Concurrence, capital, réseau : ce qui peut arriver

Concurrence, capital, réseau : ce qui peut arriver

Publié le 9 février 2015
Par Matthieu Vandendriessche
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« Le nouveau ne sort pas de l’ancien, mais à côté de l’ancien et lui fait concurrence jusqu’à lui nuire », affirme Xavier Pavie, professeur à l’Essec Business School, en ouverture d’un débat organisé samedi 7 février à Paris à l’occasion des 8e Rencontres de l’officine.

Ce principe édicté par l’économiste Joseph Schumpeter dans les années 1930 pourrait donc s’appliquer aujourd’hui au secteur de l’officine, selon Xavier Pavie. Pour preuve, La Poste a récupéré le marché de la livraison des médicaments à domicile. Et le géant du commerce en ligne Amazon, qui propose déjà une offre orientée vers la santé, pourrait bientôt investir le marché du médicament et du suivi du patient« Le concurrent numéro 1 du pharmacien, ce n’est pas Leclerc, c’est Amazon ! », insiste-t-il.

Alors comment ne pas se laisser dépasser ? « Vous, pharmaciens, avez la proximité, l’expérience, le savoir-faire. Vous avez un boulevard de potentiels devant vous. Alors ne dites pas que vous allez rester ce que vous êtes, considère Xavier Pavie. Il y a des services à développer, mais encore faut-il savoir les valoriser ! »

Sur l’organisation du réseau, le professeur à l’Essec s’interroge même : « Et pourquoi 10 000 à 15 000 officines ne feraient-elles pas mieux que 23 000 aujourd’hui ? »

« Ce chiffre de 7 000 pharmacies en trop, avancé dans Le Monde en 2008 par le président de l’Ordre des pharmaciens de l’époque, à la limite cela ne me pose pas de problème de le comprendre, mais avant il faut m’expliquer comment y arriver », renchérit Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Ce propos, « je l’ai payé pendant des années en franchissant la porte des ministères », confie-t-il.

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Pour Philippe Gaertner, il faut organiser la refonte du réseau officinal. « Le travail mené avec le ministère de l’Economie ces derniers mois servira à faire évoluer le réseau de manière concertée avec les pouvoirs publics », indique-t-il.

Et quant à ouvrir le capital à des investisseurs extérieurs à l’officine, la FSPF continue de s’y opposer. Même s’ « il est impossible aujourd’hui de ne pas faire appel à des capitaux » avec la participation des banques, considère Philippe Gaertner.

« C’est inéluctable, il y aura des chaînes de pharmacies en France dans 4 à 5 ans et 20 à 30 % des officines seront tenues par des gérants, indique pour sa part Lucien Bennatan, président du groupe PHR. Aujourd’hui, 80 % de l’économie des officines est garantie par l’Etat. Nous sommes des logisticiens boutiquiers et fonctionnaires. Nous n’avons pas les moyens de moderniser notre profession »

Et l’une des possibilités envisagée par Lucien Bennatan serait d’autoriser des groupements à entrer au capital des officines, suivant le modèle de la franchise.