
→ Le patient est également contagieux, mais à un degré moindre au cours de périodes d’excrétion virale asymptomatique.
FACTEURS FAVORISANT LES RÉCURRENCES
Toute diminution de l’immunité favorise les récurrences d’herpès. Certaines circonstances sont souvent retrouvées : fièvre, exposition aux UV ou au froid, menstruations, stress, fatigue, traumatisme local (chirurgie buccale, dermabrasion cutanée) et, pour les récurrences d’herpès génital, les rapports sexuels.
COMPLICATIONS
Selon les localisations
→ Une poussée d’herpès oro-facial peut exceptionnellement se compliquer d’atteintes viscérales : méningo-encéphalite, hépatite.
→ Les plus graves atteintes herpétiques de l’œil sont les kératites herpétiques. Elles peuvent guérir spontanément, mais les récurrences laissent des cicatrices qui peuvent, à la longue, être à l’origine d’une baisse définitive de l’acuité visuelle. Une consultation et une prise en charge auprès d’un spécialiste sont impératives.
Selon le terrain
→ Chez le patient immunodéprimé : atteintes cutanées sévères et étendues. Le risque de dissémination de l’infection est plus important (atteintes viscérales).
→ Chez le sujet atopique : l’herpès peut surinfecter les lésions d’eczéma et entraîner une atteinte disséminée (syndrome de Kaposi-Juliusberg).
→ Au cours de la grossesse : la plupart des primo-infections et des récurrences sont similaires à celles décrites en dehors de la grossesse. Exceptionnelle et survenant principalement lors d’une primo-infection herpétique au troisième trimestre de grossesse, une hépatite fulminante constitue une urgence en raison de la gravité du pronostic maternel et fœtal : mort in utero, retard de croissance, atteintes oculaires neurologiques, cardiaques.
→ Chez le nouveau-né : l’herpès néonatal est rare mais très grave, avec un risque d’atteinte neurologique ou de formes disséminées (40 à 70 % de mortalité). La contamination peut avoir lieu in utero (primo-infection de la mère) ou, le plus souvent, à l’accouchement par contact direct avec les sécrétions maternelles (généralement excrétion virale asymptomatique). Une contamination post-natale est également possible par contact avec une personne excrétant le virus.
DIAGNOSTIC
Clinique et parfois biologique
→ Herpès oro-facial et cutané : le diagnostic est essentiellement clinique, basé sur l’aspect des lésions et leur caractère récurrent. Les examens biologiques destinés à isoler le virus sur un prélèvement des lésions ne sont effectués qu’en cas de lésions inhabituelles.
→ Herpès génital : une confirmation virologique est nécessaire car la clinique n’est pas toujours évocatrice. Par ailleurs, la recherche d’une autre IST associée est systématiquement proposée : chlamydia, VIH, syphilis, gonocoque et hépatite B.
→ Formes compliquées, chez le patient immunodéprimé ou la femme enceinte : une confirmation virologique est nécessaire pour éliminer une autre cause.
→ Chez le nouveau-né, une recherche virale est faite sur des prélèvements oculaires et pharyngés si la mère présente des lésions évocatrices d’herpès à l’accouchement ; elle est recommandée aussi en cas d’antécédents d’herpès génital, même sans lésions.
Diagnostic virologique
Plusieurs techniques de mise en évidence du virus sur un prélèvement des lésions sont utilisées. La culture cellulaire constitue la méthode de référence. Le résultat est obtenu en un à quatre jours et permet un typage du virus (différenciation entre HSV1 et HSV2). La détection des antigènes du virus par immunofluorescence ou technique Elisa est plus rapide (quelques heures), mais moins sensible. La détection du génome viral par PCR (Polymerase Chain Reaction) est une méthode très rapide et très sensible, mais aussi plus coûteuse ; elle se justifie pour affirmer rapidement et avec certitude le diagnostic dans les formes graves, chez les immunodéprimés ou la femme enceinte.
ÉVOLUTION
En dehors des formes graves, l’herpès est une maladie bénigne dans la grande majorité des cas. L’évolution d’une poussée est la plus souvent favorable, même en l’absence de traitement. Parfois, les récurrences sont suivies d’un érythème polymorphe (voir Dico+).
L’intensité et la fréquence des symptômes varient d’un patient à l’autre et au fil du temps. Des récurrences rapprochées peuvent considérablement gêner la qualité de vie du patient. En général, elles tendent à diminuer avec l’âge.
Son traitement
OBJECTIF
Le traitement vise à limiter la douleur, la durée de la poussée et la contagiosité.
