Un monopole à venir en e-santé
Le géant du web Google se lance dans l’e-santé tous azimuts. Des outils existent déjà (plate-forme Google Fit, cuillère Liftware), tandis que de multiples projets de recherche sont en cours (lentilles pour diabétiques, bracelet Nanoparticles Phoresis, Google Glass…). Certaines de ces applications sous-entendent le recueil des données de santé. Et peuvent inquiéter.
Déjà disponible, Liftware est une cuillère pour parkinsoniens qui facilite la prise des repas en détectant les tremblements involontaires par des capteurs intégrés dans la poignée. Des moteurs dans le corps de l’ustensile déplacent la fixation flottante dans le sens opposé, annulant ou atténuant le mouvement intempestif. L’embout est interchangeable : cuillère, fourchette, couteau.
Un prototype de lentille connectée pour diabétique a été présenté début 2014, la Smart Contact Lens, capable de mesurer grâce à une puce et à un capteur intégrés le taux de glucose dans le liquide lacrymal, d’en déduire la glycémie et de prévenir le porteur des variations à la hausse ou à la baisse. Un accord a été trouvé avec le laboratoire pharmaceutique Novartis, propriétaire d’Alcon, pour passer au stade industriel. D’autres types de prothèses sont à l’étude comme des corrections intraoculaires pour traiter la cataracte.
Google, par l’intermédiaire de sa société Calico qui ambitionne de « faire des recherches scientifiques pour augmenter la durée de vie humaine », a déposé en mars dernier un brevet pour un bracelet Nanoparticles Phoresis. Ce bracelet qui utilise le transfert d’énergie (phorèse) serait à terme capable de détecter les cellules cancéreuses ou des protéines impliquées dans certaines maladies, Parkinson par exemple. Au-delà du dépistage voire du diagnostic, il pourrait être utilisé, couplé à l’ingestion d’une gélule de nanoparticules marqueuses. La cellule ou la protéine pourrait être détectée, modifiée et éliminée par le biais de transmission d’énergie par laser, ultrasons, infrarouge, champ magnétique, rayons X, gamma.
Espoirs, enthousiasmes mais aussi inquiétudes
Google teste aussi un service de consultation médicale en ligne lorsqu’un internaute va chercher des informations (sur l’automédication par exemple). Une fenêtre proposerait une mise en relation avec un médecin par un dialogue vidéo. Ce service gratuit en phase test deviendrait payant ensuite.
Mais, surtout, un champ infini s’ouvre dans la collecte de données de santé au travers de la plate-forme Google Fit qui utilise les capteurs intégrés dans les montres Android Wear, les smartphones ou les prochaines Google Glass en cours de redéfinition (les anciennes ne sont plus commercialisées). Les activités telles que la marche, le vélo, la course à pied mais aussi la tension, le rythme cardiaque, le sommeil, la capacité respiratoire, peuvent être enregistrées. Les graphiques sont consultables par l’utilisateur sur le site. Ces données peuvent être partagées avec un professionnel de santé, médecin ou pharmacien. Elles sont cumulables avec Google Trends, un projet en cours de développement conçu pour prédire les risques de maladies graves non transmissibles en fonction des recherches faites par les internautes.
Enfin, le projet de longue haleine Baseline Study, présenté à l’été 2014, consiste à analyser le génome et le profil moléculaire de 175 volontaires (pour commencer) afin de repérer des biomarqueurs précurseurs de cancer, maladies cardiaques, vieillissement, etc., et d’établir des modèles prédictifs. Google a pour ce faire investi dans une entreprise spécialisée dans le séquençage génétique.
La société de Montain View ne néglige aucun domaine de l’e-santé, suscitant espoirs, enthousiasmes et inquiétudes. Les données récoltées intéresseraient vivement assureurs et employeurs…
Google sur la sellette
Les questions sur la position de quasi-monopole de Google ou sa politique de confidentialité, déjà pertinentes pour ses autres activités, prennent tout leur sens dans l’e-santé. La Commission européenne a entamé le 15 avril une procédure contentieuse accusant Google d’abus de position dominante, et le Sénat américain va enquêter sur les conditions dans lesquelles le moteur de recherche a été blanchi en 2013 des mêmes accusations par la Federal Trade Commission.
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