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- Je voudrais me couper l’appétit !
1 Je questionne
Préciser la demande
« Pourquoi pensez-vous en avoir besoin ? » et « Avez-vous tendance à prendre du poids ces derniers temps ? » Puis, « Comment mangez-vous d’habitude ? Rapidement ? Dehors ? Chez vous ? » permet d’en savoir plus sur les habitudes alimentaires.
Rechercher certains critères
« Êtes-vous suivi pour une pathologie particulière ? » (diabète, thyroïde…) et, selon le cas, « Êtes-vous enceinte ? » évaluent la prise en charge. « Avez-vous déjà utilisé ce type de produit ? » oriente le conseil.
2 J’évalue
La demande d’un produit coupe-faim relève du conseil officinal si cette démarche reste raisonnable, c’est-à-dire occasionnelle, pour contrôler son poids en complément d’une alimentation équilibrée. Elle s’adresse particulièrement aux « gros appétits » et/ou à ceux ou celles qui débutent un régime lorsque la restriction alimentaire est difficile à supporter.
Des demandes fréquentes et répétées, une minceur excessive ou une obésité doivent alerter et conduire à faire le point sur l’objectif de la démarche (poids à atteindre) et les moyens d’y parvenir (régime nutritionnel). L’orientation vers des spécialistes est alors nécessaire (nutritionniste, psychothérapeute…). L’avis d’un nutritionniste ou d’un diététicien est également recommandé en cas de diabète ou dans toute situation où l’équilibre nutritionnel joue un rôle important.
3 Je passe en revue
Principe
Les « coupe-faim » mécaniques font partie des aides minceur à côté des « draineurs », principalement diurétiques, des « brûleurs » qui augmentent la dépense énergétique et des « capteurs de graisse ».
• Ils renferment des substances riches en fibres (substances végétales non digérées par l’organisme) solubles, issues de plantes, de fruits ou d’algues. Elles ont la capacité de gonfler au contact de l’eau et de former une solution de viscosité variable selon les produits.
• Ils apportent une sensation de satiété et très peu de calories. Cette action est relativement courte, environ deux heures. Le terme « modérateur d’appétit » est plus approprié que « coupe-faim ». Ils ralentissent également la vidange gastrique, laissant les aliments plus longtemps dans l’estomac.
Ces différentes actions leur conféreraient aussi, plus ou moins selon les produits, une légère action régulatrice de la glycémie et de la cholestérolémie. Ils ont de façon globale une action intéressante sur la constipation, selon un mode d’action identique à celui des laxatifs de lest.
Composants
• Le konjac (Amorphophallus konjac) : originaire d’Asie, le tubercule de konjac est riche en glucomannanes, polymères composés de mannose et de glucose, capables d’absorber de grandes quantités d’eau. La viscosité de la solution obtenue semble supérieure à celle des autres fibres alimentaires, ce qui lui assurerait une meilleure efficacité sur la satiété. Il permettrait aussi une réduction du « mauvais » cholestérol (LDL) et de la glycémie, ainsi qu’une action intéressante sur la régulation du transit intestinal. Toutefois, les études sont de faible niveau de preuve car incluant un nombre assez restreint de personnes.
• Les algues, notamment Fucus vesiculosus : leur action coupe-faim n’est pas démontrée. Elle se base sur leur richesse en polysaccharides non digestibles de type fibres alimentaires qui gonflent au contact de l’eau. La présence d’iode impose des précautions d’emploi (voir ci-après) et sa teneur dans les compléments alimentaires ne doit pas excéder 150 microgrammes par jour.
• Les pectines sont des fibres solubles contenues dans certains fruits tels que les agrumes (citron) et les pépins de pomme, en particulier. Elles ont une efficacité prouvée dans la régulation des troubles du transit mais leur intérêt dans le contrôle du poids n’est pas démontré.
• Le nopal ou figuier de Barbarie : les tiges de ce cactus originaire du Mexique sont riches en pectines et mucilages, qui lui conféreraient une action sur la satiété mais aucune étude ne le confirme.
• Les gommes (guar, sterculia, caroube…) sont des fibres alimentaires qui absorbent l’eau dans des proportions importantes, d’où leur usage en tant que coupe-faim.
• Les graines de psyllium (graines entières de Plantago afra ou psyllium) ou d’ispaghul (graine ou tégument de Plantago ovata) sont riches en mucilages, qui forment un gel au contact de l’eau, d’où une action sur la satiété mais limitée. Le psyllium est principalement employé comme régulateur du transit.
À savoir. La caféine a un effet coupe-faim non mécanique et qui tend à disparaître lors d’une consommation régulière. Le zeste d’orange amère (Citrus aurantium) contient de la synéphrine et de l’octopamine, proches de l’éphédrine, vasoconstricteur retiré du marché à la suite d’effets indésirables graves. L’Anses recommande de ne pas dépasser 20 mg par jour de synéphrine et de ne pas l’associer à la caféine.
Précautions
• Prendre de préférence les médicaments à distance de ces produits, une heure avant ou quatre heures après, car ils pourraient modifier leur absorption.
• Des gaz et des ballonnements sont possibles, notamment au début du traitement et/ou en cas de prises excessives. Une augmentation progressive des doses peut aider à modérer ces effets indésirables.
