Épisode 11 Passage sous sulfamide

Samedi 3 septembre

– Valérie Martin au téléphone avec sa fille : Mylène, c’est horrible !

– Mylène Martin : Que se passe-t-il ? Un problème avec Lola ?

–Non, je viens d’aller chercher mes résultats d’analyse de sang. Et ce n’est pas très bon. Le médecin ne va pas être content.

– Tu n’as pas fait attention à ton régime la semaine précédant ta prise de sang ?

– Un peu, mais ça ne change rien, de toute façon. Le pharmacien m’avait expliqué que le dosage de l’hémoglobine glyquée reflète le niveau de glucose dans le sang des trois derniers mois.

– Tu avais pourtant repris un peu le sport en marchant plus ? C’est peut-être le traitement qui n’est pas assez efficace ?

– Suffisamment efficace pour donner d’affreuses douleurs abdominales… Sans compter la diarrhée.

– Ça n’est toujours pas résolu ?

– À peu près, surtout quand j’oublie une ou deux prises

– Par mois ? ça ne doit pas être trop grave ces oublis !

– Non… 2 ou 3 fois par semaine.

– Et tu t’étonnes des mauvais résultats de la prise de sang ! Il faut absolument que tu en parles au médecin à ton rendez-vous ! Ça ne sert à rien de faire semblant ! Quand je pense que tu fais la leçon à papa quand il oublie son traitement pour la polyarthrite !

Lundi 5 septembre

D^r Dubois,juste après le rendez-vous de M^me Martin : Je vais quand même appeler le pharmacien à propos de M^me Martin. 6 mois de perdus, une hémoglobine glyquée à 7,6 % ! Il devait y avoir des trous dans les renouvellements, à moins qu’elle ait stocké toutes les boîtes chaque mois… Ce passage sous sulfamide sera je l’espère plus efficace. Je l’ai avertie du risque d’hypoglycémie mais je ne suis pas sûr qu’elle ait bien compris l’enjeu. Je dirais à M. Galien d’en remettre une couche lors de la dispensation du traitement et du matériel d’autosurveillance glycémique.

À la pharmacie

–M. Galien : Bonjour M^me Martin

–M^me Martin : Bonjour M. Galien, je viens avec une nouvelle ordonnance pour mon diabète. Le docteur Dubois a changé le traitement. Je vous ai ramené mes anciennes boîtes en même temps ! – Il y en a un sacré stock… Le docteur Dubois m’a contacté ce midi à ce sujet. Il fallait nous parler de ces effets indésirables qui ne passaient pas !

– Je ne voulais pas vous déranger avec ça.

– Le médecin a donc prescrit du glimépiride à la place de la metformine. Il s’agit d’un sulfamide hypoglycémiant. Il est important de prendre le comprimé au moment du petit-déjeuner qui doit comporter une quantité suffisante de féculents sinon vous risquez de faire une hypoglycémie. Cela peut se traduire par des tremblements, un malaise, voire une chute. Prenez-vous un vrai petit-déjeuner ?

– Oui, du thé avec du pain. Et la nutritionniste m’avait conseillé en plus une portion de fruits, mais ce n’est pas toujours facile.

–Bien. En revanche, s’il vous arrive de sauter ce repas ou s’il ne comporte pas assez de sucres lents, il faudra reporter la prise du comprimé plus tard au moment du premier vrai repas consistant de la journée.

– C’est compris. Le médecin m’avait dit un truc comme ça mais je n’étais pas sûre d’avoir bien compris.

– Le D^r Dubois a également prescrit un appareil d’automesure de la glycémie. Je l’aurai en fin d’après-midi. Pouvez-vous repasser, je vous expliquerai son fonctionnement ?

– C’est d’accord. J’ai besoin également de patch antitabac.

– D’après votre dossier pharmaceutique, c’était des patchs dosés à 21 mg/24 heures.

– Oui, cela fait plus d’un mois et tout va bien.

– Si vous le souhaitez, on peut diminuer la dose et passer à 14 mg/24 heures.

– Oui, c’est ce que je voulais. Et j’ai toujours les gommes si besoin.

À la maison, après le dîner

– Valérie Martin à son mari : Le médecin m’a prescrit un appareil de mesure de la glycémie. Tu veux bien m’aider ? Le pharmacien m’a tout expliqué et m’a donné une fiche récapitulative !

– Paul Martin : Heureusement, on dirait que ça a l’air compliqué.

– On commence par tout sortir du sac. Le pharmacien a déjà configuré la date et l’heure de l’appareil de mesure.

–Tu dois te laver les mains à l’eau chaude savonneuse, pour dilater les vaisseaux. Puis, bien te sécher les mains. Ce serait plus simple avec la solution hydroalcoolique ! Ah non, c’est indiqué : « ni alcool, ni désinfectant ».

– Le pharmacien a dit que ça pouvait influencer le résultat. Ensuite, j’insère une bandelette dans le lecteur.

–Puis tu masses un peu le doigt ou tu laisses pendre ta main. Tu piques et tu approches le lecteur avec la bandelette.

– Aïe ! Ce n’est pas très agréable mais c’est facile.

–Il fallait le faire sur le côté du doigt, tu aurais eu moins mal. Et ni sur l’index ni le majeur.

–Oui, j’avais oublié. Le pharmacien m’a aussi montré comment régler la profondeur de la piqûre avec l’autopiqueur. Je verrai la prochaine fois.

–Ensuite tu notes le résultat. C’est indiqué que l’objectif glycémique est de 70 à 120 mg/dl avant les repas et moins de 180 mg/dl après.

– 160 ! ouf…

–Et tu dois faire ça tous les jours ?

– Non, 2 à 3 fois par semaine, le temps d’adapter le traitement.

Nous remercions le D r Brice Le Taillandier pour son aimable relecture. Sources : Recommandations de bonne pratique de la HAS portant sur la «   Stratégie médicamenteuse du contrôle glycémique du diabète de type 2   », janvier 2013 ; Fiche de bon usage des technologies de santé de la HAS «   L’autosurveillance glycémique dans le diabète de type 2 : une utilisation très ciblée   », avril   2011 ; Fédération française des diabétiques.

À RETENIR

•  En cas d’intolérance à la metformine, un sulfamide hypoglycémiant peut être prescrit.

•  Dans ce cas, une autosurveillance glycémique est recommandée en début ou en cas de modification du traitement.

•  Un des principaux effets indésirables des sulfamides hypoglycémiants est le risque d’hypoglycémie (tremblements, pâleur, malaise, maux de tête, vertiges, sueurs, chute…).

•  Un sulfamide hypoglycémiant ne doit pas être administré en cas de repas sauté ou insuffisamment riche en féculents.