VELOURS SÛR

Le marché des compléments alimentaires démontre, tous secteurs de distribution confondus, un dynamisme évident, avec un chiffre d’affaire de 1,463 milliard d’euros en croissance de + 7,1 % (source Synadiet). La pharmacie reste le premier vecteur de vente, raflant 51,6 % de part de marché en valeur. Un circuit principalement tiré « par une innovation soutenue en 2014 », fait remarquer Mathieu Guilland, chef de gamme Bion chez Merck Médication familiale. Son atout principal : le conseil du pharmacien, « dont la position s’est considérablement renforcée par le durcissement de la réglementation des allégations », représente « un relais d’influence de choix pour les fabricants », souligne une étude du cabinet Xerfi (« Le marché des compléments alimentaires. Innovations, stratégies marketing, etc. : quels enjeux et perspectives à l’horizon 2017 ? »). La largeur de l’offre n’est pas non plus étrangère au dynamisme officinal. En effet, coexistent un grand nombre d’acteurs (environ 500) formant un « marché éclaté sur lequel les consommateurs ont tendance à se tourner vers des marques connues, qui les rassurent  », avance Vivian Quandalle, responsable de gamme chez Arkopharma. Acteur historique du secteur, le laboratoire détient une vingtaine de marques couvrant l’ensemble des problématiques de santé et prend la place de leader (13,27 % de part de marché en valeur). Il est suivi par deux spécialistes des probiotiques : Merck Médication familiale, propriétaire de la marque Bion (en deuxième position), et par Pilèje, porté par le succès de Lactibiane (en 4^e position). A la troisième place du marché se hisse Omega Pharma, fort du succès de sa gamme XL-S.

Orientation santé

Dans un contexte à la hausse, plusieurs faits marquent l’année 2014. D’abord, la reprise de la minceur (+ 13,6 % en valeur), sous la houlette de l’acteur Omega Pharma, après plusieurs années de stagnation. Ensuite, le segment stress/sommeil connaît un essor remarquable de 31,3 % (voir encadré ci-dessous) tandis que la catégorie transit/digestion (+ 16,1 %) enregistre des progressions significatives. Ces croissances seraient, pour Vivian Quandalle, corrélées à ce qu’il nomme les « maladies de civilisation », liées à nos rythmes de vie et constitutives de nouvelles attentes des consommateurs : stress, surmenage, difficulté à dormir et à digérer. Des maux auxquels il rattache le besoin de rester en forme, bien que le segment tonus enregistre exceptionnellement en 2014 une faible progression, soit + 2,5 %, en raison d’un hiver particulièrement doux. Pour Christelle Chapteuil, vice-présidente de Synadiet, les évolutions signent, de toute évidence, une orientation « santé » du secteur. Notons d’ailleurs la hausse du segment circulation (+ 8,2 %). Plus spécifiquement, le bond à deux chiffres de la catégorie transit/digestion s’expliquerait, également, par le renforcement de la visite médicale pour présenter les probiotiques qui ne peuvent plus prétendre à une allégation de santé. Quant à la sphère circulation, elle serait portée par la vente des produits « jambes légères », boostés par un long printemps l’année dernière. A l’inverse, deux catégories reculent de façon évidente : les produits solaires (- 7,2 %), touchés de plein fouet par un été maussade, et les défenses immunitaires (- 4,6 %) en raison d’un hiver 2014 particulièrement clément. Mais pas seulement, relève Christelle Chapteuil : touchée par la nouvelle réglementation sur les probiotiques, cette catégorie est victime du retrait d’un grand nombre d’intervenants.

Attention aux magasins spécialisés !

Mêmes tendances de fond en parapharmacie, circuit sur lequel se distinguent, selon Synadiet, les catégories sommeil/stress (+ 31,1 % en valeur), circulation (+ 17,1 %) et senior-ménopause (+ 15,8 %), tandis que les segments solaire (+ 1,5 %) et beauté (- 1,9 %) accusent une baisse. Cependant la hausse de ce circuit (+ 7,2 %) s’expliquerait mécaniquement, selon Christelle Chapteuil, « par les ouvertures d’espaces parapharmaceutiques au sein des grandes surfaces » (dont Leclerc). Quant à la grande distribution (+ 7,2 %, toujours en valeur), malgré un recul de 2,7 % pour la catégorie tonus/vitalité, elle reste dominée par la minceur (+ 9 %), la digestion (+ 5,4 %). Quant aux catégories bien-être (+ 27,1 %) et senior-ménopause (+ 16 %), elles enregistrent des croissances à deux chiffres. Enfin, les circuits spécialisés (magasins bio, Naturhouse, Bodysano et Dietplus), au sein desquels un conseil peut être délivré, enregistrent la plus forte progression (+ 9,2 %, en valeur). Aussi, face à une concurrence qui sait valoriser son offre, l’officine doit-elle, plus que jamais, affirme Mathieu Guilland, « rasseoir ses formulations et marquer ainsi sa différence ».

