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Les candidats vous passent la pommade
Maillage officinal, rémunération de l’officine, ouverture du capital… Pour la première fois, les six candidats à la primaire de droite répondent aux questions qui vous préoccupent.
En attendant la primaire et ses deux tours des 20 et 27 novembre, les programmes de Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire sur la santé se précisent. En matière de politique de santé, peu de différences ressortent des mesures préconisées par les six candidats : suppression du tiers payant généralisé, réforme de l’aide médicale d’Etat, garantie de l’accès pour chacun à l’innovation thérapeutique, lutte contre la fraude et le gaspillage…
De même, peu de clivages apparaissent concernant le rôle du pharmacien dans le système de santé. Tous sont unanimes pour dire que ce dernier dispose de nombreux atouts : confiance des Français, acteur central de la santé publique, rôle essentiel dans les soins de proximité… Mais ces atouts sont relativisés par des handicaps qui fragilisent le maillage officinal. Quels sont-ils ? Le premier handicap concerne le modèle existant de la pharmacie « inadapté » au nouveau métier, « que cela soit le modèle économique, l’organisation architecturale des pharmacies et peut-être la culture de la profession imprégnée des pratiques des dernières décennies », résume Nathalie Kosciusko-Morizet. Le second handicap évoqué n’est pas, selon les candidats, le fait de la profession elle-même, mais de la propre incapacité des politiques à faire confiance à la profession pour évoluer.
Là encore, si tous déclarent vouloir confier de nouvelles missions au pharmacien en matière de prévention, de vaccination ou encore d’accompagnement des patients chroniques, leurs propositions restent très générales. Avec toutefois quelques nuances sur certaines options à prendre.
JEAN-FRANÇOIS COPÉ
REVALORISER LA RÉMUNÉRATION DES PHARMACIENS
Je suis favorable à ce que la rémunération ne soit pas essentiellement basée sur le tarif des médicaments, ce qui fait que les pharmaciens sont perdants à chaque baisse des prix. La revalorisation passera par les nouvelles missions confiées aux pharmaciens d’officine rémunérés sous la forme de forfaits spécifiques.
MAINTENIR LE NOMBRE DE PHARMACIES EN FRANCE
Il s’agit évidemment d’un objectif important car les pharmacies constituent un réseau de proximité essentiel pour notre système de santé. Cela ne se fera qu’au travers d’une politique globale permettant une revalorisation de la profession de pharmacien d’officine.
AUTORISER LA VENTE DES MÉDICAMENTS DANS LES GRANDES SURFACES
Le médicament n’est pas un produit de consommation comme un autre. Il faut que ce message soit bien clair pour nos concitoyens. Je ne crois pas qu’une vente en grande surface soit la meilleure solution en termes de qualité des soins. Par ailleurs, je préfère tout mettre en œuvre pour maintenir le formidable réseau de pharmacies dont dispose la France plutôt que de les voir se fermer et être remplacées par une vente en supermarché.
OUVRIR LE CAPITAL AUX INVESTISSEURS AUTRES QUE PHARMACIENS
Je n’ai pas d’opposition de principe sur ces questions. C’est peut-être une bonne idée, mais elle ne peut se faire au détriment de l’indépendance de la profession et de sa capacité à assumer pleinement sa place dans notre système de santé.
AUTORISER LES CONSULTATIONS PHARMACEUTIQUES DANS LES DÉSERTS MÉDICAUX
La consultation pharmaceutique ne doit pas se limiter aux déserts médicaux. En effet, cela doit devenir une activité et une mission à part entière du pharmacien.
FRANÇOIS FILLON
REVALORISER LA RÉMUNÉRATION DES PHARMACIENS
Le pharmacien n’est plus seulement rémunéré sur la seule dispensation des médicaments, il perçoit aussi un honoraire. De nouvelles missions sont en train d’émerger : conseils, éducation thérapeutique. D’autres sont en discussion, comme la vaccination. Ces nouvelles missions nécessitent des formations et doivent être rémunérées de la même façon : par un honoraire.
MAINTENIR LE NOMBRE DE PHARMACIES EN FRANCE
Mon objectif est de maintenir un maillage territorial pertinent et suffisant qui contribue aux soins de proximité. Ne pas assurer ce maillage sur l’ensemble du territoire, c’est majorer le risque de désert médical : aucun médecin ne voudra s’installer dans une commune ou une intercommunalité sans pharmacie.
