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Le sildénafil a peut-être un intérêt dans la lutte contre le paludisme

Publié le 16 mai 2015
Par Anne Drouadaine
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Dans l’organisme, les globules rouges sont filtrés par la rate et seuls les globules rouges déformables sont libérés dans la circulation. Les globules rouges sénescents, rigides, sont quant à eux éliminés. Le procédé de déformabilité résulte de nombreux paramètres. Des chercheurs ont mis en évidence que les hématies parasitées par le paludisme ont également cette capacité de déformation et sont donc libérées dans la circulation générale, permettant aux moustiques de se contaminer lors d’une piqûre. Pour les hématies parasitées, le mécanisme reposerait sur la capacité d’élimination de l’AMP cyclique, dont l’accumulation entraîne la rigidification. Or, ce sont des phosphodiestérases (PDE) spécifiques du parasite qui permettent la dégradation de l’AMPc. Dans une étude franco-britannique publiée dans Plos Pathogens, les chercheurs ont montré que le sildénafil (Viagra), à la dose habituellement utilisée, permet d’augmenter la rigidité des hématies infectées en inhibant les PDE spécifiques de Plasmodium. Il favorise ainsi leur élimination par la rate. Chez l’homme, le sildénafil inhibe seulement les PDE de type 5 présentes dans le cœur et au niveau du pénis et n’a donc aucun effet sur les globules rouges sains. Les chercheurs envisagent maintenant une modification du principe actif afin d’éviter l’induction de l’éréction. Des tests de molécules similaires dépourvues de cet effet secondaire devraient également être réalisés et pourraient déboucher sur une nouvelle voie de traitement empêchant la transmission du paludisme.

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