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Des médecins en campagne contre les déserts médicaux

Publié le 17 novembre 2016
Par Magali Le Bihan
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Alors que les parlementaires poussent le gouvernement à mettre en place le conventionnement sélectif à l’installation des médecins dans les zones surdotées, l’Union française pour une médecine libre (UFML) préfère lancer une campagne pour trouver des solutions palliant le manque de praticiens dans les territoires.

La lutte contre les déserts médicaux, zones du territoire où la présence des professionnels de santé est insuffisante par rapport aux besoins de la population, est devenue un véritable enjeu sanitaire et politique en France. Pour tenter d’y remédier, l’Union française pour une médecine libre (UFML), association regroupant des médecins du privé et du public, initie un mouvement appelé « 30 jours pour tout changer ».

Agir localement

Jérôme Marty, médecin généraliste à Fronton (Haute-Garonne) et président de l’UFML explique : «   Nous nous déplacerons tous les mois dans les territoires désertifiés et mettrons en contact différents protagonistes : élus locaux, soignants, industriels, syndicats… L’objectif est de trouver des solutions locales tenant compte des spécificités de chaque secteur, de les mettre en œuvre et d’étudier leur reproductivité dans d’autres zones désertifiées. Une sorte de labora toire d’expériences !   ». La première réunion de la campagne a eu lieu en avril, à La Roche-Derrien (Côtes-d’Armor), commune médiatisée en mars dernier pour le canular de son maire, Jean-Louis Even, qui prétendit recruter un druide guérisseur à défaut de candidature de médecins.

Rendre la profession attractive

La campagne « 30 jours pour tout changer » part d’un constat : aucune solution viable n’émerge du gouvernement et les médecins ne s’installent plus. «   Il faut redonner à la profession de médecin libéral une réelle attractivité. Aujourd’hui, même en offrant des cabinets aux jeunes médecins, sans même leur faire payer le rachat de la patientèle, ils ne viennent pas », confie Jérôme Marty. Les raisons ? Selon le praticien, la crise économique et les erreurs d’aménagement du territoire y sont pour beaucoup : la fermeture de commerces, de structures et d’écoles fait fuir les médecins. Pourtant, la population est en demande croissante. Elle vieillit, et le mal-être des Français, notamment des chômeurs, nécessite une prise en charge par le généraliste.

Alors quelles sont les solutions ? «   Il faut revaloriser les actes, pour compenser l’augmentation des charges qui mettent les cabinets en difficulté, inciter nos jeunes médecins à s’installer partout en France dans de bonnes conditions. Trop de diplômés partent à l’étranger, deviennent salariés d’hôpitaux ou renoncent à l’exercice de la médecine en travaillant pour des agences ou des laboratoires   », constate Jérôme Marty. Une des solutions émergeant de la campagne de l’UFML est de fixer un tarif local des consultations, dépendant des contraintes de chaque territoire, sans reste à charge pour le patient, grâce à des aides de l’Etat, des ARS, voire de financements privés.

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QUELLE IMPLICATION DES PHARMACIENS ?

«  Leur rôle est primordial puisqu’ils constituent un maillage du territoire et sont bien souvent la dernière lampe allumée. Leur exercice est intimement lié à la pratique des médecins, donc il faut nous battre ensemble pour reprendre les rênes de notre système de santé »