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«   Je mène des entretiens pharmaceutiques rémunérés à l’occasion du Moi(s) sans tabac   »

Publié le 17 novembre 2016
Par Olivier Jacquinot
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« Nous avons déjà trois personnes du quartier qui viennent nous voir régulièrement à l’officine pour arrêter de fumer, se réjouit Laurent Durengue, pharmacien place Carnot à Limoges (Haute-Vienne) et président d’Addictlim, réseau limousin de soins en addictologie. C’est beaucoup pour un début d’opération et c’est grâce à la campagne publicitaire nationale qui, indirectement, donne un coup de projecteur à notre profession. Or, cette opération Moi(s) sans tabac, telle que nous la menons en Haute-Vienne, offre une réelle opportunité de dépasser l’image du pharmacien comme simple dispensateur de médicaments, et d’imposer celle d’un professionnel de santé de proximité habilité à entretenir une relation directe avec le patient sur un sujet de santé précis ».

De fait, les officines du département ont la possibilité de mener en novembre des entretiens pharmaceutiques consacrés à l’arrêt du tabac et… rémunérés.

Ainsi, 140 des 157 pharmacies de la Haute-Vienne se sont montrées vivement intéressées. Afin de répondre à l’appel d’offres lancé par le ministère de la Santé sur les expérimentations à mener dans le cadre du Moi(s) sans tabac, l’ARS Nouvelle-Aquitaine s’est appuyée sur le réseau de lutte contre les addictions AGIR 33 qui, lui-même, a sollicité deux ambassadeurs, dont le réseau Addictlim en Limousin.

Celui-ci a proposé une tournée théâtrale de sensibilisation dans les établissements scolaires, et ces entretiens en officine. Pour mener ces actions, Addictlim a obtenu de la CNAM, via le fonds FNPEIS (Fonds national de prévention, d’éducation et d’information sanitaire) un budget significatif de 150 000 € permettant de financer jusqu’à 70 entretiens par pharmacie à raison de 15 euros l’entretien.

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Le dispositif, qui a reçu l’aval de l’Ordre, de l’URPS et de la FSPF 87 (syndicat majoritaire en Haute-Vienne), a été exposé aux pharmaciens lors d’une soirée de formation le 6 octobre et animée par Pierre Villéger, addictologue, au cours de laquelle a été remis un kit officine (affiche, guide pratique pour le professionnel, livrets-patient, cartes de rendez-vous, fiches de recueil de données…). « Il s’agit de formaliser ce que nous faisons déjà au comptoir, en s’appuyant sur un guide pratique destiné au professionnel et sur deux livrets-patient élaborés par la CPAM et l’Inpes », précise Laurent Durengue.

Concrètement, le pharmacien propose à toute personne souhaitant arrêter de fumer un entretien d’évaluation au cours duquel lui est remis le livret « Pour faire le point », après avoir rempli une feuille de « recueil des données » (en deux exemplaires, un pour l’officine, un autre conservé par le patient).

« L’opération est inspirée du “successfully” dispositif anglais Stoptober en matière d’arrêt du tabac. Nous sommes dans une démarche positive, rassurante, empathique. On insiste toujours sur les bienfaits qu’engendre l’arrêt du tabac. Lors de cette première phase, le but n’est pas de vendre des substituts nicotiniques. Un objectif simple est fixé avec le fumeur, puis un deuxième rendez-vous est fixé. Chaque patient peut bénéficier de cinq entretiens ».

Lors du deuxième entretien (qui peut se dérouler dans une autre officine), le second livret « Pour arrêter de fumer » sert à consolider la motivation du patient et l’aider à anticiper les effets positifs de l’arrêt. La feuille d’évaluation est remplie conjointement par le patient et le pharmacien lors de chaque entretien.

Fin novembre, chaque pharmacien enverra les fiches à Addictlim qui établira ainsi les statistiques et réglera les officines participantes. Comme il se doit. 