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- “Je voudrais arrêter de tousser”
1 Je questionne
Précisez la demande
« Depuis quand toussez-vous ? », « Avez-vous d’autres symptômes ? » déterminent le contexte. « La toux est-elle sèche ou grasse ? Elle est grasse si vous pouvez cracher après avoir toussé et si rien ne sort, elle est sèche » identifie le genre de toux, et donc le type d’antitussif à conseiller.
Recherchez certains critères
« Fumez-vous ? », « Toussez-vous à des moments particuliers : au réveil, la nuit, après un repas, un effort ? » font suspecter une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), un reflux gastro-œsophagien (RGO), un asthme…
Délimitez le conseil
« Prenez-vous d’autres médicaments ? » et selon le cas, « Êtes-vous enceinte ? », « Quel âge a l’enfant ? » repèrent des interactions avec les antitussifs.
2 J’évalue
Souvent secondaire à une infection ORL, la toux est un mécanisme de défense (voir Contexte). Si elle est sèche et très gênante, un antitussif peut être conseillé. Une toux grasse qui évacue les sécrétions se respecte. Un expectorant est éventuellement proposé, sans efficacité démontrée.
Seules les toux aiguës de moins de trois semaines sont prises en charge à l’officine. Un avis médical est nécessaire, quel que soit l’âge ou le contexte, dans certaines situations : sang dans les expectorations, difficultés respiratoires ou aggravation, fièvre élevée ou de plus de 48 heures, terrain asthmatique, personne avec coqueluche ou tuberculose dans l’entourage.
3 Je passe en revue
Antitussifs
• Opiacés : codéine (Codédrill, Dinacode, Néo-codion, Eucalyptine Le Brun, Poléry…), codéthyline ou éthylmorphine (Clarix Toux sèche, sirop Peter’s…), dextrométhorphane (Ergix, Clarix, Drill ou Fluimucil Dextrométhorphane, Tussidane…), noscapine (dans Tussisédal). Ils dépriment le centre de la toux au niveau central. Indications : dès 30 mois pour certains (Tussidane…). Effets indésirables (moins marqués pour le dextrométhorphane) : somnolence, vertiges, nausées, vomissements, constipation, effet dépresseur respiratoire. À savoir : des cas d’usage détourné du dextrométhorphane à des fins « récréatives » sont rapportés. Précautions : effet sédatif majoré avec la prise d’alcool ou d’autres dépresseurs centraux (hypnotiques…). Le dextrométhorphane expose à un syndrome sérotoninergique(1) en cas d’association avec d’autres médicaments sérotoninergiques (IMAO, antidépresseurs ISRS et IRSNA, triptans…). Contre-indications : asthme, insuffisance respiratoire ; les moins de 12 ans pour la codéine depuis 2015 (risque de dépression respiratoire).
• Antihistaminiques H1 : oxomémazine (Toplexil, Humex Toux sèche oxomémazine…), mépyramine (Clarix Toux sèche Dextrométhorphane Mépyramine), prométhazine (dans Fluisédal…). Ils inhibent l’action de l’histamine au niveau de la trachée et des bronches. Indications : dès 2 ans. Effets indésirables : sécheresse buccale, constipation, troubles de l’accommodation, risque de rétention urinaire, somnolence… ; confusions mentales, risque de chutes, notamment chez la personne âgée. Précautions : alcool (majore la somnolence), autres sédatifs ou atropiniques. Contre-indications : troubles urétro-prostatiques, glaucome par fermeture de l’angle.
• Pentoxyvérine : antitussif central avec action antispasmodique (Clarix Pentoxyvérine…). Indications : dès 6 ans. Effets indésirables : anticholinergiques, confusions mentales chez la personne âgée. Précautions : alcool, autres sédatifs ou atropiniques. Contre-indications : en cas de risque de rétention urinaire, de glaucome par fermeture de l’angle, d’insuffisance respiratoire ou d’asthme.
• Oxéladine : antitussif central sans effet dépresseur respiratoire (Paxéladine…). Indications : dès 30 mois. Effets indésirables : réactions allergiques.
• Extrait d’Helix pomatia : bronchorelaxant (Hélicidine) sans efficacité démontrée. Indications : dès 2 ans. Effets indésirables : allergies, troubles respiratoires.
• Adoucissants : dispositifs médicaux avec acide hyaluronique, glycérol formant un film protecteur sur les muqueuses (Petit Drill, Activox Toux sèche…). Indications : dès 6 mois pour certains.
• Plantes à mucilage : mauve, guimauve, coquelicot, violette, etc. En infusion pour les fleurs et les feuilles ; en décoction pour les racines de guimauve. Associées à d’autres plantes dans des antitussifs pour toux mixtes (Activox Toux sèche…). Indications : pas avant 3 ans pour la guimauve en vrac.
• Homéopathie : principalement Droséra, Rumex crispus 7 CH. Exemples : Drosétux sirop, Lehning Drosera Complexe N° 64 gouttes buvables à partir de 2 ans.
Fluidifiants
• Expectorants classiques : carbocistéine à 5 % chez l’adulte, 2 % chez l’enfant (Rhinathiol, Bronchokod, Broncoclar, Clarix, Humex Expectorant…) ; acétylcystéine à 200 mg (Fluimucil Expectorant, Exomuc…) et 600 mg (Mucodrill…), ambroxol (Surbronc Expectorant…), sulfogaïacol (Passédyl…). Ils sont associés à d’autres composants, parfois des dérivés terpéniques : guaïfénésine dans Vicks Expectorant guaïfénésine, Pulmofluide…, terpine (Terpine Gonnon, dans Euphonyll Expectorant, Pulmofluide…). Indications : dès 2 ans selon les molécules. Effets indésirables : troubles gastro-intestinaux ; ambroxol : réactions d’hyper-sensibilité parfois graves. Précautions : en cas d’ulcère gastroduodénal ou d’antécédents et en cas d’antécédents de convulsion ou d’épilepsie si dérivés terpéniques présents.
