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Les céramides

Publié le 5 décembre 2015
Par Michèle Sauvage
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Qu’est-ce-que c’est ?

• Les céramides sont des sphingolipides, composés d’une base sphingoïde à longue chaîne (la plus commune est la sphingosine) sur laquelle est fixé un acide gras par liaison amide.

• Ces molécules, au nombre d’une cinquantaine, se différencient entre elles par la structure de leur acide gras : longueur de la chaîne carbonée en C16 à C24, degré d’insaturation ou présence de groupements hydroxyle.

Où les trouve-t-on ?

• Présents dans tous les tissus de l’organisme humain, au niveau des membranes cellulaires, ils sont les précurseurs de sphingolipides complexes comme les gangliosides, les cérébrosides ou la sphingomyéline.

• Eléments naturels de l’épiderme, ils entrent dans la composition du ciment intercornéocytaire du stratum corneum (couche cornée), comme lipides majoritaires (40-50 %) associés au cholestérol (20-25 %), et aux acides gras libres (15-25 %).

• On les trouve également dans la nature, en faible quantité, principalement dans les graines de tournesol ou les grains de riz.

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Comment les obtient-on ?

• Les méthodes d’extraction de céramides à partir de plantes sont longues et coûteuses pour un faible rendement.

• La production industrielle se fait par synthèse chimique ou synthèse biocatalytique (en présence de levures ou d’enzymes), à partir de réactions de N-acylation. On obtient des analogues de céramides (ou pseudo-céramides) dont la structure et les propriétés sont proches des céramides naturels.

Quelles sont leurs propriétés ?

• Les céramides renforcent l’épiderme et maintiennent ses propriétés de rétention d’eau. Ce sont des molécules amphiphiles : elles possèdent à la fois des groupements hydrophiles (groupements hydroxyles) et des groupements hydrophobes (chaînes carbonées). Leur organisation en bicouches lamellaires permet de fixer des molécules d’eau, tout en formant une barrière lipidique responsable de la faible perméabilité de la peau.

• Ils interviennent dans le cycle cellulaire et dans la régulation de l’apoptose (mort cellulaire programmée).

• Ils participent à l’immunité innée en induisant la production de peptides antimicrobiens.

Quelles sont leurs utilisations dermocosmétiques ?

• Une dizaine de molécules sont utilisées en dermocosmétique, désignées par un chiffre ou des lettres en fonction de leur structure : exemple « Céramide 3 » (dénomination INCI) ou « Céramide NP » ou N-stéaroylphytosphingosine.

• Les céramides et les pseudo-céramides sont incorporés dans :

– des formulations cosmétiques dosées de 1 à 5 %, afin de restaurer la fonction barrière de l’épiderme, à la suite de la dégradation, par l’utilisation de produits décapants, des céramides naturellement présents dans le stratum corneum, ou pour compenser une diminution de leur taux au cours du vieillissement cutané ;

– des soins capillaires pour leurs effets protecteurs et réparateurs de la fibre capillaire, en particulier à la suite de traitements mécaniques ou chimiques agressifs ;

– des soins pour les ongles, pour améliorer leur aspect en les rendant plus lisses et plus brillants.

Quels sont leurs avantages ?

On n’attribue pas aux céramides un risque de toxicité pour l’organisme humain. Ils bénéficient d’une bonne tolérance en particulier sur les peaux atopiques.

Sources : « Etude de l’acylation sélective de composés multifonctionnels par voie enzymatique : application à la synthèse de pseudo-céramides », F. Le Joubioux, thèse de doctorat en biochimie de l’université de La Rochelle ; « Implication des céramides dans l’atrophie musculaire », Joffrey De Larichaudy, thèse de doctorat, INSA de Lyon, biochimie – biologie moléculaire, 2012 ; chups.jussieu.fr ; orgasolcosmetics.com ; fosseaxil.net ; « Les céramides », Dr Christophe Hsu, dermatologue, globale-dermatologie.com.

INTÉRÊT THÉRAPEUTIQUE DES CÉRAMIDES ET PSEUDO-CÉRAMIDES

Des études ont montré un intérêt thérapeutique des céramides dans certains domaines :

• Dermatologie : ils accompagnent, par voie locale, le traitement de la dermatite atopique caractérisée par une plus faible teneur en céramides naturels dans le stratum corneum.

• Ophtalmologie : sous la forme de liposomes, les céramides à courtes chaînes ont une action bénéfique dans l’inflammation de la cornée en inhibant les signaux intracellulaires pro-inflammatoires et proapoptotiques, ainsi que la production de cytokines.

• Cancérologie : par leur activité potentielle antitumorale et antiapoptique, ils améliorent l’efficacité des agents chimiothérapeutiques.