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© Nathalie Kosciusko Morizet dévoile ses propositions - DR
NKM : « Mon nouveau système de financement comprend la suppression des remboursements différenciés »
Les six candidats à la primaire de droite ont répondu en exclusivité aux questions du Moniteur des pharmacies sur l’avenir de l’officine. Leurs réponses sur la place du pharmacien dans le système de santé, l’ouverture du capital, la revalorisation de la rémunération ou encore la vente des médicaments dans les grandes surfaces ont été publiées dans notre édition papier du 29 octobre. D’autres thèmes ont été également abordés avec chaque candidat. A une semaine du premier tour de la primaire de la droite, Nathalie Kosciusko-Morizet clarifie ses positions.
Comment voyez-vous l’évolution de la profession de pharmacien ?
Après avoir construit un système de soins de référence dans le monde au XXe siècle, la France doit construire un système de santé de référence au XXIe siècle. Cela nécessite un changement de stratégie garantissant l’accès à la santé pour tous, avec deux axes : le maintien en bonne santé et les meilleurs soins aux meilleurs coûts pour tous.
Si les pharmaciens adaptent rapidement leur modèle à ce nouvel environnement, ils sortiront gagnants de cette évolution. Au-delà de la distribution des médicaments, je pense que trois nouveaux pans d’activité s’ouvrent pour le pharmacien :
- La e-santé : la multiplication des applications numériques dans la santé est une opportunité pour accompagner davantage le patient.
- Le maintien en bonne santé : notre système de santé sera financièrement soutenable si on arrive à repousser le plus tard possible l’entrée dans le système de soins.
- La coordination des parcours des patients chroniques.
Le pharmacien doit devenir un fournisseur global de services de santé incontournable pour le succès de la nouvelle stratégie de santé.
Permettriez-vous aux mutuelles de passer des contrats avec des pharmaciens qui proposent des services hors monopole (maintien à domicile, objets connectés, optique, diététique…) ?
J’ai proposé une réforme structurelle de financement des dépenses de santé qui a pour objectif de rétablir une solidarité forte dans ce financement, une efficacité plus grande dans la gestion du risque, une meilleure lisibilité pour les patients et une baisse substantielle des coûts administratifs.
Entre autres mesures, je souhaite qu’il y ait un seul financeur par prestation de santé. Le système actuel de double financement pour des produits qui coûtent souvent moins de dix euros est ubuesque. Si les mutuelles ont toute leur place dans le système, elles doivent proposer des contrats d’assurance et des services aux assurés sans intervenir dans l’activité des professionnels de santé. Mon nouveau système de financement comprend la suppression des remboursements différenciés et la création d’une agence de régulation et de contrôle de l’assurance santé privée. Il faut mieux réguler ce secteur afin de garantir une transparence sur ce marché et l’absence de sélection du risque (dont le risque est accru avec la e-santé).
Souhaiteriez-vous accélérer la dispensation à l’unité des antibiotiques ?
Oui, si les expériences menées ont été concluantes.
Pour limiter les dépenses de santé, dérembourseriez-vous des médicaments ou baisseriez-vous leurs prix ?
Tout secteur économique soumis à une innovation des produits connaît le phénomène de destruction créatrice, avec le remplacement des anciens produits par les nouveaux. En santé, s’ajoute une contrainte de maîtrise des dépenses publiques qui s’accroît année après année. Le marché pharmaceutique va se polariser autour des génériques et des médicaments innovants, le segment des médicaments non génériques non innovants va irrémédiablement décroître. Face à cette tendance, le modèle économique des pharmacies n’a pas suffisamment évolué pour ne pas subir cette baisse des prix et des volumes du segment peu innovant. On en revient à l’urgence de la transformation du métier.
Faut-il financer à tout prix les médicaments innovants ?
C’est une priorité pour garantir une amélioration de l’efficacité de notre système de santé. L’innovation est un cercle vertueux qui se crée en valorisant au juste prix les innovations, afin de générer des investissements en R & D croissants pour produire les innovations de demain.
Lire aussi :
– L’article « Présidentielle : les candidats vous passent la pommade » publié dans le Moniteur des pharmacies N° 3148 du 29 octobre.
– L’interview de Jean-François Copé « La fixation d’un taux unique de remboursement serait plus simple et plus lisible », publiée le 7 novembre.
– L’interview de François Fillon « Les médicaments dont le service médical rendu est insuffisant ne doivent pas être remboursés », publiée le 8 novembre.
– L’interview d’Alain Juppé « Avec les pharmaciens, je veux établir un véritable pacte de confiance », publiée le 9 novembre.
-L’interview de Bruno Lemaire « La filière officinale doit rester rentable et attractive pour les plus jeunes », publiée le 10 novembre.
- Economie officinale : les pharmaciens obligés de rogner sur leur rémunération
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