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Marie souffre d’un kyste pilonidal
Marie, 54 ans, souffre d’une tuméfaction purulente en haut du sillon interfessier, récidive de kyste pilonidal. Le chirurgien étant indisponible, le généraliste évacue par pression le contenu du kyste et prescrit un antibiotique.
Ce que je dois savoir
Législation
La prescription respecte la réglementation.
Contexte
C’est quoi ?
• Cette ordonnance prend en charge l’infection d’un kyste, ou sinus pilonidal. Cette poche entourée d’une membrane se développe le plus souvent dans la partie supérieure du pli interfessier, le long du coccyx ou du sacrum, d’où son autre nom de « kyste sacro-coccygien ». Sa formation est en général liée à un ou des poils qui pénètrent et migrent sous la peau par une fossette (= petit trou) du sillon interfessier. Ces corps étrangers déclenchent une réaction inflammatoire à l’origine du kyste. Pilonidal vient du latin pilus, poil, et nidus, nid.
• Le plus souvent, le kyste est peu inflammatoire et asymptomatique, hormis la présence quasi invisible de fossettes au niveau du pli interfessier. Il peut devenir tuméfié, rouge et douloureux et s’infecter au contact de microorganismes cutanés ou fécaux avec formation d’un abcès. Une poche purulente se forme ; la douleur est vive, pulsatile, parfois insomniante.
• Sexe masculin (75 % des cas), forte pilosité, prédisposition familiale, position assise prolongée, frottements répétés, erreurs d’hygiène, surpoids sont des facteurs favorisants(
Quelle prise en charge ?
• Sans douleur, ni tuméfaction, le patient doit surveiller l’aspect du pli interfessier et être prévenu qu’une infection est possible.
• En cas d’infection aiguë, évacuer le pus pour stopper la progression de l’infection et soulager en pratiquant si besoin une incision locale sous anesthésie. Un traitement antibiotique oral et un antiseptique local peuvent venir en complément.
• Une intervention par laser ou chirurgicale avec exérèse du kyste est indiquée, hors phase aiguë, si le kyste tend à récidiver, si la zone cicatricielle reste sensible ou un écoulement persiste.
Objectifs
• Soulager la douleur, insomniante et invalidante pour la marche ou la position assise en évacuant le contenu du kyste, et en prenant du paracétamol.
• Lutter contre l’infection et son extension avec les antibiotiques et l’antiseptique local.
• Prévenir les diarrhées avec des probiotiques qui luttent contre le déséquilibre de la flore intestinale lié à la prise d’antibiotiques et limitent ainsi le risque de troubles digestifs.
Médicaments
Amoxicilline + acide clavulanique
Association d’une pénicilline (amoxicilline), antibactérienne, et d’un inhibiteur de béta-lactamases (acide clavulanique) qui évite l’inactivation de l’amoxicilline par des enzymes et étend ainsi son spectre d’activité aux germes pourvus de betâ-lactamases.
Saccharomyces boulardii
Saccharomyces boulardii a montré une efficacité dans la prévention des diarrhées liées à la prise d’antibiotiques
Paracétamol
Antalgique antipyrétique de palier 1, d’action centrale et périphérique, indiqué dans le traitement des douleurs légères à modérées et/ou de la fièvre. Une fièvre est possible en cas de kyste pilonidal mais non systématique.
Hexamidine + chlorhexidine + chlorocrésol
Association d’antiseptiques de la famille des diamidines (hexamidine), des biguanides (chlorhexidine) et des halogénophénols (chlorocrésol) pour nettoyer des affections cutanées bactériennes ou susceptibles de se surinfecter. Ils réduisent temporairement la présence locale des micro-organismes.
Repérer les difficultés
• Distinguer les traitements à poursuivre jusqu’à leur terme de ceux à arrêter dès l’amélioration.
• Soulager au quotidien, notamment pour limiter la pression en position assise.
• Informer sur l’évolution normale du kyste et les signes nécessitant de consulter rapidement. Sensibiliser à revoir le chirurgien prochainement pour faire un bilan sur cette récidive.
Ce que je dis à la patiente
J’ouvre le dialogue
« Connaissez-vous l’intérêt et la durée de chaque traitement ? » vérifie les connaissances. « La douleur est-elle intense ? », « Vous a-t-on conseillé un coussin spécifique ? » et « Quel savon utilisez-vous pour la toilette ? » orientent le conseil.