En cas de récurrences fréquentes, il a pour but de diminuer le nombre de poussées et la fréquence des épisodes d’excrétion virale asymptomatique. En cas d’herpès génital, il vise aussi à limiter le risque de transmission.
STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE
Le traitement fait appel à des antiviraux qui sont actifs seulement sur les virus en phase de réplication. Ils n’éliminent pas les virus à l’état latent, ce qui explique les récurrences.
Le traitement doit dans tous les cas s’accompagner d’une information sur la maladie et de conseils adaptés pour limiter la contagiosité et l’auto-inoculation (voir « Vie quotidienne »).
Principe
→ Les antiviraux par voie générale sont employés selon des conditions bien définies en fonction de la localisation de l’infection (oro-faciale ou génitale) et de sa nature (primo-infection ou récurrence). Lorsque leur prescription est justifiée, ils sont d’autant plus efficaces qu’ils sont débutés tôt, dès l’apparition des prodromes et selon le cas, sans attendre les résultats des examens biologiques.
En pratique, le valaciclovir est préféré à l’aciclovir car il nécessite moins de prises quotidiennes. L’aciclovir par voie injectable est notamment utilisé dans les formes sévères.
→ La prescription d’un antalgique est justifiée si besoin (paracétamol, paracétamol-codéine) pour soulager la douleur.
→ Les antiviraux locaux n’ont pas fait la preuve de leur efficacité, bien que souvent employés en automédication (voir p. 32) ; ils ne sont pas cités dans les recommandations. Au mieux, dans les poussées d’herpès labial, ils permettent de légèrement raccourcir la durée des lésions s’ils sont appliqués dès les prodromes.
→ Les antiseptiques locaux sont employés pour éviter le risque de surinfection.
Herpès oro-facial
→ Primo-infection : un antiviral par voie orale (valaciclovir ou aciclovir chez les moins de 12 ans) est recommandé durant cinq à dix jours ; si la voie orale est impossible et chez les moins de 2 ans, on recourt à l’aciclovir par voie intraveineuse.
→ Récurrences : aucun traitement antiviral systémique ou local n’est recommandé. Toutefois, le valaciclovir 2 000 mg deux fois par jour sur une unique journée a éventuellement un intérêt s’il est instauré dans les premières 24 heures d’évolution de la poussée. Il est indiqué dans l’herpès labial de l’adulte et de l’adolescent de plus de 12 ans.
→ Traitement préventif : en cas d’herpès labial induit par le soleil, un écran photoprotecteur est préconisé avant toute exposition solaire. Chez les patients avec plus de six récurrences par an d’herpès labial non induit par le soleil, un traitement continu par valaciclovir ou aciclovir est envisagé afin de réduire le nombre de récidives, avec réévaluation tous les six à douze mois.
Herpès génital
→ Primo-infection ou infection initiale non primaire (voir Info+) : valaciclovir, aciclovir ou famciclovir durant cinq à dix jours.
→ Récurrences : valaciclovir, aciclovir ou famciclovir limitent la gêne et le risque de contagion. Il est recommandé que le patient dispose d’une prescription à l’avance afin de débuter le traitement dès les premiers symptômes.
→ Traitement préventif : antiviral au long cours lors de récurrences fréquentes (plus de six par an). Une fenêtre thérapeutique tous les six à douze mois évalue l’intérêt de le poursuivre selon l’évolution naturelle de la maladie.
Herpès oculaire
Le traitement relève de l’ophtalmologiste.
→ Traitement curatif : selon le type d’atteinte, superficielle ou profonde, le traitement repose sur les antiviraux locaux et/ou par voie générale. Dans les kératites herpétiques profondes, un corticoïde local peut être nécessaire en complément pour diminuer l’inflammation intra-oculaire.
→ Traitement préventif : valaciclovir ou aciclovir chez ceux ayant plus de deux ou trois épisodes de kératite herpétique par an.
Chez la femme enceinte
Les antiviraux peuvent être utilisés au cours de la grossesse selon les mêmes modalités.
→ Primo-infection génitale : si elle survient le mois précédant l’accouchement, un antiviral est recommandé jusqu’à l’accouchement. Si elle se produit avant le dernier mois de la grossesse, un antiviral pendant dix jours, puis à partir de la 36e semaine d’aménorrhée, mise en place d’un traitement antiviral jusqu’à la fin de la grossesse de manière à diminuer le risque de récurrences au moment de l’accouchement.
→ Récurrences d’herpès génital : le traitement curatif est le même qu’en dehors de la grossesse. L’emploi systématique d’un antiviral le dernier mois pour prévenir une récurrence au moment de l’accouchement n’est pas recommandé.
