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Les orthèses de poignet de série

Publié le 28 juin 2014
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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DÉFINITION

Les orthèses de poignet sont des appareils de correction orthopédiques, essentiellement destinés à la rééducation du poignet, voire de la main et du pouce.

Ce sont des dispositifs médicaux soit fabriqués en série à partir de matériaux de synthèse et/ou de cuir, munis de structures métalliques déformables, soit réalisés avec des matériaux thermoformables basse température en application immédiate.

CLASSIFICATIONS

Attention : les différentes classifications ne sont pas harmonisées ! Ainsi, celle de la LPP n’est pas directement corrélée à l’indication thérapeutique, ni aux dénominations des fabricants (certaines attelles sont des orthèses à la LPP…). Évitez donc toute substitution.

Selon la fonction

On distingue principalement :

les orthèses statiques, qui maintiennent de façon passive une ou plusieurs articulations en position fixe. Ce sont celles délivrées en majorité à l’officine ;

les orthèses dynamiques, pourvues d’éléments moteurs, lame ou ressort, qui ont pour objectif de récupérer ou de suppléer la mobilité d’un segment. Plus « techniques », elles sont souvent du ressort d’un orthopédiste ou d’un orthoprothésiste.

Selon la nature de l’appareillage

On en recense trois types principaux :

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les orthèses dites « de contention » du poignet : ce sont des manchons en tissu élastique ou en cuir qui ne couvrent que le poignet, employés pour faciliter les mouvements et protéger les articulations lors d’activités de force. Elles ne sont pas inscrites à la LPP ;

les orthèses « semi-rigides » : ce sont des gaines en néoprène ou en tissu de rigidité variable, munies d’un élément rigide de soutien palmaire en plastique ou métallique (dites « de poignet rigides ») ou de deux éléments de soutien, palmaire et latéral ou dorsal (dites « pour poignet-main »).

Ces orthèses s’enfilent comme des gants et/ou se ferment par des sangles munies de velcro de serrage (à « ouverture totale »). Certaines, réalisées en tissu rigide, sont dotées de baleines de renfort, on parle alors d’« attelles main-poignet ». D’autres enserrent de plus l’articulation métacarpophalangienne du pouce, on parle d’orthèse ou d’attelle « poignet-pouce » ;

les orthèses « thermoformées » : rigides, elles permettent d’immobiliser dans la position souhaitée (repos, fonction…).

Selon l’utilisation

Les orthèses d’inactivité sont portées pendant les périodes de repos. Elles sont dites « de traitement » quand elles sont utilisées en permanence pour une immobilisation longue (exemple : relais d’un plâtre) ; de « repos » pour celles portées pendant les périodes d’inactivité diurnes ou nocturnes ; de « récupération d’amplitude » ou « de posture » lorsqu’elles exercent une traction en flexion ou en extension sur une articulation.

Les orthèses d’activité ou « de fonction » sont employées durant les périodes d’activité, par exemple pour limiter une amplitude douloureuse.

Selon la LPP

Les orthèses « main-poignet » sont inscrites au titre 2 de la LPP « Orthèses et prothèses externes », chapitre 1 « Orthèses », section 7 « Appareils divers de correction orthopédique » sous la dénomination générique « Correction orthopédique main-poignet ».

L’arborescence distingue ensuite les attelles des orthèses avec, pour chacune, diverses dénominations selon la fonction et les positions articulaires :

attelles « main-poignet » avec flexion ou extension des métacarpophalangiennes, +/- pouce en abduction, +/- extension des interphalangiennes…

orthèses dynamiques, statiques ou de positionnement, poignet-rigide, poignet-main, poignet-pouce, extension ou flexion des métacarpophalangiennes, déviation cubitale ou radiale…

ACTIONS

Selon l’objectif thérapeutique, les orthèses peuvent permettre :

d’augmenter la force ;

d’immobiliser partiellement ou totalement en flexion ou en extension les articulations dans un but antalgique et anti-inflammatoire (notamment orthèses « de repos ») ou de protection de l’articulation (limitation de la mobilité d’une articulation lors d’activités pour les orthèses « de fonction ») ;

de consolider la cicatrisation osseuse ou tendineuse suite à un traumatisme ;

un effet thermique antalgique ;

la correction de déformations ;

la récupération ou la limitation d’amplitude d’un mouvement articulaire ;

une protection contre les chocs.

INDICATIONS

Elles sont très diverses en traumatologie, postopératoire orthopédique, rhumatologie ou neurologie. Attention : un modèle n’est pas spécifique d’un type de pathologie et la prescription est individuelle selon le siège des lésions, le stade d’évolution, l’activité du patient… De plus, certaines orthèses de repos peuvent être préconisées pour les activités et vice-versa. Globalement, on peut retenir ces indications :

orthèses de poignet : aides à l’effort. Exemples : Gibaud Poignet de force, Cooper ou Sanipharm serre-poignet, Sober Bandage du poignet… ;

orthèses ou attelles de « poignet rigide » ou pour « poignet-main » : arthrose, syndrome du canal carpien, arthrite rhumatoïde, tendinites, consolidation et séquelles en post-traumatique, ténosynovite (inflammation du tendon et de la gaine synoviale), épicondylite. Exemples : Manugib canal carpien, de Quervain ou tendinite (Gibaud), ManuTrain ou ManuLoc (Bauerfeind), Green Ortho attelle poignet-main (Sodit), Manuimmo (Thuasne), Rhena Manu (Hartmann), Salva Poignet-main (Cooper)… ;

orthèses ou attelles poignet-pouce : ténosynovite de Quervain (tendinite du pouce à la base du poignet), lésions ligamentaires du pouce, inflammation articulaire aiguë ou chronique au niveau du pouce (carpe, métacarpe), tendinite poignet-pouce, immobilisation postopératoire du pouce, rhizarthrose (arthrose de la base du pouce). Exemples : Rhena Rhizo, Manugib Poignet-pouce et Rhizarthrose fonction ou immobilisation, RhizoLoc (Bauerfeind), Ezy Wrap Poignet-pouce (SM Europe), Gibortho Poignet-pouce (Gibaud), Rhizorthèse (Orthosoft), Salva Poignet-pouce (Cooper), attelles Poignet-main-pouce thermoformables Gibortho ou Sober…

MESURES ET ESSAYAGE

Prise de mesures

Côté. Bien choisir, droit ou gauche ! Certains modèles sont ambidextres.