• Plantes à visée expectorante : lierre, grindelia, marrube blanc, réglisse… dans Prospan sirop, Activox Lierre… ; dans Néo-codion (association illogique avec la codéine !)… Précautions : marrube blanc déconseillé avant 12 ans.
• Homéopathie : principalement Antimonium tartaricum, Coccus cacti 7?CH.
Action mixte
Citons le plantain, les huiles essentielles d’eucalyptus radié, eucalyptus globuleux, thym, serpolet, cyprès… Exemples : Toplexil Phyto (dispositif médical avec extrait de plantain, thym et miel), Arko Royal Confort respiratoire avec des extraits de mauve, Gouttes aux essences Naturactive, Olioseptil Bronches gélules, Phytosun arôms Capsules bronches… Précautions : prudence en cas d’antécédents de convulsion ou d’épilepsie avec les huiles essentielles. En homéopathie : Stodaline sans sucre, Stodal, HoméoRub…
4 Je choisis
En fonction des symptômes
• Toux sèche gênante : opiacés plutôt qu’anti-histaminiques car meilleure balance bénéfice/risque. L’effet sédatif des anti-H1 est utile en cas de toux nocturne ou allergique.
• Toux grasse : mucolytiques si le patient est demandeur car efficacité limitée.
En fonction du patient
• Âge : demander à qui est destiné le produit ! Pas d’antitussifs ni de mucolytiques avant 2 ans (voir encadré), ni de codéine avant 12 ans.
• Grossesse : dextrométhorphane et codéine peuvent être utilisés(2).
• Personnes âgées : pas d’anti-H1 car risque de confusions, de chutes… et prudence avec les opiacés car risque de somnolence et de constipation.
• Asthme ou insuffisance respiratoire : pas d’opiacés, ni de pentoxyvérine.
• Diabète : privilégier des formes sans sucres ou des comprimés.
• Grossesse et sevrage alcoolique : vérifier l’absence d’alcool dans le sirop ou recourir à des comprimés.
• Patients nomades : sticks, sachets ou unidoses mais plus onéreuses.
5 J’explique
Le traitement de la toux est symptomatique. Consulter en l’absence d’amélioration après quatre à cinq jours de prise. Ne pas prendre simultanément un antitussif et un fluidifiant bronchique car illogique, mais il peut être nécessaire d’adapter le traitement selon l’évolution de la toux. Dans tous les cas, des mesures d’hygiène sont préconisées (voir ci-dessous) et peuvent suffire si la toux est modérée.
6 Je conseille
• Utilisation : pas plus cinq jours pour les antitussifs ; cinq à dix jours pour les mucolytiques, qui se prennent lors des repas en cas de troubles digestifs et au moins quatre heures avant le coucher pour éviter des expectorations nocturnes gênantes.
• Mesures associées : en cas de toux grasse, boire suffisamment pour fluidifier les sécrétions et dormir la tête surélevée. En cas de toux irritative, boire ou sucer des bonbons soulage transitoirement.
• Environnement : humidifier l’air ambiant s’il est trop sec, chambre maintenue à 19 °C, pas de tabac à la maison.
• Prévenir la contamination : tousser dans le pli du coude, utiliser des mouchoirs en papier à jeter dans une poubelle fermée. Se laver souvent les mains ou recourir à une solution hydro-alcoolique.
(1) Nausées, diarrhée, agitation, tremblements, myoclonies, tachycardie, hypertension, sueurs, hyperthermie, etc.
(2) Selon le Centre de référence sur les agents tératogènes chez la femme (www.lecrat.fr).
Le contexte
→ La toux est un réflexe naturel de défense de l’organisme permettant de drainer les voies respiratoires. Elle peut être sèche ou grasse (productive) en présence de sécrétions muqueuses. Une toux aiguë peut durer jusqu’à trois semaines. Au-delà de six à huit semaines, elle est chronique.
→ Elle est le plus souvent d’origine virale, liée à une infection respiratoire (bronchite, rhinopharyngite, trachéite…). Bénigne, elle guérit spontanément en quelques jours ou semaines, notamment chez l’enfant.
→ Autres causes : environnement (tabac, poussière…), infection bactérienne (coqueluche…), allergie respiratoire, asthme, reflux gastro-œsophagien, BPCO, cardiopathie, médicaments (IEC…), corps étranger inhalé, origine psychogène.
La toux du nourrisson
La toux est souvent associée à une infection respiratoire des voies aériennes supérieures et peut persister plusieurs jours ou semaines une fois l’infection guérie. Un avis médical s’impose devant des signes de gravité uniquement : détresse respiratoire, alimentation difficile (refus, fausses-routes pouvant faire suspecter une bronchiolite ou une laryngite aiguë…), toux émétisante, fièvre élevée ou mal supportée (enfant « abattu ») ou persistant plus de 48 heures.
• En pratique : respecter le réflexe de toux pour éviter tout encombrement bronchique que les fluidifiants sont susceptibles d’aggraver. Ainsi, les antitussifs, les dérivés terpéniques et les mucolytiques sont contre-indiqués avant l’âge de 2 ans (ANSM, 2010).
• Mesures : hygiène nasale pour désobstruer, mouche-bébé. Couchage sur le dos en position surélevée en glissant un coussin sous le matelas. Hydratation, chambre à 19-20 °C maximum, et humidification de l’air.
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