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Vyndaqel

Publié le 18 octobre 2014
Par Yolande Gauthier
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Le tafamidis (Vyndaqel) est un médicament orphelin qui a bénéficié depuis décembre 2009 d’une ATU nominative puis d’une ATU de cohorte. Il est maintenant commercialisé en officine. Il s’agit du premier traitement symptomatique d’une maladie rare, la polyneuropathie amyloïde à transthyrétine, pour laquelle la transplantation hépatique constitue l’unique traitement curatif.

Indications

Vyndaqel est indiqué dans le traitement de l’amylose à transthyrétine pour retarder le déficit neurologique périphérique chez les adultes qui présentent une polyneuropathie symptomatique de stade 1 (atteinte des membres inférieurs mais marche sans aide).

Mode d’action

Le tafamidis est un stabilisateur spécifique de la protéine transthyrétine. Il inhibe la dissociation des tétramères de transthyrétine en monomères. Ces monomères, lorsqu’ils sont partiellement dénaturés, entraînent la production d’intermédiaires qui s’assemblent de façon anormale en profilaments, filaments et fibrilles amyloïdes.

Posologie

– Le traitement est initié et suivi par un médecin expérimenté dans la prise en charge des patients atteints de polyneuropathie amyloïde à transthyrétine.

– La posologie recommandée est de 1 capsule à 20 mg par jour, avec ou sans nourriture mais à avaler entière, sans la croquer ni la couper.

Contre-indications

– Hypersensibilité à l’un des composants du médicament. En raison de la présence de sorbitol, Vyndaqel est contre-indiqué chez les patients intolérants au fructose.

– Le traitement doit être arrêté chez les patients bénéficiant d’une transplantation hépatique.

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Grossesse et allaitement

– Les femmes en âge de procréer doivent utiliser une contraception efficace durant le traitement, à poursuivre pendant un mois après l’arrêt de Vyndaqel.

– L’utilisation de Vyndaqel chez la femme enceinte n’est pas recommandée.

– Vyndaqel ne doit pas être administré à la femme qui allaite car le tafamidis est excrété dans le lait.

Effets indésirables

Les effets secondaires le plus souvent observés ont été des infections des voies urinaires, des diarrhées, des infections vaginales et des douleurs abdominales hautes. Ils étaient généralement d’intensité légère ou modérée.

Interactions médicamenteuses

Le tafamidis est dénué d’effet inducteur ou inhibiteur du cytochrome CYP3A4. Il ne semble pas inhiber significativement les isoenzymes du cytochrome P450.

Conservation

Conserver les capsules à l’abri de la lumière dans l’emballage extérieur, à une température inférieure à 25 °C.

– En cas de vomissement peu de temps après la prise, une nouvelle dose de Vyndaqel peut être administrée seulement si la capsule a été retrouvée. Si tel n’est pas le cas, attendre le lendemain pour prendre une nouvelle capsule.

– Les connaissances sur la tolérance clinique de Vyndaqel étant limitées du fait de la rareté de la maladie, signaler au médecin ou au pharmacien tout effet indésirable potentiellement lié au traitement.

DÉLIVRANCE

– Liste I

– Prescription hospitalière réservée aux spécialistes en neurologie.

FICHE TECHNIQUE

Tafamidis 20 mg pour une capsule molle blanc cassé à jaune pâle, boîte de 30, 4 546,03 €, remb. SS à 100 %, AMM : 34009 218 245 9 9.

Pfizer : 01 58 07 30 00

LA POLYNEUROPATHIE AMYLOÏDE À TRANSTHYRÉTINE

Qu’est-ce que c’est ?

Avec un peu plus de 300 cas déclarés en France, la polyneuropathie amyloïde à transthyrétine est une maladie héréditaire rare. Elle est due à une mutation, au niveau du gène codant pour la synthèse de la transthyrétine.

La transthyrétine, ou préalbumine, est une protéine principalement synthétisée par le foie qui permet le transport des hormones thyroïdiennes circulantes. La mutation entraîne la formation de dépôts amyloïdes qui s’accumulent au niveau des nerfs, du cœur, des reins… L’anomalie génétique se transmet selon le mode autosomique dominant.

Comment se manifeste-t-elle ?

Ce sont les dépôts amyloïdes qui sont responsables des symptômes de la maladie : douleurs intenses et paresthésies des pieds, hypotension orthostatique, troubles digestifs, dysurie, amaigrissement… En cas d’atteinte cardiaque, fréquente, d’autres symptômes peuvent être présents : ralentissement cardiaque, essoufflement à l’effort (insuffisance cardiaque). D’autres manifestations rénales (protéinurie, insuffisance rénale) et/ou oculaires (gêne visuelle) peuvent également survenir.

Comment évolue-t-elle ?

Parmi les personnes porteuses de la mutation, environ 15 % resteront asymptomatiques toute leur vie. Si l’âge de début de la maladie est très variable, les sujets d’origine française ont déclaré en moyenne la maladie vers 50 ans. Sans traitement, les symptômes s’aggravent jusqu’à entraîner des handicaps et la mort après une dizaine d’années d’évolution.

Delphine Guilloux

L’AVIS DE LA HAS

– Service médical rendu modéré.

– Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV).

– Population cible estimée à 200 patients.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Tafamidis : un progrès à démontrer

L’évaluation de Vyndaqel repose sur les résultats d’une étude clinique comparative randomisée de phase II/III et sa phase d’extension ouverte non comparative. L’étude comparative visait à évaluer l’efficacité du tafamidis 20 mg/j (65 patients) vs placebo (63 patients) sur la progression de l’amylose chez des sujets d’au moins 18 ans chez lesquels sont documentés un diagnostic d’amylose (biopsie) et une mutation VM30. Après 18 mois de traitement, le résultat obtenu avec le tafamidis n’a pas différé de celui obtenu avec le placebo sur les deux critères de jugement principaux : le taux de répondeurs définis par une augmentation du score de déficience neuropathique des membres inférieurs, et une modification de la qualité de vie entre l’inclusion et 18 mois mesurée par le test de Norfolk. 45 % de patients de la population en intention de traiter ont été répondeurs dans le bras tafamidis vs 29,5 % dans le bras placebo, même si le taux diffère apparemment vu le petit nombre de patients inclus.

La variation moyenne du score de qualité de vie par rapport à l’inclusion a été inférieure dans le groupe tafamidis à celle observée dans le groupe placebo.

Une analyse complémentaire, ne considérant pas la transplantation hépatique comme un échec au traitement, a montré qu’à 18 mois 54,7 % des patients étaient répondeurs dans le bras tafamidis vs 36,1 % dans le bras placebo. L’étude d’extension ouverte qui a suivi, pour 86 des 91 patients ayant terminé les 18 mois de traitement, suggère que l’effet du tafamidis administré à la même dose se maintient jusqu’à 12 mois supplémentaires.

Une seconde étude de phase II, non comparative, a évalué la stabilisation de la transthyrétine sous tafamidis chez des patients porteurs d’une autre mutation génétique, dont seules les données de tolérance ont été exploitées par la Commission de la transparence.

L’effet obtenu par l’administration du tafamidis est de taille modeste et demeure, selon la HAS, à confirmer dans un domaine thérapeutique où l’unique traitement étiologique se résume à la greffe hépatique voire à une double greffe rein-foie ou cœur-foie.