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Quelle conduite tenir face à Ebola en France ?

Publié le 3 novembre 2014
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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Face à l’extension de l’épidémie africaine et après le premier cas avéré de contagion en Espagne, le 3 octobre, le risque d’importation du virus Ebola en France est de moins en moins exclu. Le point sur les mesures.

Qu’est-ce que le virus Ebola ?

C’est un virus responsable chez l’homme d’une fièvre hémorragique virale. Parmi les cinq espèces identifiées, la souche virale « Zaïre » est à l’origine de l’épidémie. Les réservoirs viraux sont des animaux sauvages (chauves-souris, chimpanzés, antilopes…) des forêts équatoriales africaines. Le passage de l’animal à l’homme se fait par manipulation ou ingestion d’animaux contaminés.

Comment se transmet-il d’homme à homme ?

Par contact direct avec le sang ou les fluides biologiques (larmes, salive, lait maternel, sperme, sueur, selles, vomissements) des personnes infectées symptomatiques (ou décédées) ou par exposition indirecte à des objets contaminés par leurs sécrétions (aiguilles…). La transmission par voie aérienne n’est pas démontrée chez l’homme.

Quels sont les signes cliniques ?

Après une incubation de deux à vingt et un jours, la maladie débute par un syndrome pseudo-grippal suivi, quelques jours plus tard, de manifestations cutanéo-muqueuses (conjonctivite, exanthème maculo-papuleux) et digestifs (dysphagie, diarrhée, vomissements). Dans les formes sévères, l’état général s’altère progressivement jusqu’à l’apparition de signes neurologiques d’encéphalite (agitation, épilepsie, coma…) et hémorragiques (gingivorragies, selles sanglantes…). Le taux de mortalité varie de 25 à 90 % suivant le type de virus, la rapidité et la qualité de prise en charge. Les patients atteints restent contagieux tant que le virus est présent dans les liquides biologiques, soit plusieurs semaines (jusqu’à sept semaines dans le sperme).

Existe-t-il un traitement ?

La prise en charge est basée sur les soins de soutien, notamment la réhydratation. Quatre traitements expérimentaux sont autorisés en France depuis septembre 2014, dont un antiviral (favipiravir) fourni par le Japon. Des vaccins sont en cours d’expérimentation.

Y a-t-il eu des cas en Europe ?

Le 6 octobre 2014, le premier cas avéré de contagion hors Afrique concernait une aide-soignante au contact d’un malade dans un hôpital de Madrid, en Espagne.

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Que serait un « cas suspect » en France ?

Le scénario le plus envisageable est celui d’un cas importé. Est considérée comme « cas suspect » toute personne ayant voyagé dans la zone affectée il y a moins de vingt et un jours et présentant une fièvre supérieure ou égale à 38 °C. Le Haut conseil de la santé publique a édicté, en avril 2014, des recommandations sur la conduite à tenir autour des cas suspects.

Comment devrait-on réagir à l’officine ?

Les professionnels de santé libéraux devraient : isoler le patient ; lui faire porter un masque ; éviter tout contact physique avec lui ; porter un masque de type FFP2 ou chirurgical, des gants ; se frictionner les mains avec un soluté hydro-alcoolique ; appeler le 15, qui ferait une évaluation téléphonique pour classer ce cas comme « exclu » ou « possible ». Une équipe du Smur prendrait en charge le patient « cas possible » jusqu’à un établissement habilité. Si besoin, elle aiderait à décontaminer surfaces ou locaux souillés (vomissements…), le virus survivant plusieurs heures à l’air libre.

Que faire si le cas est confirmé ?

Les examens de diagnostic nécessitent un délai de 24 à 48 heures au terme duquel les professionnels de santé en contact avec le patient sont avertis du résultat. À noter que d’autres maladies infectieuses endémiques restent plus probables (paludisme, fièvre jaune). Si le cas d’infection à Ebola est confirmé et que les mesures de protection ont été respectées, il y a peu de risque de contamination : il faut alors surveiller sa température deux fois par jour (voir plus bas).

Que faire si un voyageur de retour de zone à risque est asymptomatique ?

Une personne sans aucun symptôme n’est pas contagieuse, la contagiosité coïncidant avec l’apparition des symptômes. Il n’y a pas de transmission par l’air ambiant comme pour la grippe, ni via des moustiques. Aucune mesure d’éviction n’est donc nécessaire mais il faut conseiller au voyageur de prendre sa température tous les jours pendant vingt et un jours et de contacter le centre 15 si une fièvre apparaît.

NOTRE EXPERT INTERROGÉ

Direction générale de la santé (DGS).

Repères

→ Fin décembre 2013 : premiers cas de fièvre hémorragique à Ebola notifiés dans les zones forestières de la Guinée.

→ Mars 2014 : l’OMS publie la notification officielle d’une flambée de maladie à virus Ebola en Guinée.

→ Mai-juin 2014 : extension des cas notifiés à la Sierra Leone, puis au Liberia.

→ 8 août 2014 : l’OMS déclare l’épidémie « urgence de santé publique de portée internationale ».

→ 13 octobre 2014 : 9 302 cas confirmés, probables ou suspects), dont 4 625 décès. À suivre au jour le jour sur http://bit.ly/1wcFX1R

→ Pour s’informer : 0 800 13 00 00, 7 jours sur 7, de 9 heures à 21 heures ;

www.sante.gouv.fr/ebola