• À éviter en cas de sténose digestive étant donné leur mécanisme d’action. Les compléments alimentaires à base d’algues, riches en iode, ne doivent pas être recommandés en cas de troubles de la thyroïde, hors avis médical.
4 Je choisis
Selon la substance
« Elles sont globalement d’efficacité équivalente, explique le Dr Jean-Michel Cohen, médecin nutritionniste à Boulogne-Billancourt (92), mais le konjac peut avoir un effet un peu plus puissant que les autres. »
Selon la galénique
Poudre et sticks permettent en même temps d’ingérer du liquide. Les comprimés à croquer se mastiquent, ce qui stimule la satiété. Quant aux gélules, elles s’avèrent pratiques.
Selon le profil
Pas de fucus en cas de troubles thyroïdiens en raison de la teneur en iode de cette algue.
5 J’explique
Ces produits ne coupent pas la faim mais la modèrent. Ils constituent une aide pour mieux réguler la prise alimentaire, avant les repas, sur une courte période, par exemple en début de régime pour mieux supporter « la privation », ou ponctuellement lors de fringale entre les repas. En aucun cas, ils ne remplacent un repas. Au contraire, pour être efficaces, ils doivent être associés à une alimentation équilibrée et à une activité physique régulière.
6 Je conseille
Modalités de prise
• Respecter les doses préconisées : en trop grande quantité, des effets indésirables, voire des obstructions digestives sont possibles. Et à distance de tout médicament.
• Les prendre pour « caler » entre les repas, ou environ 30 minutes avant, afin de leur laisser le temps de gonfler, et ainsi d’apporter une sensation de satiété au moment du repas. Pour que ces produits soient efficaces, il faut boire suffisamment.
• Certains auteurs recommandent d’accompagner leur prise d’une petite collation, par exemple une demi-pomme, source de pectine, afin de fermer le pylore et d’éviter le passage trop rapide dans l’intestin de ces coupe-faim.
Des repas « équilibrés »
• Manger dans le calme, lentement et à heures fixes, en étant concentré sur son repas, ce qui aide à se sentir rassasié. Ne pas sauter de repas au risque de se « rattraper » par la suite sur des aliments très caloriques !
• Choisir des aliments qui « calent bien » plutôt que de se priver et d’avoir faim : légumes verts, légumineuses et féculents à base de farine complète, en quantité raisonnable, pour leur richesse en fibres…
• Limiter les denrées à forte densité énergétique (beaucoup de calories pour un petit volume) comme les pâtisseries, les plats préparés parfois trop gras ou trop sucrés, etc. En cas de fringale, craquer pour du pain et du chocolat plutôt que pour une viennoiserie.
Gérer son stress
Les personnes qui grignotent souvent et sans faim sont souvent sujettes au stress. Dans ce cas, il faut les orienter vers des plantes à visées anxiolytiques : aubépine, passiflore…
Le contexte
> La faim apparaît lorsque les apports en énergie sont insuffisants pour couvrir les besoins de l’organisme. Elle peut être ponctuelle (entre deux repas) ou prolongée (jeûne, régime). Elle se manifeste par un ensemble de sensations physiques plus ou moins intenses (air gastrique, sensation diffuse de faiblesse physique et mentale).
> La satiété correspond à l’état d’absence de faim, d’absence de désir de manger. Elle suit un repas. L’intensité et la durée de cet état dépendent de plusieurs facteurs, dont le contenu énergétique et nutritionnel du repas précédent.
> L’appétit correspond au désir de manger des aliments en particulier.
InterviewPr Luc Cynober, chef du service de biochimie inter-hospitalier Cochin-Hôtel-Dieu à Paris, professeur de nutrition à l’université Paris-Descartes et co-auteur de La Vérité sur les compléments alimentaires, Éditions Odile Jacob.
Quelle est votre opinion sur les « coupe-faim » en officine ?
Les produits type fibres, mucilages, etc. sont probablement, parmi les produits minceur, les plus efficaces et les moins dangereux car ils ne sont pas absorbés. Ils peuvent éventuellement entraîner des ballonnements ou des douleurs intestinales mais assez modérés et qui cessent à l’arrêt du traitement. Mais attention à cette notion d’« efficacité », toute relative. Ainsi, lorsqu’une femme souhaite commencer à prendre ce genre de produit, elle s’inscrit en général dans une démarche de prise en charge globale associant la cure à des mesures hygiéno-diététiques telles que mieux manger et faire du sport. Il existe un fort effet placebo dans le domaine des produits minceur qui rend difficile l’interprétation des résultats, finalement plus modérés qu’il n’y paraît.
Où se situe la limite du conseil officinal ?
Cela dépend de l’indice de masse corporelle*.
En cas d’obésité ou de maladies associées au surpoids, il faudra orienter vers un médecin. Il faut aussi être vigilant chez les patients qui suivent un traitement médical car, à ma connaissance, il n’y a pas beaucoup d’études concernant les interactions de ces produits. La cible classique est la jeune femme en léger surpoids qui veut maigrir et qui n’a ni pathologie ni traitement associés.
(*) IMC = poids en kilos divisé par la taille en centimètres au carré.
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