AUTORISER LA VENTE DES MÉDICAMENTS DANS LES GRANDES SURFACES
Les médicaments qui seraient distribués dans les grandes surfaces seraient non remboursés. Il n’en demeure pas moins qu’ils resteraient des médicaments avec des effets secondaires non dénués de risques. C’est, là encore, rappeler le rôle du pharmacien dans l’alerte et l’orientation des patients devant un symptôme.
OUVRIR LE CAPITAL AUX INVESTISSEURS AUTRES QUE PHARMACIENSL’ouverture du capital aux non-professionnels entraînerait le risque de compromettre le caractère indépendant et libéral de la profession. Il convient de favoriser l’évolution de la profession tout en préservant une politique forte de protection de la santé publique : la pharmacie est une profession réglementée qui doit servir l’intérêt général.Publicité
OUVRIR LE CAPITAL AUX INVESTISSEURS AUTRES QUE PHARMACIENS
Le pharmacien a un rôle important dans les soins de proximité. Il conseille, il oriente, mais ne peut cependant aller au-delà de l’interrogatoire et réaliser un examen clinique.
ALAIN JUPPÉ
REVALORISER LA RÉMUNÉRATION DES PHARMACIENS
Le pharmacien ne peut être crédible dans son approche de prévention et de maîtrise des accidents médicamenteux en continuant à être rémunéré à la longueur de l’ordonnance et au volume de médicaments prescrits. Une évolution du système de rémunération est donc souhaitable en contrepartie d’une élévation mesurée de la qualité du service rendu.
MAINTENIR LE NOMBRE DE PHARMACIES EN FRANCE
La question prioritaire ne m’apparaît pas être celle du nombre global de professionnels, mais celle d’un maillage territorial harmonieux et adapté aux caractéristiques des populations desservies.
AUTORISER LA VENTE DES MÉDICAMENTS DANS LES GRANDES SURFACES
Je ne suis pas favorable à la vente des médicaments dans les grandes surfaces. C’est pour les médicaments à prescription médicale facultative qu’on évoque régulièrement cette mesure. Or, c’est bien lorsque la délivrance d’un médicament ne nécessite pas d’ordonnance que la compétence et la vigilance du pharmacien sont d’autant plus requises.
OUVRIR LE CAPITAL AUX INVESTISSEURS AUTRES QUE PHARMACIENS
L’ouverture du capital à des actionnaires extérieurs à la profession changerait la perspective de meilleur service rendu aux patients pour mettre l’accent sur la rentabilité au profit des investisseurs. Il y aurait un risque d’affaiblir le maillage territorial qui existe aujourd’hui au détriment des zones rurales ou des zones urbaines fragiles où sont rarement implantées les officines les plus rentables. Pour ces deux raisons, et au vu des exemples qui existent en Europe, je ne suis pas favorable à une telle évolution.
OUVRIR LE CAPITAL AUX INVESTISSEURS AUTRES QUE PHARMACIENS
Il n’y a pas de déserts qui soient seulement médicaux. La première tâche est de redonner de l’attractivité et favoriser la création d’emplois dans les territoires, avec des systèmes de transports et une couverture numérique irréprochables. La question prioritaire est d’installer partout des équipes pluridisciplinaires de premier recours.
BRUNO LE MAIRE
REVALORISER LA RÉMUNÉRATION DES PHARMACIENS
Je souhaite stabiliser les revenus à leur juste mesure et les consolider en diversifiant sur le cœur de métier du pharmacien, à savoir le patient et ses traitements. La nouvelle rémunération des missions que je souhaite confier aux officines représentera dans un premier temps un pourcentage assez faible du chiffre d’affaires total, mais sera amenée à augmenter progressivement
MAINTENIR LE NOMBRE DE PHARMACIES EN FRANCE
Je suis inquiet du risque de délitement du réseau de pharmacies. Pour le maintenir, nous autoriserons le regroupement des pharmacies là où le maillage est concentré, la création de succursales et l’ouverture du capital aux préparateurs.
AUTORISER LA VENTE DES MÉDICAMENTS DANS LES GRANDES SURFACES
Je n’y suis pas favorable, car j’y vois une limitation de votre liberté entrepreneuriale.
