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Un modèle à suivre ?
Très souvent cité en exemple, l’Allemagne est l’un des dix-huit pays européens à avoir libéralisé le monopole officinal. Une libéralisation qui reste néanmoins limitée. Eclairage.
Les Allemands peuvent acheter, et depuis plus de trente ans, un grand nombre de médicaments dans les chaînes de droguerie et les supermarchés. Le droit allemand distingue trois catégories de médicaments, ceux de prescription obligatoire, ceux de prescription facultative mais devant être vendus en pharmacie, et ceux dits « libres à la vente ». On peut trouver cette dernière catégorie en pharmacie mais également dans les supermarchés et les drogueries (dotées de nombreux points de vente et passage obligé pour l’achat de produits ménagers et d’hygiène, les supermarchés étant moins achalandés qu’en France).
L’assortiment concerne pour l’essentiel des produits contre le rhume (pastilles et bonbons à sucer, sprays, 30 % du marché selon IMS Health,) suivis par les vitamines, minéraux, oligoéléments et compléments alimentaires (magnésium, vitamine?C, zinc, oméga-3…). On trouve de nombreux médicaments à base de plantes, des sirops contre la toux, des pastilles contre les troubles gastriques ou des comprimés contre la nervosité ou l’insomnie. Mais pas question d’y acheter de l’aspirine ou un antidouleur (paracétamol et ibuprofène), qui restent du ressort exclusif de l’officine. Selon l’agence du médicament allemande, la Bfarm, 31 635 présentations sont en vente libre, soit un peu moins d’un tiers des médicaments sur le marché allemand. Selon les données IMS Health (2012-2013), le chiffre d’affaires atteint 924 millions d’euros (430 millions de boîtes), à comparer aux 7,3 milliards d’euros réalisés par les pharmacies sur les produits OTC (830 millions de boîtes). La croissance du CA est modérée (+ 0,9 %) pour des volumes en légère baisse (- 0,8 %). « Le rayon santé est une activité importante, avec environ 10 % de notre chiffre d’affaires », indique la chaîne Rossmann, numéro 2 en Allemagne (plus de 1 800 magasins).
Une sortie avec des conditions strictes
C’est une commission spécialisée de la Bfarm qui statue sur les demandes de changement de statut, mais ses réunions sont rares (deux depuis 2006). Sa dernière décision marquante a été, en 2009, de refuser la sortie de l’acétylcystéine, tandis que, en 2006, elle avait autorisé celle de la rutine et de la troxérutine. « Les conditions fixées en fonction des critères sanitaires pour sortir de l’officine sont très strictes », indique la Bfarm. De fait, aucun incident n’a été signalé et les associations de consommateurs déplorent plutôt dans leurs tests comparateurs le trop faible dosage des composés…
Malgré cette ouverture, de nombreuses marques restent accessibles seulement en officine. Les chaînes de droguerie et les supermarchés tentent de les attirer ou se les procurent par des grossistes. Rossmann a même dans ses rayons « Gesundheit plus » (« santé plus? ») quelques médicaments « réservés à la pharmacie ». Les chaînes ont parallèlement développé leur propre gamme (Altapharma pour Rossmann, « Das gesunde plus » pour les drogueries dm, produits siglés Edeka, Rewe ou Real pour les supermarchés du même nom) mêlant médicaments et autres produits dits de santé.
Mais les drogueries critiquent le conservatisme de l’agence du médicament, des pharmaciens et des fabricants. « En moyenne nos prix sur des produits comparables sont de 20 % à 40 % moins chers que dans une officine, souligne Rossmann. En restant à l’officine, les produits OTC gardent des prix élevés. Il est clair qu’on veut préserver les pharmaciens de toute concurrence. Mais les vrais gagnants, ce sont les laboratoires pharmaceutiques. »
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