Chez le nouveau-né
L’aciclovir par voie IV (20 mg/kg toutes les 8 heures) est indiqué durant 21 jours dans les formes neurologiques ou disséminées et pendant 14 jours dans les formes localisées.
LES ANTIVIRAUX
Molécules
→ Par voie générale : aciclovir, famciclovir, valaciclovir.
→ Par voie cutanée (non recommandés) : aciclovir (Zovirax), ibacitabine (Cuterpès).
→ Par voie ophtalmique : aciclovir, ganciclovir, trifluridine.
Mode d’action
→ Ce sont des analogues nucléosidiques qui entrent en compétition avec les nucléotides naturels pour être incorporés à la chaîne d’ADN viral. Ils inhibent alors l’ADN polymérase virale et bloquent ainsi la réplication de l’ADN viral.
Pour être actifs, ils nécessitent une triphosphorylation qui fait intervenir une enzyme virale spécifique, la thymidine kinase. Dans les cellules non infectées, ils ne sont pas métabolisés en forme active, d’où une tolérance satisfaisante.
→ La biodisponibilité (BDP) de l’aciclovir est faible. Sa demi-vie plasmatique est courte (environ 3 heures), d’où la nécessité de cinq prises par jour. Le valaciclovir, prodrogue de l’aciclovir, a une meilleure BDP, d’où un nombre de prises quotidiennes réduit pour une efficacité équivalente. Le famciclovir est métabolisé en penciclovir, la forme active ; sa BDP est de l’ordre de 80 %.
Effets indésirables
→ Voie générale : céphalées, troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées), réactions cutanées (prurit), possibles réactions de photosensibilité sous valaciclovir ; rares troubles neuropsychiques (agitation, confusion, hallucinations), notamment chez les patients âgés ou insuffisants rénaux.
Exceptionnellement toxicité rénale avec risque d’insuffisance rénale aiguë, favorisée par une hydratation insuffisante (patients âgés ou fonction rénale altérée) ; une adaptation des doses est nécessaire chez l’insuffisant rénal.
→ Voie cutanée : sensations de brûlures et de picotements transitoires fréquentes ; rares allergies cutanées (eczéma de contact, urticaire…).
→ Voie ophtalmique : brûlures et picotements transitoires fréquents après instillation ou application. Le chlorure de benzalkonium (dans Virgan et Virophta) peut provoquer une irritation des yeux et altérer les lentilles de contact souples ; les retirer avant l’instillation et attendre au moins quinze minutes avant de les remettre en place.
Surveillance
Surveillance de l’apparition de troubles neurologiques (agitation, hallucinations, délire, convulsions…) chez les personnes âgées, chez celles à risque de déshydratation ou présentant une altération de la fonction rénale.
Conseils aux patients
OBSERVANCE
Du traitement
→ En cas de prescription à l’avance pour le traitement épisodique des récurrences, débuter le traitement dès l’apparition des premiers signes. Plus le traitement est précoce, plus la poussée sera limitée en intensité et en durée. En cas de prescription de Zelitrex sur une journée pour une récurrence d’herpès labial, il n’y a aucun intérêt à le prolonger au-delà.
→ Bien suivre le traitement prophylactique au long cours pour garantir son efficacité et limiter ainsi les récurrences et les périodes d’excrétion virale asymptomatique.
→ En cas d’herpès oculaire et de traitement concomitant avec un autre collyre, respecter 15 minutes d’intervalle entre les instillations et finir par le plus visqueux (gel ou pommade).
Attention aux corticoïdes
Les corticoïdes par voie générale et les dermo-corticoïdes sont formellement contre-indiqués en cas de virose en évolution, donc au cours d’une poussée d’herpès (sauf indication vitale d’une corticothérapie).
Le recours à un collyre corticoïde sans association à un antiviral peut être à l’origine d’aggravations considérables des lésions de kératite herpétique : c’est une contre-indication formelle.
Les soins locaux
Maintenir les lésions propres.→ Au niveau génital : toilette biquotidienne à l’aide d’un soin lavant doux ; un antiseptique adapté (type Dakin…) peut être employé mais sans excès, au risque de déstabiliser la flore locale et d’entraîner des irritations (vulvites). Séchage par tamponnement, sans frotter. Des compresses d’eau froide ou des bains de siège froids peuvent soulager la zone douloureuse. Éviter les sous-vêtements synthétiques et les vêtements serrés (jeans, collants) afin de limiter les frottements et la transpiration.
→ En cas d’herpès labial : les antiseptiques aqueux peuvent être recommandés.