OUVRIR LE CAPITAL AUX INVESTISSEURS AUTRES QUE PHARMACIENS
Je souhaite moderniser le réseau par une évolution capitalistique. Mais j’ai fait le choix de préserver l’indépendance des capitaux des pharmacies afin de ne pas fragiliser le réseau actuel. Je souhaite donc privilégier la possibilité pour les officines de recourir à des financements obligataires externes. En outre, j’autoriserai l’ouverture du capital (minoritaire) aux préparateurs en pharmacie afin de favoriser la participation des salariés au capital.
AUTORISER LES CONSULTATIONS PHARMACEUTIQUES DANS LES DÉSERTS MÉDICAUX
Dans certains territoires, la spécialisation de certaines officines dans la dispensation et le suivi de thérapeutiques particulières, comme cela existe déjà pour les traitements du VIH, me semble être une piste
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
REVALORISER LA RÉMUNÉRATION DES PHARMACIENS
A court terme, il est indispensable de revoir à la hausse la rémunération. Les marges commerciales et le chiffre d’affaires par pharmacie ne cessent de s’éroder année après année. A moyen terme, c’est la refondation du modèle économique qui me semble la solution durable.
MAINTENIR LE NOMBRE DE PHARMACIES EN FRANCE
En plus d’une refonte du métier de pharmacien, il est aussi nécessaire de maintenir le maillage étendu des pharmacies sur tout le territoire.
AUTORISER LA VENTE DES MÉDICAMENTS DANS LES GRANDES SURFACES
Dans les pays qui sont passés d’une distribution des médicaments exclusive en pharmacie à une distribution élargie à la grande distribution, on a constaté une baisse des prix des produits OTC non durable et une fragilisation du réseau des pharmacies. Je ne suis donc pas favorable à cette solution.
Je pense que le capital doit rester la propriété des pharmaciens, sinon nous allons financiariser à l’excès la profession avec la constitution de grands groupes capitalistiques.
OUVRIR LE CAPITAL AUX INVESTISSEURS AUTRES QUE PHARMACIENS
OUVRIR LE CAPITAL AUX INVESTISSEURS AUTRES QUE PHARMACIENS
Si c’est se substituer au rôle d’un médecin parce que nous n’avons pas été capables de rendre les installations des médecins libéraux suffisamment attractives, ce n’est pas une bonne idée. J’ai proposé un plan pour redynamiser l’exercice libéral en médecine qui devrait résoudre une partie des déserts médicaux.
NICOLAS SARKOZY
REVALORISER LA RÉMUNÉRATION DES PHARMACIENS
Tous les professionnels de santé souhaitent voir leurs revenus revalorisés et c’est légitime. La piste choisie par les pharmaciens de déconnecter leurs revenus de la seule marge générée par le médicament mérite d’être approfondie. .
MAINTENIR LE NOMBRE DE PHARMACIES EN FRANCE
Le maillage territorial et le monopole de la distribution du médicament me paraissent des garanties indispensables pour les patients. Par conséquent, j’estime que la distribution du médicament doit rester pharmaceutique.
AUTORISER LA VENTE DES MÉDICAMENTS DANS LES GRANDES SURFACES
Je ne suis pas favorable à l’autorisa tion de la vente des médicaments dans les grandes surfaces. C’est une fausse bonne idée, car elle ne prend pas en compte la qualité, l’intérêt et le caractère indispensable d’un maillage territorial qui rend d’éminents services à nos concitoyens, y compris en matière d’aménagement du territoire.
OUVRIR LE CAPITAL AUX INVESTISSEURS AUTRES QUE PHARMACIENS
Cette mesure ne me paraît ni utile ni nécessaire. Elle serait rapidement contradictoire entre toutes les attentes exprimées (proximité, maillage territorial, monopole de la distribution, etc.) et aurait pour unique objectif le seul profit financier.
OUVRIR LE CAPITAL AUX INVESTISSEURS AUTRES QUE PHARMACIENS
Les conseils du pharmacien existent déjà dans les faits, mais cette question implique un acte qui responsabilise celui qui l’exerce et une rémunération afférente. Le dialogue interprofessionnel est essentiel sur ce sujet. Une expérimentation dans certains territoires pourrait être envisagée.
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