Pathologies Réservé aux abonnés

L’œil sec

Publié le 14 mars 2015
Par Nathalie Belin
Mettre en favori

La sécheresse oculaire peut avoir un retentissement important sur la qualité de vie. Les substituts lacrymaux occupent une place centrale dans la prise en charge.

De quoi s’agit-il ?

• La sécheresse oculaire est une pathologie multifactorielle des larmes et de la surface de l’œil. On en distingue 2 grands types (souvent intriqués) :

– hyposécrétion lacrymale : involution des glandes lacrymales liée à l’âge, à des modifications hormonales, d’origine médicamenteuse (anticholinergiques, antidépresseurs, rétinoïdes…), syndrome de Gougerot-Sjögren.

– instabilité lacrymale liée à une hyperévaporation du film lipidique ou muqueux : dysfonctionnement des glandes sébacées de Meibomius (blépharites, rosacée, dermite séborrhéique), inflammations conjonctivales prolongées (allergie), conservateurs de collyres, notamment le chlorure de benzalkonium, lentilles de contact, chirurgie réfractive ou de la cataracte.

• L’hyperosmolarité lacrymale est considérée comme le mécanisme central à l’origine de l’inflammation conjonctivale et des symptômes de la surface oculaire.

Quels sont les signes cliniques ?

Brûlures oculaires, sensation de grains de sable, d’inconfort, larmoiements doivent faire évoquer une sécheresse oculaire lorsqu’ils évoluent depuis plus de 2 à 3 mois.

Publicité

L’irritation chronique peut être à l’origine de kératites superficielles douloureuses voire de déficits visuels.

Comment se fait le diagnostic ?

• L’interrogatoire recherche le mode de déclenchement des troubles, des facteurs aggravants (tabac, polluants, climatisation…), un caractère saisonnier, une cause médicamenteuse, une maladie associée.

• L’examen évalue la qualité du film lacrymal, son osmolarité, la quantité de larmes et le fonctionnement des glandes de Meibomius.

Quelle prise en charge ?

Substituts lacrymaux : ils compensent le manque de larmes, normalisent l’osmolarité et diluent les facteurs inflammatoires. Il s’agit d’un traitement au long cours adapté en fonction de l’efficacité et de la tolérance.

• Solutions salines et polymères de vinyle : bien tolérés, adaptés au port de lentilles de contact. L’efficacité est souvent insuffisante, d’où la nécessité de les associer à d’autres collyres.

• Polymères de méthylcellulose et gel de carbomère ou HP-Guar : dans la sécheresse oculaire modérée.

• Hyaluronate de sodium et polymères d’acide hyaluronique : adaptés aux sécheresses oculaires importantes.

• Emulsions lipidiques : surtout indiquées dans les insuffisances meibomiennes.

• Osmoprotecteurs : ils protègent l’épithélium de l’hyperosmolarité.

Vitamine A en pommade : en association aux substituts en cas de sécheresse sévère.

Corticoïdes locaux : dans les poussées inflammatoires en cure courte.

Moyens mécaniques : occlusion des points lacrymaux (appareil excréteur lacrymal), transitoire ou définitive ; lunettes chauffantes à chambre humide qui désobstruent les glandes de Meibomius.

Compléments alimentaires : à base d’oméga-3 (Dioptec, Hydrofta, Naturophta Sécheresse…), ils pourraient réduire les troubles par effet anti-inflammatoire.

EN PRATIQUE

• Vérifier l’absence de conservateurs (unidoses ou systèmes les neutralisant).

• L’utilisation pluriquotidienne d’un produit fluide et d’un produit visqueux permet de répondre à la majorité des cas : formes liquides en cas de conduite automobile ou de gêne légère ; polymères lors d’une exposition à des facteurs aggravants (vent, climatisation…).

• Limiter les facteurs favorisants : fumée de cigarette, climatisation… Humidifier l’air intérieur, boire suffisamment, porter des lunettes de soleil (vent, particules irritantes…).