Gérer les effets indésirables
Bien s’hydrater sous traitement antiviral pour faciliter son élimination et limiter le risque de toxicité rénale.
Éviter toute exposition au soleil sous Zelitrex en raison d’un risque de réactions de photosensibilité ; prévoir vêtements protecteurs, chapeau et crème solaire haute protection.
Automédication
AntalgiquesLes AINS sont déconseillés lors des poussées, par prudence, pour éviter toute aggravation des lésions. Pour soulager les douleurs, le paracétamol ou l’association paracétamol-codéine peut être conseillée.
Les formes localesProscrire l’application de produits agressifs sur les lésions (alcool, éther…) et les dermocorticoïdes, au risque d’aggraver les ulcérations.
VIE QUOTIDIENNE
Primo-infection
Elle est souvent très douloureuse et rend l’alimentation difficile en cas d’herpès buccal. Recommander de fractionner les prises alimentaires et de privilégier des aliments mous et/ou semi-liquides (yaourts, compotes, purées, soupes…), froids ou tièdes.
« Anticiper » les poussées
Éviter autant que possible les facteurs déclenchants (soleil, stress, fatigue, froid, décalage horaire, contrariété, fièvre, règles…) et surveiller l’apparition des premiers signes (brûlures, picotements, démangeaisons, engourdissements…) pour agir au plus vite.
En cas d’herpès labial induit par le soleil, appliquer un écran protecteur sur la bouche systématiquement en cas d’exposition solaire.
Limiter la contagion
→ Quand a lieu la transmission ? Principalement au cours des poussées. « Même si une poussée est minime et peu gênante, l’excrétion virale, elle, persiste » explique le Dr Guigues. Le virus est présent au niveau des lésions, dans la salive, les larmes en cas d’herpès oculaire, les sécrétions génitales en cas d’herpès génital.
Le patient est contagieux avant même l’apparition des vésicules, au stade des prodromes (picotements, démangeaisons…) et jusqu’à cicatrisation complète (stade des croûtes). En dehors des poussées, le risque de transmission du virus existe, mais est beaucoup moindre.
→ Envers qui ? Dès cette période, les mesures de protection de l’entourage doivent être impérativement respectées, notamment vis-à-vis des personnes à risque de faire une forme grave : immunodéprimés, femmes enceintes, nourrissons, personnes souffrant d’eczéma.
→ Comment faire ? Les lésions ne doivent pas entrer en contact direct avec l’entourage. « Ce qui signifie ne pas embrasser quelqu’un en cas d’herpès labial, pas de baisers sur la bouche ou sur la peau, ni de contacts oro-génitaux », recommande le Dr Guigues.
Ne pas se toucher les lésions pour éviter tout risque d’auto-inoculation ou se laver les mains systématiquement tout de suite après.
En cas d’herpès labial : ne pas échanger couverts, brosse à dents, stick labial ; en cas de port de lentilles, ne pas les humecter avec sa salive. En cas d’herpès génital : éviter les rapports sexuels même protégés durant les poussées « car il peut être difficile, notamment chez la femme, de visualiser les lésions et celles-ci peuvent siéger hors des zones protégées par le préservatif », précise le Dr Guiges. Par prudence, utiliser une serviette de toilette personnelle même si le risque de transmission indirect est rare. En dehors des poussées, le port du préservatif limite tout risque de contamination du partenaire en cas d’épisodes d’excrétion virale asymptomatiques.
Sexualité
L’herpès génital, du fait des ulcérations génitales ou des microtraumatismes présents lors des poussées, est un facteur de risque d’acquisition d’autres IST, et notamment du VIH. Il est donc important que le patient évite les rapports sexuels, surtout non protégés durant les poussées, aussi pour cette raison, et surtout avec de « nouveaux partenaires ».
Projet de grossesse
L’herpès génital ne compromet pas un projet de grossesse, mais il est impératif de signaler tout antécédent à son gynécologue. « Les poussées d’herpès ne sont pas plus fréquentes ni plus sévères qu’en dehors de la grossesse, précise le Dr Guigues. La patiente enceinte doit être attentive aux signes d’une poussée, particulièrement lors du dernier mois car la présence du virus dans les voies génitales au moment de l’accouchement expose à un risque important de contamination de l’enfant. Même si ce n’est pas dans les recommandations officielles, en cas de récurrence fréquente d’herpès génital lors de la grossesse, un traitement antiviral prophylactique peut être proposé par le médecin le dernier mois ». S’il existe un risque de contamination de l’enfant au moment de l’accouchement, une césarienne sera proposée.
