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Peut-on estimer la mortalité due à la grippe ?

Publié le 7 mars 2015
Par Yolande Gauthier, Anne-Hélène Collin et Pauline Michel
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En France, la grippe provoque chaque année plusieurs millions de cas et quelques milliers de décès. Au cours des 50 dernières années, la mortalité la plus élevée a été observée en 1968-69 avec 33 000 décès dus à la grippe de Hong Kong. Estimer en temps réel la mortalité est difficile. En effet :

– Seules les formes sévères hospitalisées sont facilement identifiables en raison de leur survenue précoce après le début de l’infection. Elles ne constituent qu’une infime minorité des décès.

– Une proportion plus importante des décès est due aux surinfections respiratoires, dont les pneumonies à pneumocoques, mais leur diagnostic et leur lien avec la grippe initiale sont souvent méconnus.

– La majorité des décès est due à la décompensation de maladies chroniques préexistantes. Ici, le lien avec la grippe passe fréquemment inaperçu en raison du délai important (plusieurs semaines parfois) entre le début de la grippe et le décès.

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Pour estimer l’impact de la grippe, il faut analyser la « mortalité toutes causes » et identifier un excès de mortalité pendant et au décours de l’épidémie. Cette analyse est impossible à réaliser en temps réel sur l’ensemble d’un pays car la validation et la centralisation des causes de décès prennent du temps. En France, ce chiffrage repose sur un échantillon de 1 042 communes, complété depuis 2008 par la certification électronique des causes de décès, système qui enregistre aujourd’hui environ 5 % des décès.