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Où en est la recherche ?

Publié le 28 novembre 2015
Par Marjolaine Labertonière
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L’antibiorésistance, en augmentation depuis 30 ans, inquiète, d’autant que les industriels ont peu à peu délaissé la recherche : 29 nouveaux antibiotiques dans les années 1980, 23 dans les années 1990, 9 dans les années 2000… Il semble cependant que l’innovation reparte. Tour d’horizon par aire thérapeutique.

Tissus cutanés

L’Agence européenne du médicament, à la suite de la FDA, a autorisé en février/mars 2015 la dalbavancine (Xydalba) et l’oritavancine (Orbactiv), deux glycopeptides actifs dans les infections de la peau et des structures cutanées dues, entre autres, à Staphylococcus aureus MRSa. Dans les mêmes indications, il faudra compter aussi avec le tedizolide (Sivextro), une oxazolidinone. La brilacidine, en essai clinique de phase 3, est le premier représentant de la famille des défensines mimétiques. Elle imite les protéines de défense de l’hôte ayant à la fois une activité antibactérienne et immunomodulatrice dans les infections de la peau et des tissus mous. Egalement en phase 3, une nouvelle fluoroquinolone, la delafloxacine.

Debio 1450/1452 agit spécifiquement sur les staphylocoques. Il est en phase 2 dans diverses infections graves de la peau et des structures cutanées. Les laboratoires testent aussi la gépotidacine, de la classe des acénaphtènes, qui inaugure, avec l’AZD0914, un nouveau mécanisme d’action, l’inhibition des topo-isomérases de type 2 de l’ADN. La gépotidacine semble avoir un potentiel dans de multiples indications : gonorrhée, infections cutanées et des tissus mous, et infections des voies respiratoires.

Voies respiratoires

Dernière étape avant la mise sur le marché, des essais cliniques de phase 3 sont en cours pour la première pleuromutiline systémique, la léfamuline (inhibiteur de la synthèse des protéines), dans les pneumonies communautaires bactériennes.

Un macrolide de quatrième génération, la solithromycine, utilisé dans les pneumonies communautaires et la gonorrhée non compliquée, en est au même stade de recherche.

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Egalement au stade 3, le relabactam, un inhibiteur des bêtalactamases, utilisé avec l’association imipénème/cilastatine dans les pneumonies nosocomiales et les infections intra-abdominales ou urinaires compliquées. Il devrait permettre de contourner la résistance de certaines souches de Pseudomonas æruginosa ou Klebsiella pneumoniæ productrices de carbapénèmases. Dans le même domaine, citons aussi POL7080, une formulation inhalée dans les infections nosocomiales à Pseudomonas æruginosa, qui a passé avec succès la phase 1 des essais.

Gastro/néphrologie

L’Agence européenne du médicament a recommandé en septembre l’association d’une céphalosporine, la ceftalozane, avec un inhibiteur des bêtalactamases, le tazobactam, dans Zerbaxa pour traiter les infections intra-abdominales (en combinaison avec du métronidazole) ou urinaires compliquées.

Sur un principe similaire et dans les mêmes infections, le duo ceftazidime/avibactam (Avycaz aux Etats-Unis), en cours d’évaluation européenne mais autorisé en février par la FDA, suivra peut-être bientôt.

Enfin, CRS3123 est actuellement en phase 1 dans les infections à Clostridium difficile et autres bactéries Gram+.

Toutes ces molécules devront être utilisées à bon escient, comme le recommande l’OMS.