Amoxicilline : 50 % des stocks dans 2 500 officines, les pharmaciens s’expliquent

© Getty Images/iStockphoto

Vente Réservé aux abonnés

Amoxicilline : 50 % des stocks dans 2 500 officines, les pharmaciens s’expliquent

Publié le 10 novembre 2023
Par Magali Clausener
Mettre en favori

Un article publié dans Libération le 9 novembre 2023, indique que 50 % des boîtes d’amoxicilline seraient en stock dans 12 % des officines. Une information qui paraît alors que le ministre de la Santé et de la Prévention désigne déjà « certaines grosses pharmacies » qui feraient du surstock. Les syndicats fournissent des explications et comptent bien en faire part au ministre lors de la réunion prévue ce 10 novembre après-midi.

« Selon le Gers (Groupement pour l’élaboration et la réalisation de statistiques), organisme qui centralise les datas du marché du médicament, au 21 septembre, 12 % des officines concentraient 50 % des volumes. En clair, un petit nombre de pharmacies accaparent la moitié des boîtes d’amoxicilline destinées aux malades de tout l’Hexagone… », est-il écrit dans un article intitulé « Amoxicilline : pourquoi les Français ont tant de mal à en trouver », paru le 9 novembre dans le quotidien Libération. De quoi questionner alors qu’Aurélien Rousseau, ministre de la Santé et de la Prévention, estime déjà que « certaines grosses pharmacies » font du surstock.

Des commandes poussées par les laboratoires

Qu’en est-il exactement ? Le Moniteur des pharmacies a interrogé les présidents des syndicats pharmaceutiques et David Syr, directeur exécutif chez Cegedim Pharma. « Imaginons qu’il n’y ait aucun stock en France et que ma pharmacie ait 10 boîtes d’amoxicilline, j’aurais alors 100 % des stocks. En fait, il faut regarder quel était le nombre de boîtes détenues par les officines en 2019 et aujourd’hui en 2023 afin de juger la concentration », répond Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), souligne de son côté le biais de parler de 50 % des boîtes sans plus de précisions, compte tenu du nombre de présentations d’amoxicilline. En effet, David Syr précise que ce ration 50/12 ne concerne que les boîtes comprenant de l’amoxicilline et de l’acide clavulanique. Mais au-delà, Pierre-Olivier Variot évoque aussi les commandes passées en direct auprès des laboratoires : « Les commandes sont poussées par les industriels. Je commande des boîtes à un laboratoire mais je ne sais pas combien d’unités il va finalement me livrer. De plus, certains laboratoires envoient des mails aux pharmaciens pour leur signaler que tel produit va manquer et les inciter à commander deux mois de stock », explique-t-il. « Lorsqu’il y a quelques années, je commandais des boîtes aux génériqueurs, ils livraient généralement deux mois de stock. Les grossistes-répartiteurs ont ensuite repris les commandes et je fais maintenant mes commandes au fil de l’eau », remarque Philippe Besset.

Libérer les stocks

Pour Pierre-Olivier Variot, les industriels ont donc leur part de responsabilité. « Ils ont quatre à six mois de stock, les grossistes rien et les pharmacies entre un jour et deux mois », observe-t-il. « Les laboratoires ont l’obligation d’avoir deux mois de stocks mais, en période de ruptures, ils devraient libérer leurs stocks à condition évidemment de les reconstituer. C’est de la responsabilité du ministre de leur demander de libérer leurs stocks », estime Philippe Besset. Qui calcule qu’il faudrait 200 000 boîtes d’amoxicilline sirop 500 mg pour les 20 000 officines. En clair, la production doit suivre aussi.

La réunion de cet après-midi réunissant le ministre, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), les industriels, les grossistes-répartiteurs et les pharmaciens, permettra-t-elle d’avoir enfin des solutions ? Les syndicats l’espèrent. D’autant que d’après le Gers Data, 1 500 médicaments sont actuellement indisponibles. Ce qui fait dire à Pierre-Olivier Variot que « l’amoxicilline n’est qu’un épiphénomène par rapport au nombre de molécules en rupture ».

Publicité