J’explique le traitement
Mécanismes d’action
Outre l’évacuation du pus, l’antibiotique et l’antiseptique agissent contre les micro-organismes responsables de l’infection. L’exérèse chirurgicale n’est pas systématique. Les douleurs s’estomperont et la tuméfaction régressera jusqu’à cicatrisation en quelques jours.
Mode d’administration
• Amoxicilline + acide clavulanique. Avaler deux comprimés avec un verre d’eau matin, midi et soir en début de repas pour réduire l’intolérance digestive et favoriser l’absorption, durant huit jours même si les symptômes s’améliorent.
• Ultra-levure. Avaler une gélule par jour avec un verre d’eau à distance d’un repas.
• Paracétamol. Avaler un comprimé, à renouveler si besoin après un délai de 4 heures minimum, jusqu’à 4 prises maximum sur 24 heures. Arrêter dès que la douleur le permet.
• Cytéal. Il s’utilise comme un savon matin et soir lors de la toilette pour nettoyer seulement la zone concernée. Faire mousser avec un peu d’eau, puis bien rincer. Ne pas utiliser d’autre savon sur cette zone en raison d’un risque d’interaction entre tensioactifs pouvant altérer l’efficacité.
Effets indésirables
• Amoxicilline + acide clavulanique : diarrhées, nausées et vomissements.
• Ultra-levure : réactions allergiques de type urticaire voire angioœdème, décrites mais rares.
• Paracétamol : réactions d’hypersensibilité.
• Cytéal : réactions allergiques de type hypersensibilité, dermatite atopique et réactions d’irritation cutanée. Attention à l’application accidentelle au niveau des yeux, irritante.
J’accompagne
Le traitement
• Consulter rapidement en cas d’apparition ou de persistance après 48 à 72 heures d’une forte douleur, fièvre, écoulements de pus ou de sang.
• Consulter en chirurgie digestive après résolution pour faire un bilan de la récidive.
• Pas d’AINS en raison du risque de diminution des défenses immunitaires contre l’infection cutanée
• Un coussin orthopédique à décharge du coccyx, en U et à base de mousse qui libère le pli interfessier de la pression ou un coussin gonflable rond limite les douleurs, en position assise.
Hygiène de vie
• Toilette. Après les cinq jours d’antiseptique local, utiliser un lavant sans savon ni parfum, surgras pour la toilette quotidienne du pli interfessier pour ne pas agresser la peau. Maintenir une hygiène irréprochable. Bien sécher en tamponnant et éviter toute macération (maillot humide…).
• En cas d’écoulement résiduel mineur, nettoyer sans frotter avec une compresse stérile humide.
• Limiter la station assise prolongée : faire des pauses régulières ; se mettre debout dès que possible ; opter pour une assise ergonomique et/ou un coussin à mémoire de forme.
• Éviter les frottements : porter des vêtements et sous-vêtements amples de préférence.
Vente associée
Proposer un syndet, un coussin de décharge du coccyx, des compresses stériles.
(1) Le kyste pilonidal, Société nationale française de coloproctologie, snfcp.org.
(2) Sinus pilonidal infecté, La revue du praticien, mars 2022.
(3) « Prévention de la diarrhée associée aux antibiotiques : recommandations d’experts », Groupe francophone d’hépatologiegastrœntérologie et nutrition pédiatriques, 2019, et « Probiotiques et prébiotiques », World Gastroenterology organisation global guidelines, 2017.
Prescription
Dr Christian C. Médecin généraliste. Marie F., née le 05/05/1969, 50,5 kg, 1,70 m.
Ordonnance
• Amoxicilline 500 mg + acide clavulanique 62,5 mg comprimé 2 matin, midi et soir pendant 8 jours.
• Saccharomyces boulardii 200 mg (Ultra-levure) gélule 1 par jour pendant 10 jours.
• Paracétamol 1 g comprimé
Jusqu’à 4 par jour en cas de fièvre ou de douleur, qsp 10 jours.
• Diisétionate d’hexamidine 0,1 % + digluconate de chlorhexidine 0,5 % + chlorocrésol 0,3 % solution pour application cutanée (Cytéal solution moussante, flacon de 250 ml). Matin et soir pendant 5 jours.
La patiente me demande
« J’ai lu dans un forum qu’il fallait s’épiler pour éviter les récidives. » Les poils étant en cause dans la majorité des cas, le rasage ou l’épilation au niveau du pli interfessier sont parfois conseillés par certains médecins mais la Société nationale française de colo-proctologie ne les recommande pas dans la prévention des récidives
(1) . Ils sont en tout cas déconseillés en période aiguë d’infection en raison du risque d’irritation et de gêne à la cicatrisation.
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