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La France peut-elle empêcher la commercialisation du Mysimba ?
Malgré l’avis favorable rendu par l’Agence européenne des médicaments (EMA), la France reste opposée à l’octroi d’une AMM centralisée pour le « coupe-faim » Mysimba. Elle a saisi en février la Commission européenne en vue d’un réexamen du dossier.
Qu’est-ce que le Mysimba ?
Médicament du laboratoire Orexigen Therapeutics, le Mysimba (ou Contrave dans les pays hors Europe) est indiqué comme adjuvant à un traitement diététique et une augmentation de l’activité physique dans la prise en charge de l’adulte obèse (IMC ≥ 30 kg/m2) ou en surpoids (IMC entre 27 et 30 kg/m2), en présence d’une ou plusieurs comorbidités associées (diabète de type 2, dyslipidémie, hypertension contrôlée…).
Que contient-il ?
Mysimba est une association de :
> naltrexone, antagoniste des opiacés qui agit par compétition sur les récepteurs du système nerveux central et périphérique. Il est actuellement utilisé comme aide au maintien de l’abstinence chez les patients alcoolo-dépendants (Revia…) ;
> bupropion ou amfebutamone, antidépresseur inhibiteur sélectif de la recapture neuronale des catécholamines (noradrénaline et dopamine) qui est utilisé comme aide au sevrage tabagique (Zyban). Cette molécule de structure amphétaminique est employée pour son action potentiellement « coupe-faim ».
Pourquoi la France s’oppose à l’AMM ?
Dans sa demande de réexamen du dossier (voir repères), l’ANSM estime que la balance bénéfice/risque du Mysimba est défavorable, l’efficacité dans le contrôle du poids étant modeste (moins de 10 % dans les études, l’écart n’excédant pas 5 % avec le placebo) et la sécurité du produit pas assez établie.
Quels sont les problèmes soulevés ?
L’ANSM rappelle les incertitudes au regard des risques neuropsychiatriques, notamment dépression et suicide, particulièrement liés au bupropion, et cardio-vasculaires, qui n’ont pas été suffisamment évalués. Des effets vasculaires type hypertension artérielle, hémorragie cérébrale, arythmies ou insuffisance cardiaque aiguë ont été décrits pour les médicaments à structure amphétaminique. La revue Prescrire* estime que l’octroi d’AMM serait « une régression majeure pour la santé des patients en Europe » et appelle les autorités à tirer les leçons des scandales sanitaires passés, notamment ceux qui ont conduit, en raison d’effets graves et disproportionnés, au retrait du marché de médicaments amaigrissants amphétaminiques ou apparentés type sibutramine (Sibutral) ou benfluorex (Mediator).
L’EMA a-t-elle pris en compte ces risques ?
Dans son avis favorable à l’AMM, l’Agence européenne du médicament (EMA) mentionne les effets indésirables gastro-intestinaux ou liés au système nerveux central et reconnaît que, malgré des résultats intermédiaires rassurants, des incertitudes subsistent sur les résultats cardio-vasculaires à long terme. Une deuxième étude visant à surveiller ces effets sur le long terme serait planifiée. Elle recommande que l’AMM mentionne de cesser le traitement après seize semaines si le patient n’a pas perdu au moins 5 % de son poids initial, ou s’il présente des problèmes de sécurité ou de tolérance, y compris en cas d’augmentation de sa tension artérielle.
Quand la décision sera-t-elle définitive ?
La décision définitive d’octroi ou non d’AMM revient à la Commission européenne. Si elle est positive, c’est ensuite au laboratoire de décider dans quel pays il veut – ou non – commercialiser son produit.
La France pourrait-elle bloquer sa mise en vente ?
Une décision européenne d’AMM centralisée est contraignante pour tous les États membres. Si elle est positive pour le Mysimba et si le laboratoire décide de le vendre, la France ne pourra pas s’y opposer. Pour autant, l’ANSM peut jouer sur certains leviers pour restreindre l’accès à ce produit, comme les conditions de prescription et l’avis de la HAS (commission de transparence) sur la place du Mysimba dans la prise en charge de l’obésité. Dans l’attente de la décision, l’ANSM ne se prononce pas sur ses intentions.
NOS EXPERTS INTERROGÉS
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Repères
→ 15 au 18 décembre 2014 : le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) se réunit à Londres pour examiner l’octroi de nouvelles AMM. La France vote « contre » l’octroi d’AMM au Mysimba.
→ 19 décembre 2014 : le CHMP rend un avis favorable pour l’octroi d’une AMM européenne pour le Mysimba dans le traitement de l’obésité ou du surpoids associé à au moins une complication chez les patients adultes.
→ 11 février 2015 : l’ANSM saisit le Comité permanent des médicaments à usage humain de la Commission européenne en vue du réexamen du dossier Mysimba.
(*) Autorisation imminente d’une dangereuse amphétamine coupe-faim ? Une recommandation inacceptable de l’EMA qui doit être annulée, communiqué de presse, Prescrire, 19?décembre 2014.
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