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La constipation de l’enfant

Publié le 3 novembre 2016
Par Patricia Peron
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La constipation est un symptôme courant concernant environ 3   % des enfants. Elle nécessite une prise en charge adaptée à l’âge et au mode d’alimentation, et parfois, un avis spécialisé.

De quoi s’agit-il ?

La constipation se définit comme une défécation plus rare que d’habitude, ou une émission difficile et douloureuse de selles dures.

La fréquence et la consistance des selles dépendent de l’âge, de l’alimentation et de chaque enfant. Les nourrissons ont en général 3 ou 4 selles par jour. Celles-ci sont plus compactes avec un lait industriel. Le nombre de selles diminue progressivement puis se stabilise autour de 3-4 ans.

La constipation est souvent associée à des ballonnements ou des douleurs abdominales.

Une constipation persistante se complique parfois d’un fécalome ou conduit à une incontinence fécale.

Quelles sont les causes ?

La constipation fonctionnelle est un transit lent accentué par certains facteurs :

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– Une rétention volontaire liée à des douleurs (suggérant une fissure anale), des difficultés lors de l’apprentissage de la propreté, un accès difficile aux toilettes ;

– Des facteurs diététiques : apport hydrique ou alimentaire insuffisant, passage du lait maternel au lait industriel, faible part de fibres, modification des habitudes alimentaires ;

– Un événement : voyage, état fébrile, circonstance stressante (séparation, changement scolaire).

La constipation peut être secondaire à une cause organique. Bien que rares, ces causes doivent être recherchées, car elles exigent un traitement spécifique : malformations anorectales, hypothyroïdie, maladie cœliaque. Les signes d’alerte d’une cause organique sont : résistance au traitement bien conduit, début avant l’âge de 3 mois, perte de poids ou ralentissement de la croissance. L’origine iatrogénique est possible : épaississant, sel de fer, opioïde, dérivé atropinique. Un traitement pris au cours de l’allaitement par la mère peut entraîner une constipation chez le nourrisson.

Quelle est la prise en charge ?

Le traitement est d’abord diététique et comportemental. Il doit être débuté le plus tôt possible pour éviter un cercle vicieux : constipation à l’origine de douleurs, entraînant une rétention.

Conseils diététiques : augmenter l’apport de boisson (eau, jus de fruits frais), choisir un lait permettant d’augmenter l’apport en lactose et de diminuer celui en caséine, apporter des fibres en avançant la diversification vers 4-5 mois, adopter une alimentation équilibrée chez l’enfant.

Mesures éducationnelles : présentation régulière à la selle, de préférence après les repas, sans contraintes excessives.

Les médicaments sont proposés en cas d’insuffisance du traitement diététique ou de constipation récidivante :

– Laxatifs osmotiques en premier lieu (macrogol à partir de 6 mois, lactulose) à doses croissantes pour une meilleure tolérance. En cas de constipation persistante ils seront poursuivis plusieurs mois, puis arrêtés progressivement ;

– Lubrifiants : paraffine per os, de façon occasionnelle chez le grand enfant ; suppositoires de glycérine ponctuellement afin d’éviter d’émousser le réflexe de défécation.

– Les laxatifs stimulants (bisacodyl, docusate sodique) ou anthracéniques (bourdaine, séné, cascara) sont à proscrire chez l’enfant en raison d’effets indésirables graves (diarrhée chronique, troubles hydro-électrolytiques). 

Sources : «   Evaluation and treatment of functional constipation in infants and children   », JPGN, volume 58, février   2014 ; «   La prise en charge de la constipation fonctionnelle chez l’enfant   », Paediatrics & Child Health , 16(10), 2011 ; « Constipation chez l’enfant », La Revue du praticien , vol. 66, janvier   2016 ; « Constipation chez un enfant   », Prescrire , mai   2015.

CE QUI DÉFINIT LA CONSTIPATION CHEZ L’ENFANT JUSQU’À 4 ANS*

Sur une période d’au moins 4 semaines, l’enfant présente au moins deux des critères suivants :

• 2 selles ou moins par semaine

• Comportement d’appréhension ou de rétention volontaire

• Histoire de selles douloureuses et/ou très dures

• Selles palpables dans le rectum ou à l’examen de l’abdomen

• Plus d’un épisode d’incontinence fécale par semaine chez un enfant ayant acquis la propreté

* selon les critères de Rome III

À DIRE AUX PARENTS

– Le dialogue avec les parents et l’enfant est essentiel afin de s’assurer de la compréhension du rôle de l’alimentation dans le transit, des conséquences de la rétention des selles et des objectifs du traitement.
– Les laxatifs osmotiques sont sans risque et le respect des posologies est primordial.
– Vérifier l’absence d’erreur dans la préparation du biberon : une cuillère mesure de poudre de lait pour 30 ml d’eau.