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L’inéluctable baisse
En 2022, la marge brute a connu une forte progression. Mais sur les six premiers mois de 2023, elle se dégrade en raison de la quasi-disparition de l’activité liée au Covid-19 et à l’augmentation des ventes de médicaments chers. Le point sur cette équation complexe à résoudre.
CONTRIBUTEURS
Julien Chauvin (FSPF)
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Joël Lecoeur (CGP)
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Selon Interfimo, le taux de marge brute globale a, en 2022, augmenté pour atteindre 33,1 %, l’activité liée au Covid-19 ayant représenté 2 points de marge sur les officines. Fiducial note une évolution moyenne en valeur absolue de + 15,9 % entre 2021 et 2022. Les données du groupement Conseil Gestion Pharmacie (CGP) montrent qu’hors Covid-19 la hausse de la marge brute globale atteint + 8 %, soit la même valeur qu’en 2021. Des chiffres qui corroborent ceux de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). La marge sur le marché du remboursable « hors Covid-19 » pour le premier semestre 2022 a affiché une croissance de + 5 % (versus + 21,7 % avec l’activité liée au Covid-19) par rapport à celle du premier semestre 2021, pour s’établir à plus de 3,18 milliards d’euros.
Mais en 2023, la situation change. Au 1er semestre 2023, la marge globale connaît une baisse de 0,1 %. Si l’on intègre le Covid-19, la chute est spectaculaire (- 23,9 %), la marge due spécifiquement à cette activité dégringolant de 94,9 % (source : FSPF). « La marge “Covid-19” représentait plus de 1 milliard d’euros sur les six premiers mois de 2022, soit quasiment la même somme que celle du chiffre d’affaires ‘“Covid-19” », note Julien Chauvin, président de la commission études et stratégie économiques de la FSPF.
Médicaments chers et marge faible
Les derniers mois de 2023 ne devraient pas changer la donne, malgré une légère reprise de l’épidémie de Covid-19 cet automne. Le milliard d’euros engrangé grâce aux activités liées au Covid-19 est bel et bien perdu. De plus, la vente des médicaments chers influent sur la marge. Pour Joël Lecoeur, expert-comptable au cabinet LLA et président du groupement CGP, alors que les officines margeaient à 95 % sur les activités « Covid-19 », sur les huit premiers mois de 2023, elles margent à… 5 % en moyenne avec les médicaments chers qui ont globalement remplacé les actes liés à la pandémie. « Mécaniquement, la marge brute globale des officines devrait donc baisser », explique-t-il. De janvier à août, elle est, selon les données de CGP, passée de 31,79 % à 28,69 %.
Outre les médicaments chers, les produits de la liste des produits et prestations, qui représentent 11 % de la rémunération des pharmaciens, jouent aussi un rôle dans la décroissance de la marge. « Les volumes sont plus importants mais les marges sur certains produits comme les bandelettes pour la glycémie ou les compléments nutritionnels oraux se sont effondrées en raison des baisses de prix de vente, alors que les prix catalogue ont connu une hausse », constate Julien Chauvin.
Quant à la marge sur les honoraires de délivrance, elle reste stable mais, comme le chiffre d’affaires, elle est corrélée à une augmentation des volumes. Or, selon la FSPF, ils ont commencé à diminuer en 2023.
« La situation économique des officines est aujourd’hui beaucoup plus complexe à analyser car l’évolution de la marge doit être mise en perspective avec les charges qui ont grimpé », commente Julien Chauvin. De fait, la rentabilité des officines s’amoindrit compte tenu du contexte inflationniste et de la hausse des salaires. C’est en fait là où réside le problème car les experts-comptables s’accordent à dire que, finalement, la profession retrouve un niveau de marge équivalent à celui de 2020, c’est-à-dire avant le Covid-19.
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