Impact psychologique
→ Il faut dédramatiser l’herpès. Les récidives fréquentes d’herpès labial et surtout génital sont souvent à l’origine d’un sentiment de honte ou de mauvaise estime de soi. Le patient redoute d’évoquer un herpès génital avec son partenaire par crainte de rejet. Expliquez que, certes, l’herpès est une pathologie chronique, contagieuse, mais qu’elle reste le plus souvent bénigne. Il faut apprendre à reconnaître les petits symptômes qui doivent servir d’alerte pour protéger son entourage durant les périodes de contagion. On peut vivre avec quelqu’un ayant un herpès génital sans jamais développer la maladie.
→ Dites également que la maladie évolue avec le temps et que les récurrences tendent à être moins fréquentes.
→ Une première « crise » d’herpès peut survenir des années après la primo-infection initiale, qui elle-même peut avoir été asymptomatique. Enfin, l’apparition d’un herpès génital au sein d’un couple ne doit donc pas forcément faire soupçonner une infidélité…
Avec l’aimable collaboration du Docteur Béatrice Guigues, gynécologue-obstétricienne, vice présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).
Info+
Les virus Herpes simplex virus (HSV) de types 1 et 2 font partie de la famille des Herpesviridae, qui comprend notamment le virus de la varicelle et du zona (VZV), le cytomégalovirus (CMV) et le virus d’Epstein-Barr (EBV).
Info+
Très rarement, et souvent suite à une immunosuppression, le virus peut diffuser par la circulation sanguine et être à l’origine de formes disséminées graves.
Info+
Une poussée d’herpès est, dans le langage courant, une récurrence.
Info+
Le fait d’être infecté par l’un des virus n’empêche pas l’infection par l’autre type.
Info+
Au cours des poussées d’herpès génital, les ulcérations ou microtraumatismes locaux sont un facteur de risque d’acquisition du VIH.
Principales contre-indications médicales des antiviraux
En dehors d’antécédents d’hypersensibilité aux molécules concernées, il n’y a pas de contre-indications à la prescription des antiviraux.
Traitements conseil au comptoir
Par voie générale : Apis en 9 ou 15 CH (3 à 5 granules 3 fois/j) limite la poussée d’herpès voire l’enraye s’il est pris dès l’apparition des prodromes. Au stade des vésicules, Rhus toxicodendron 9 ou 15 CH, à relayer par Mezereum 7 ou 9 CH au stade de croûtes.
Par voie locale : l’intérêt des antiviraux locaux en crème (aciclovir « conseil », Cuterpès, doconasol/Erazaban) est limité. Au mieux, ils raccourcissent légèrement la durée de la poussée s’ils sont employés dès les prodromes. Des sensations de brûlures ou de fourmillements sont normales après l’application. Des huiles essentielles antivirales (ravintsara, arbre à thé, niaouli ou hélichryse de Madagascar), associées à des huiles essentielles à visées cicatrisante et antalgique (lavande officinale et aspic), peuvent être utilisées en applications locales sur le bouton de fièvre, pures (2 à 5 gouttes 3 fois/j) ou diluées dans une huile végétale. Pas d’utilisation chez la femme enceinte, ni avant l’âge de 7 ans.
Herpès génital : pour soulager localement l’inconfort, proposer une crème apaisante type Saforelle, Saugella Douceur… ou, si les lésions sont suintantes, des soins locaux asséchant comme Cytelium, Cicalfate, Cicabio…
Herpès labial : patchs et pansements liquides (Compeed, Elastoplast, Urgo Bouton de fièvre, Acura…) créent un milieu favorable à la cicatrisation et isolent les lésions, ce qui tend à limiter la contamination.
Interview“Il ne faut pas affoler en recommandant systématiquement le préservatif”
Docteur Béatrice Guigues, gynécologue-obstétricienne, vice-présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF)
À l’officine, que dire à un patient qui a un herpès génital ?
Le message doit être simple et rassurant. En dehors des poussées, le risque de transmission de la maladie reste très faible. Il ne faut pas affoler en recommandant systématiquement le préservatif en cas de rapport sexuel. Chaque situation est un cas particulier qui doit être discuté avec le médecin. Dans tous les cas, la consultation va éliminer le risque d’atteinte d’une autre IST et, pour les patients qui ont des récurrences très fréquentes et gênantes, un traitement antiviral préventif qui limite fortement l’excrétion virale sera mis en place.
Info+
Chez les patients immunodéprimés, selon la sévérité de l’atteinte, on recourt aux antiviraux par voie orale à des doses supérieures à celles employées chez l’immunocompétent ou par voie intraveineuse et au foscarnet (Foscavir, à l’hôpital) en cas de résistance.
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