Rémunération des pharmaciens : non, ils ne gagnent pas tous  très bien leur vie

© Getty Images

Salaires Réservé aux abonnés

Rémunération des pharmaciens : non, ils ne gagnent pas tous  très bien leur vie

Publié le 19 octobre 2023
Par Magali Clausener
Mettre en favori

Alors que va débuter l’examen parlementaire du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 et les négociations entre les syndicats et l’Assurance maladie sur l’avenant économique, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) souhaite « « dépolluer » le terrain des préjugés qui minent encore « les discussions ».

Dans un communiqué en date du 19 octobre 2023, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), syndicat non représentatif, décrypte cinq idées reçues sur l’économie de l’officine. La première concerne le chiffre d’affaires (CA). Pour le syndicat, non tout ne va pas bien même si le CA va. « Les pharmaciens sont parvenus à réaliser à mi-année 2023 un chiffre d’affaires comparable à celui du premier semestre 2022, compensant donc la fin des missions Covid-19. Mais ce transfert s’opère entre des activités rentables et des activités à faible (voire zéro) marge, comme la dispensation de médicaments chers. Résultat : la marge brute globale est en chute libre de 10,42 % par rapport à l’an dernier », alerte-t-il.

La manne d’argent liée au Covid-19 ne s’est pas partagée à parts égales

Les activités liées au Covid-19 ont-elles enrichi toutes les pharmacies ? Non, répond encore l’UNPF. Et d’expliquer : « Il faut rappeler que les officines se sont mobilisées à la demande des pouvoirs publics et qu’elles ont dû fortement investir (en personnel, formation…) pour répondre aux besoins du dépistage et de la vaccination. De plus, toutes les pharmacies n’ont pas bénéficié de cet apport transitoire de ressources, réparti de façon hétérogène ». Et de citer l’exemple des pharmacies situées par exemple dans les gares, les aéroports et les centres commerciaux, qui ont souffert des confinements. Il y a aussi les officines qui n’ont pas pu réaliser les activités faute de personnel et/ou de place.

Les nouvelles missions pas assez rémunératrices !

Et ce ne sont pas les nouvelles missions qui vont résoudre les problèmes économiques de l’officine. « Leur impact sur les chiffres de l’officine est pour l’instant très marginal », note l’UNPF qui met aussi en cause la rémunération de ces nouvelles missions : 5 € l’entretien femme enceinte, 2,10 € pour la prescription d’un vaccin… « Son doublement s’impose comme objectif des syndicats négociateurs de l’avenant économique avec l’Assurance maladie (l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine – USPO et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France – FSPF, NdlR) », estime le syndicat.

Quatrième idée reçue : un pharmacien, ça gagne très bien sa vie. « La rémunération moyenne annuelle du dirigeant d’officine (64 083 euros net en 2022 selon Fiducial) est trompeuse. Elle recouvre de grandes disparités, selon la localisation, la taille de l’officine ou son statut juridique, avec des écarts pouvant aller du simple au double », détaille l’UNPF. Et de souligner : « un grand nombre d’heures effectuées ne sont tout simplement pas valorisées ». L’UNPF demande par conséquent que les négociations conventionnelles à venir dissipent « le flou juridique et financier autour de ces missions non rémunérées ».

Publicité

Enfin, pour l’UNPF, l’acte de dispensation n’est pas la simple exécution d’une ordonnance. Le syndicat réclame ainsi une revalorisation des honoraires de dispensation pour « maintenir à flot le réseau officinal, terriblement fragilisé par les mesures répétées d’économie sur le médicament et la hausse continue de ses charges »