Economie : déjà des pharmacies dans le rouge !

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Economie : déjà des pharmacies dans le rouge !

Publié le 12 octobre 2023
Par Yves Rivoal
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La baisse de deux ou trois points du taux de marge devrait impacter les trésoreries des officines en 2023. Et mettre en difficulté les pharmacies les plus fragiles. 

« La baisse du taux de marge, qui devrait revenir au même niveau qu’en 2020, aura une incidence sur la trésorerie des officines, annonce Olivier Delétoille, expert-comptable au cabinet AdequA. Après s’être considérablement renforcée jusqu’en 2022, la situation financière des pharmacies se tend. La manne du Covid-19 a disparu et les titulaires ont dû commencer à rembourser les prêts garantis par l’Etat (PGE) et leurs cotisations sociales, en sachant que le décalage de six mois sur le remboursement des emprunts a lui aussi vécu. Certaines d’entre elles risquent donc de se retrouver en difficulté après la parenthèse Covid de presque trois années. » « Les officines subissent actuellement un effet de ciseau, complète Joël Lecoeur, expert-comptable au cabinet AdequA et président du groupement CGP (Conseil Gestion Pharmacie). D’un côté, le chiffre d’affaires (CA) stagne et la marge diminue, de l’autre, elles sont confrontées à une augmentation des tarifs des laboratoires sur les produits en vente libre qu’elles ne peuvent pas toutes répercuter aux clients, et à une explosion des frais d’exploitation et de la masse salariale. Cette dernière a augmenté de 20 % en deux ans. Cela impactera forcément l’excédent brut d’exploitation, les frais de personnel absorbant à eux seuls plus d’un tiers de la marge brute. » 

Des pharmacies déjà en difficulté

Ces difficultés ne devraient toutefois pas impacter de la même manière toutes les officines. « Elles devraient relativement épargner celles qui ont pu se constituer un trésor de guerre grâce au Covid, estime Michel Watrelos, expert-comptable au cabinet Conseils et Auditeurs Associés. Les titulaires qui disposaient en début d’année d’une trésorerie de 400 000 € devraient encore avoir en réserve 150 000 € à la fin de l’année dans laquelle ils pourront puiser. La situation sera plus compliquée pour les pharmacies qui, par manque d’espace ou de ressources, n’ont pas pratiqué la vaccination ou les tests Covid. Celles qui étaient déjà limite au niveau trésorerie se situent d’ores et déjà un peu en dessous du niveau recommandé de 1 ou 1,5 mois d’achat TTC. La situation s’annonce aussi préoccupante pour les titulaires qui ont acheté leur officine à des valorisations à 100 % et plus en 2022 ou 2023. »  Cette baisse de la trésorerie commence d’ailleurs à se manifester. « Des grossistes-répartiteurs m’ont confié qu’ils commençaient à enregistrer des impayés, chose qu’ils n’avaient pas vue depuis trois ans », conclut Joël Lecoeur.

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