Notons que la tendance à la hausse devrait s’installer, estime le cabinet Xerfi, qui table sur des progressions de 5 % en moyenne en 2016 et en 2017, permettant au secteur d’atteindre un chiffre d’affaires de l’ordre de 1,7 milliard d’euros.

+ 6,7 %

EN VOLUME

56,82 millions d’unités vendues

+ 7,6 %

EN VALEUR

755,31 millions d’euros

SOMMEIL ET STRESS DÉCOLLENT

Stress, fatigue nerveuse, problème de sommeil sont autant de troubles dont presque tout le monde se plaint actuellement. Rien d’étonnant à ce que le segment des antistress et sédatifs enregistre la plus forte progression du marché des compléments alimentaires en pharmacie : + 31,3 % en valeur pour un CA de 95,04 M€, et + 29,7 % en volume pour 8,81 millions d’unités vendues en 2014. La tendance devrait se donc se maintenir. Et cela d’autant plus que les laboratoires se mettent en quatre pour proposer des nouveautés : magnésium à libération prolongée (Magnésium Upsa Action continue), complexe associant deux sels pour une absorption optimisée (Bion Equilibre)… Proposant une prise unique journalière, le nouveau standard du marché, les marques Govital (Urgo) et Mag 2 24 h (Cooper) se détachent sur le segment du magnésium, dont la progression (+ 5 % en valeur) tient à sa « valorisation par le lancement de produits plus chers qu’auparavant », indique Julie Goeusse, chef de groupe prévention nutrition santé chez Urgo. Novanuit (Sanofi), commercialisé en octobre 2013, crée la surprise sur le segment du sommeil (+ 47,4 % en 2014, source fabricant), suivi des marques Valdispert et Somniphyt. C’est la première marque contributrice de croissance (+ 5 millions d’euros) sur le marché des compléments alimentaires en 2014 (Ssource AFIPA). « L’innovation caractérise le segment sommeil, avec le lancement de produits à base de mélatonine et de plantes qui assurent une bonne efficacité sans risques d’effets secondaires », résume Pauline Mary, responsable marketing, en charge de la gamme Novasanté chez Sanofi.

COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES

TOP3 (en part de marché)

des produits en valeur

1 Bion 3

2 XL-S Capteur de graisses

Publicité

3 Nutrof Total

TOP3 (en part de marché)

des labos en valeur

1 Arkopharma (13,27 %)

2 Merck MF (6,82 %)

3 Omega Pharma (6,37 %)

TOP3

des produits en volume

1 Govital Magnésium Vit. B6 comprimés (45)

2 Probiolog gélules (30)

3 Mag 2 24 h LP comprimés (45)

Les circuits

1 Pharmacie : 755,1 M€ (+ 7,1 %)

2 VPC/e-commerce/ventes directes : 293 M€ (+ 1,7 %)

3 Magasins spécialisés (enseignes bio, minceur…) : 217 M€ (+ 13 %)

4 Parapharmacies : 99 M€ (+ 7,2 %)

5 GMS : 98,6 M€ (+ 7,2 %)

Total circuits : 1,463 Md€ (+ 7,1 %)

Source : Synadiet

Les segments en valeur

1 Tonus vitalité 15,9 %)

2 Sommeil/stress (12,6 %)

3 Transit/digestion (12,4 %)

4 Minceur/drainage (11,5 %)

5 Défenses immunitaires (7,3 %)

6 Beauté (6,8 %)

7 Ophtalmologie (6,6 %)

8 Génito-urinaire (5,4 %)

9 Reminéralisants osseux (4,9 %)

10 Voies respiratoires (4,1 %)

11 Seniors/ménopause (2,7 %)

12 Circulation (2,3 %)

13 Solaires (2,2 %)

14 Troubles cardiaques et du métabolisme des lipides (2 %)

15 Grossesse (2 %)

16 Bien-être (1,3 %)

Source : Synadiet

STRESS SÉDATIFS

TOP3

des produits en valeur

1 Govital Magnésium Vit. B6

2 Mag 2 24 h

3 Novanuit

TOP3 (en part de marché)

des labos en valeur

1 Urgo (9,28 %)

2 Pilèje (9,25 %)

3 Cooper (7,3 %)