Vaccins : bientôt des stocks en cabinet infirmier ?

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Vaccins : bientôt des stocks en cabinet infirmier ?

Publié le 30 novembre 2023
Par Matthieu Vandendriessche
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Interrogés par un de leurs syndicats, les infirmiers libéraux constatent un manque à gagner lié à la vaccination en pharmacie des personnes pour lesquelles ces mêmes infirmiers prescrivent une vaccination. Pouvoir détenir des stocks de vaccins dans leurs cabinets est une revendication qui refait surface et elle est appuyée auprès du ministère de la Santé.

Une majorité d’infirmier(e)s libéraux constatent un « détournement » par les pharmacies des personnes désireuses de se faire vacciner, en particulier contre la grippe saisonnière. Ce ressenti s’est concrétisé dans les réponses de près de 2 000 infirmières libérales diplômées d’Etat (Idel) au sondage lancé par la Fédération nationale des infirmiers (FNI). Selon cette enquête, dont les résultats ont été diffusés le 16 novembre, lorsqu’un patient sollicite une vaccination contre la grippe auprès de l’Idel, seulement 12 % reviennent se faire vacciner auprès d’elle après la délivrance de la dose en pharmacie. Et 70 % la reçoivent « parfois à l’officine » tandis que 18 % sont systématiquement vaccinés en pharmacie.

La FNI ne veut pas en rester à ce constat. Dans une information diffusée ce jeudi 30 novembre, elle réitère sa proposition d’une mise à disposition dans les cabinets infirmiers d’un stock de vaccins pour permettre aux patients d’être directement vaccinés par une Idel. Près de 9 infirmiers sur 10 y sont favorables, selon le sondage lancé par le syndicat. « La fuite de patients vers l’officine, qui est aujourd’hui le passage obligatoire pour la délivrance des doses serait ainsi limitée », affirme le syndicat.

Pour Daniel Guillerm, président de la FNI, c’est le moment de faire ressurgir le « serpent de mer » du stockage des vaccins en cabinet infirmier « dans un contexte de montée en charge de la prévention et de déploiement de la vaccination de masse ». Il précise que les Idel devraient alors se mettre en conformité avec la réglementation pour assurer la sécurité de la conservation des vaccins et leur traçabilité. « Les cabinets infirmiers seraient intégrés dans le circuit des grossistes-répartiteurs ou pourraient aussi, pourquoi pas, se procurer les vaccins auprès des officines », estime le représentant syndical. Les professionnels devraient alors s’équiper d’une enceinte réfrigérée et non plus seulement d’un simple réfrigérateur.

Le syndicat appuie cette proposition auprès du ministère de la Santé. « Le sujet a été abordé et la réflexion est en cours. Il y a des évolutions réglementaires qu’il faut regarder de près », explique Daniel Guillerm. Les modalités de la facturation à l’Assurance maladie devront également être étudiées.

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Pour atténuer le manque à gagner des infirmiers, la FNI demande en outre la création d’une cotation spécifique permettant d’isoler l’acte de prescription de la vaccination en amont de l’injection afin de pouvoir le rémunérer.