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Consommation : la demande de transparence est immense
Le retrait du logo Nutri-Score sur les produits Bjorg, juste avant que l’algorIthme du système de notation se durcissent et santionnent notamment les apports trop conséquents en sucre à partir du 1er janvier 2024, laisse dubitatif ! Et si Nutri-Score évolue, c’est pour mieux répondre aux recommandations officielles de Santé publique France. Sébastien Loctin, fondateur de la société Biofuture et à l’initiative du collectif En vérité est, quant à lui, favorable à l’élaboration d’une nouvelle loi qui obligerait les industriels, et pas uniquement agroalimentaires, à plus de transparence. Pour l’ensemble des produits, il milite pour une information obligatoire reposant sur trois critères : la qualité nutritionnelle, l’impact environnemental et l’origine des ingrédients.
Comment est née l’association En Vérité ?
SL : C’est le fruit d’un cheminement personnel. Il y a une quinzaine d’années, j’ai plaqué le confort d’un poste de direction dans l’industrie alimentaire pour créer ma société Biofuture qui fabrique des huiles alimentaires et des assaisonnements bio. Je ne voulais plus cautionner un modèle industriel fondé sur la rentabilité, qui ruine à la fois notre santé et celle de la planète. Pour donner plus de poids à ma démarche, j’ai créé le collectif En Vérité en entraînant dans mon sillage d’autres marques alimentaires qui souhaitent faire bouger les lignes. Nous sommes actuellement soixante-trois et nous œuvrons autour d’un objectif commun : la transparence afin que les consommateurs choisissent ce qu’ils mangent en connaissance de cause.
Quel est votre manifeste ?
S L : Aujourd’hui, entre des étiquettes nutritionnelles impossibles à déchiffrer, la profusion de labels qui brouille la lecture des informations, le caractère facultatif du Nutri-Score, les promesses marketing des marques… il est difficile de s’y retrouver. Aussi, nous demandons au législateur d’obliger les marques alimentaires à dire la vérité en rendant obligatoire l’affichage la qualité nutritionnelle de leurs produits, en rendant visible et compréhensible les informations sur les additifs qu’ils contiennent, en dévoilant leur impact environnemental ainsi que l’origine des ingrédients utilisés pour les concevoir. En décembre prochain, nous allons soumettre à l’Assemblée nationale une proposition de loi allant dans ce sens. Nous nous sommes mobilisés pour que l’Eco-Score, tel que proposé par le ministère de la Transition écologique, ne voie pas le jour. Celui-ci donnait une information sur l’impact environnemental des produits alimentaires uniquement basée sur leur empreinte carbone. Nous sommes intervenus pour qu’il prenne en compte d’autres critères et crée une vraie différenciation entre les produits. Quant au Nutri-Score, que nous soutenons, nous avons pointé ses failles et ses limites pour le faire évoluer. Enfin, rares sont les produits qui mentionnent clairement l’origine des ingrédients. Par exemple, les diverses mentions « origine France Garantie », « produit en France » ou encore « transformé en France » créent une véritable confusion dans l’esprit des acheteurs. Avec la société Appinio, nous avons mené en septembre une étude auprès d’un échantillon de 1000 personnes pour mesurer l’influence de l’indication de l’origine des ingrédients sur le choix des consommateurs. Le résultat est sans appel. Quand l’information est clairement visible, les intentions d’achat peuvent être doublées, voire multipliées par dix selon les catégories, pour des marques mieux-disantes et engagées.
Pensez-vous élargir votre lobby pour la transparence aux cosmétiques ?
SL : Des marques cosmétiques nous ont approchés en nous soumettant l’idée. Nous n’excluons pas un En vérité pour les cosmétiques, c’est un sujet que nous aborderons en conseil d’administration. Ça pourrait être notre collectif qui chapeauterait le projet ou encore un acteur de la cosmétique qui fédérerait des marques autour de lui. Cette démarche de transparence pourrait, également, être étendue au marché des lessives. Notre approche fait des émules et nous nous en réjouissons.
Votre marque d’huiles alimentaires Quintesens a récemment fait son entrée en pharmacie, pourquoi avoir choisi ce circuit ?
SL: Nos huiles alimentaires sur-mesure Quintesens sont, en effet, commercialisées en officine depuis le début de l’année. Des pharmaciens nous ont contactés à la demande de parents qui s’étaient vu recommander notre Huile bébé par des pédiatres. C’est ainsi que nous avons démarré ! Nous sommes actuellement implantés dans une soixantaine de pharmacies test, appartenant au groupement Totum, et ambitionnons, d’ici fin 2024, un référencement dans six cents pharmacies. Nos huiles sont parfaitement adaptées à ce circuit puisqu’il s’agit de mélanges d’huiles bio qui couvrent les besoins nutritionnels de populations spécifiques : bébés, enfants, femmes enceintes, adultes et personnes de plus de 50 ans. Ce sont des formules « santé » ciblées et très complètes, cohérentes avec le circuit officinal. Nous les avons développées avec des nutritionnistes et l’Institut des corps gras et produits apparentés. 98% des matières premières sont cultivées en France, exceptée l’huile d’olive, qui vient d’Espagne. Nous découvrons le circuit officinal, avec ses pratiques et ses codes, et réfléchissons à une offre adaptée à ses attentes : politique de prix, formats, indications posologiques, mode d’utilisation des produits…
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