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Les faux jumeaux
Quand « Mediapart » s’intéresse à l’industrie du médicament, un nouveau scandale ou une vieille histoire n’est jamais loin. Le 15 avril dernier, le site a publié « Séroplex : l’histoire secrète de la pilule à un milliard ». Et mis de nouveau à mal le système sanitaire français. Mais qu’en est-il chimiquement parlant ?
Tout commence par des molécules commercialisées sous la forme de mélange racémique: citalopram (Seropram), oméprazole (Mopral), cétirizine (Zyrtec), ofloxacine (Oflocet), etc. Il s’agit du mélange des deux formes isomères : les énantiomères dextrogyre et lévogyre. Une même formule brute avec une configuration dans l’espace différente.
Quelque vingt ans plus tard, on voit fleurir sur le marché de nouvelles spécialités dans les mêmes indications et comprenant non plus le mélange racémique, mais l’une des deux formes isomères: escitalopram (Séroplex), ésoméprazole (Inexium), lévocétirizine (Xyzall), lévofloxacine (Tavanic), etc. Et par chance, ces formes seraient toutes plus efficaces que le mélange racémique d’origine.
Des propriétés identiques ou différentes
Les formes lévogyres seraient-elles toujours plus actives que le mélange racémique et que les formes dextrogyres ? D’après le Pr Bernard Bégaud, pharmacologue à l’université de Bordeaux, « on ne peut pas répondre par oui ou par non à cette question. Les deux isomères optiques peuvent avoir des propriétés strictement identiques, similaires ou radicalement différentes. Le couple quinidine-quinine est un bel exemple de deux activités totalement différentes. La quinidine, antiarythmique de classe Ia est un stéréo-isomère de la quinine, alcaloïde naturel du quinquina, antipyrétique, analgésique et efficace contre le paludisme ».
D’autres énantiomères offrant un intérêt clinique ont été commercialisés seuls : la lévodopa (forme dextrogyre de la dopa générant surtout les effets indésirables), la L-thyroxine (la D-thyroxine étant peu efficace et cardiotoxique) ou encore le dextropropoxyphène, depuis retiré du marché (le lévopropoxyphène avait pour sa part une action antitussive).
Cependant, beaucoup d’énantiomères commercialisés n’apporteraient pas de progrès thérapeutique. Pour le Pr Bégaud, « certains industriels ont utilisé ce point de chimie pour renouveler le brevet de leurs molécules phares » sans qu’il y ait de différences significatives d’activité entre le mélange racémique et l’un des isomères.
A l’étranger, d’autres principes actifs ont fait l’objet de commercialisation d’un énantiomère après le mélange racémique : l’eszopiclone (Lunesta) et le lévomilnacipran (Fetzima) aux Etats-Unis, ou encore la desvenlafaxine (Pristiq) au Canada et aux Etats-Unis. Franchiront-ils un jour les frontières européennes ?
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