Les robots version linéaires
Que ceux qui cantonnent les robots à l’officine à une fonction de stockage revoient leur jugement. À travers les écrans digitaux, l’offre met aujourd’hui le stock de la pharmacie à portée de main du client…
Emboitant le pas aux enseignes de distribution spécialisées telles que la Fnac ou Leroy Merlin, l’officine amorce le cap de la digitalisation des commerces de proximité. « L’automatisation des points de vente est inéluctable, estime Georges Michel, fondateur et président de la société DA24, fabricant de distributeurs automatiques à partir d’écrans tactiles. Souvenez-vous, jusqu’aux années 80, aucune agence bancaire n’était équipée de distributeur de billets. Aujourd’hui, ce serait difficilement concevable ! ». Démarchant avec succès depuis une quinzaine d’années les officines, les fournisseurs de robots et automates tentent de faire évoluer leur offre et de la mettre au parfum digital. L’idée ? Prolonger le stockage par la présentation des produits. Pour connaître les nouveautés dans ce domaine, nos regards doivent se tourner du côté de l’Allemagne. Patrie de nombreux constructeurs de robots, le pays a accueilli la dernière édition du salon Expopharm cet automne. Première tendance : l’arrivée des écrans à portée des clients, reliés au robot distributeur.
CATALOGUE élargi
Quel que soit l’appareil, les deux principes de base restent les mêmes: accroître l’exposition des produits en vente et taper les commandes sur l’écran tactile afin de les préparer à l’avance. Illustration avec l’offre d’ARX Rowa. Le fabricant a lancé trois dispositifs digitaux reliés au robot Rowa. Installé pour la première fois dans la pharmacie Alquier à Castelsarrasin, le Rowa Vmotion est un écran qui remplace les linéaires d’OTC. Placé derrière le comptoir, dans le dos du pharmacien, il montre les produits de médication familiale. En tapant sur le produit conseillé au patient, le pharmacien ordonne au robot la livraison de la commande au comptoir. Le Rowa Vpoint est une borne qui, elle, permet au client de saisir sa commande et de la payer pendant que le robot la prépare, avant récupération au comptoir. Dans la même veine, mais placé sur les muraux dans l’espace de vente, le Rowa V Shelves remplace les linéaires de parapharmacie. Le client y sélectionne les produits souhaités puis récupère et paye au comptoir sa commande préparée et amenée par le robot. Fini les contraintes de place, les écrans exposent un catalogue illimité. « Après plus d’un an et demi de travail, nous avons pu proposer une offre concrète et réaliste. Et, bien qu’agréablement étonnés par nos linéaires digitaux, les clients sont non seulement au fait de ces technologies mais mêmes en attente. Notre but est de rendre le pharmacien force de propositions en matière digitale », indique François Legaud, directeur commercial d’ARX Rowa. Face à une clientèle ultra-connectée, ces écrans reliés au stock donnent un aspect moderne au point de vente. Ils permettent de livrer une quantité et une qualité d’informations bien plus importantes que le traditionnel packaging. Enfin, ils sont capables d’interagir avec le client : l’identifier pour personnaliser la relation, proposer des auto-diagnostics, tests, jeux… Tout reste à programmer !
POINT DE VENTE étendu
Deuxième tendance émanant du salon Expopharm : la délocalisation des ventes grâce aux écrans. Techniquement, rien n’empêche de les placer à l’extérieur de la pharmacie et de transmettre les ordres à distance du robot ou de l’automate. « Dans des quartiers d’affaires comme celui de La Défense, un écran Rowa de pharmacie au rez-de-chaussée donnerait la possibilité aux clients travaillant dans les bureaux alentour de commander leurs produits pendant la pause déjeuner puis de les récupérer le soir, préparés par le robot », argumente François Legaud. Dans une version moins futuriste, la Pharmaborne de DA24 est déjà installée dans une pharmacie à Auxerre. Composée d’une armoire de stockage et de tuyaux de convoyage comme tout robot, la Pharmaborne dispose en plus d’une ou plusieurs bornes avec écran (à l’intérieur ou à l’extérieur de l’officine), afin d’exposer et de vendre la parapharmacie. Les clients n’ont qu’à toucher le produit voulu qui est amené par le robot. Au-delà de rendre service aux personnes sur le point de vente, l’objectif des nouveaux robots est aussi de faciliter la vie des patients consommateurs depuis leur domicile. Le périmètre du commerce ne s’arrête plus à ses quatre murs ! Exemples ? La société néerlandaise Autopharma a présenté deux robots lors du salon Expopharm. Avec le modèle Servi Locker, les patients peuvent obtenir un médicament en dehors des heures d’ouverture ou simplement s’épargner une file d’attente. Ils peuvent transmettre leur demande électroniquement : la pharmacie lance alors la préparation de la commande puis la dépose dans une des consignes du Servi Locker. Le client est ensuite prévenu par un SMS ou e-mail contenant un code à saisir sur le Servi Locker pour récupérer sa commande. Avec l’Instymed, déjà vendu aux États-Unis, le médecin transmet directement et électroniquement sa prescription à l’appareil. Il remet au patient un voucher contenant un code personnel. En le tapant sur l’écran de l’InstyMed avec sa date de naissance, le patient pourra retirer et payer directement sa commande à la pharmacie. Certains regretteront l’absence de conseils à la remise des produits, mais rien n’empêche de communiquer avec les patients via Internet… Reste que certains fournisseurs de robots en pharmacie restent dubitatifs sur l’avenir des écrans dans leurs offres. « Nous en proposons actuellement, témoigne Bertrand Juchs de Mach4. Mais n’est-ce pas plutôt aux agenceurs ou aux éditeurs logiciels, à même de gérer les données produit (texte et image), de fournir ce type d’aménagement ? » Entre le pari de Rowa et la circonspection de Mach4, l’avenir tranchera.
Et aussi…Des évolutions pratiques
Les fabricants de robots et/ou d’automates prennent désormais en compte la forme des produits stockés mais aussi les dimensions de l’officine. Ainsi, un automate pour l’homéopathie, créé par DGD système, vient d’apparaître. Autre nouvel entrant: Gollman propose son robot GO Compact, qui peut s’étendre en hauteur (modules empilés), être aligné (modules en longueur) et élargi (modules en largeur). « C’est le robot qui s’adapte à la pharmacie et non l’inverse », résume Marius Bueb, responsable de la communication. Et, pour le confort des équipes, le bras du robot Sintesi (Pharmathek) est désormais doté d’un panier collecteur. La commande est livrée une fois le panier rempli et non plus produit par produit. Quant à Pharmax, le fabricant met en avant son modèle hybride RG2 Ultra qui allie la rapidité d’un automate à la praticité d’un robot. Alors que Mekapharm propose un tapis de convoyage, pour accélérer le chargement de l’Oméga (mix robot / automate).
- L’IA au service des pharmaciens : un levier contre la fraude aux ordonnances ?
- « Non, monsieur Leclerc, les pharmaciens ne sont pas des nuls ! »
- [VIDÉO] Le service de livraison en ligne : « Ma pharmacie en France » disponible dès juin
- Sante.fr : l’outil de référence pour faire connaître ses services aux patients
- Campagnes publicitaires de médicaments OTC et des produits de parapharmacie
- Infirmier, pharmacien, médecin : la grande redistribution des rôles
- Agression des soignants : 12 conseils pour sécuriser les pharmacies
- Agressions de soignants : les pharmaciens ne fermeront pas leurs officines mais exigent des sanctions exemplaires
- Les salaires et les loyers absorbent la marge des officines
- Interactions avec les produits à base de CBD : quels médicaments ?