Tour de poignet et paume. Les orthèses existent en plusieurs tailles, le choix étant guidé par la mesure de la circonférence du poignet. Pour certains modèles, le tour de la paume ou sa largeur est nécessaire.

La longueur. Certaines existent en plusieurs longueurs selon le siège principal de la pathologie : courte pour une pathologie du pouce avec soutien du poignet, longue si l’atteinte est plutôt localisée au poignet. En cas de suites opératoires, l’orthèse doit couvrir entièrement la zone lésée (fracture…).

Essayage systématique

Les semi-rigides. 1. Vérifier que l’orthèse correspond à la prescription et à l’indication : orthèse de fonction ou d’immobilisation, poignet-main ou poignet-pouce, position en flexion ou extension… 2. Prépositionner l’orthèse en l’enfilant comme un gant (forme manchon) ou en enserrant le poignet par les sangles velcro. L’orthèse ne doit pas comprimer le membre ni produire de point d’appui douloureux, mais procurer une sensation de soulagement. 3. Adapter la cambrure des baleines à la morphologie du patient : les baleines palmaires sont modelées de façon à soutenir la paume de la main. Les baleines dorsales, si elles existent, peuvent être laissées en place ou être ôtées si amovibles, mais ne doivent pas exercer de pression, notamment sur une lésion récente. Certains modèles sont munis de coussinets protecteurs. D’autres possèdent aussi des baleines pour le pouce lorsque celui-ci doit être maintenu en position fixe (exemple : abduction). Certains modèles permettent plusieurs positions : flexion, extension, flexion avec inclinaison cubitale…, les baleines sont alors munies de pictos de repère (exemple : Manuvario de Thuasne). 4. Ajuster en serrant les bandes auto-agrippantes selon confort du patient. L’excédent de sangles peut être coupé.

Les orthèses thermoformables à basse température présentent une plaque thermoformable généralement trouée au niveau du pouce, à immerger dans l’eau chaude (environ 70 °C) durant quelques minutes jusqu’à ramollissement, puis à appliquer autour du poignet ; un linge fin peut être inséré entre la peau et l’orthèse si le patient « craint » la chaleur. Laisser en place quelques minutes jusqu’à durcissement lors du refroidissement. L’opération peut être renouvelée totalement ou partiellement si le résultat n’est pas conforme (eau chaude ou pistolet chauffant). Une gaine et/ou des bandes auto-agrippantes assurent le maintien.

LÉGISLATION

Prescripteurs autorisés

Tout médecin ou masseur-kinésithérapeute, qui, depuis 2006, peut prescrire des « attelles souples de correction orthopédique de série ».

Ordonnance

La prescription doit être libellée sur une ordonnance particulière, indépendamment de tout autre traitement, médicament ou matériel. Elle doit (idéalement) préciser : nom de l’article, nature et siège de l’atteinte justifiant la prescription et les indications permettant une application correcte de l’orthèse (extension, flexion, pouce en abduction…), l’usage (nocturne, diurne, activité ou repos), la durée du port. Le renouvellement est soumis à une nouvelle prescription médicale.

Prise en charge à la LPP

Les orthèses (et attelles) de main-poignet sont inscrites sur la liste des produits et prestations (LPP) sans entente préalable. Il n’y a pas de prix limite de vente, donc un dépassement à faire payer est autorisé.

Délivrance

L’agrément des locaux n’est plus nécessaire depuis 2001, mais l’ordre des pharmaciens recommande que les locaux dédiés à l’orthopédie répondent à certains critères (espace réservé à l’accueil et à l’essayage, isolations phonique et visuelle…).

Substitution

Sauf si l’on peut justifier d’une situation d’urgence, on ne peut substituer une orthèse prescrite avec un nom de marque sans l’accord express du prescripteur.

CONSEILS

Expliquer le mode d’action de l’orthèse (antalgique, immobilisation…) et vérifier que le patient est capable de la mettre en place seul.

Si ce n’est pas précisé sur l’ordonnance, ni au patient, appeler le prescripteur pour vérifier le moment du port car une orthèse dite de repos peut aussi être préconisée pour certaines activités, les doigts restant libres… De plus, la durée de port est corrélée à la phase aiguë ou d’entretien d’une pathologie et peut donc varier selon les périodes.

Entretien : laver à la main à l’eau savonneuse à 40 °C (30 °C pour les parties thermoformables) après avoir enlevé les attelles métalliques, puis sécher à plat loin d’une source de chaleur. Ne pas utiliser de solvants, d’alcool ni d’eau de Javel.

Avec l’aimable relecture de David Bognon, orthopédiste-orthésiste-podologiste (78).

Mémento délivrance

Seule figure l’orthèse sur la prescription.

Ne pas substituer une marque ou un modèle par un (e) autre.

Prise de mesures, essayage et adaptation morphologique systématiques.

Rappeler le mode d’emploi (durée et période de port) et les conseils d’entretien.