Tensiomètres connectés, décollage imminent ?
Ces dernières années ont vu arriver des tensiomètres connectés dans les rayons officinaux. Plus pratiques que leurs ainés pour le suivi des mesures, ces appareils nouvelle génération n’ont pour l’instant pas réussi à s’imposer. Mais la donne pourrait bientôt changer…
Le marché des tensiomètres se porte bien. « Il s’en vend chaque année en France environ 800 000, le parc global étant estimé entre 6 et 7 millions, souligne le docteur Nicolas Postel-Vinay, médecin dans l’unité d’hypertension artérielle de l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris, et fondateur du site automesure.com. Si l’on considère qu’il y a en France entre 14 et 15 millions d’hypertendus, il existe un réel potentiel de développement. » Un développement qui profite en premier lieu aux officines, circuit principal des achats. « On estime qu’en 2015, 490 000 tensiomètres ont été vendus en pharmacie, soit un CA de 19 M€ en progression de 5 % par rapport à 2014 », confie Laure Tranain, responsable grands comptes chez Omron, le leader mondial des tensiomètres.
Si l’automesure de la tension se démocratise, et bénéficie au circuit officinal, l’usage des modèles connectés reste très limité et leurs ventes demeurent confidentielles. Car ces accessoires dernier cri ont encore beaucoup de mal à séduire les patients hypertendus. Pour Stéphane Kerrien, Pdg d’iHealth Europe, Moyen-Orient et Afrique, ces réticences s’expliquent par deux grandes raisons. « Les études que nous avons réalisées montrent que les patients ne sont pas prêts à adopter les tensiomètres connectés de la première génération qui n’avaient pas d’écrans, et imposaient donc d’avoir un Smartphone et de télécharger une application pour pouvoir lire les résultats. » La seconde raison est d’ordre économique. Les premiers modèles connectés commercialisés par Withings, iHealth ou encore Visiomed ont été proposés à partir de 79 €, alors que les appareils traditionnels démarrent à 29 €.
INVERSER la tendance
Pour changer la donne, iHealth a décidé de faire évoluer sa stratégie. Ses deux derniers modèles, iHealth Track et iHealth View, permettent de prendre la tension avec ou sans Smartphone. « Le patient a la possibilité de consulter ses mesures sur l’écran du tensiomètre, mais il peut aussi en appuyant sur un bouton synchroniser ses données avec l’appli (et donc les partager Ndrl). » L’argument du prix a aussi été entendu puisque iHealth Track est commercialisé à 39,90 €. De son côté, Omron vient aussi de lancer un modèle hybride, le M7 Intelli IT, doté d’un écran et permettant de suivre ses résultats sur son Smartphone via l’application Omron Connect. « Ce modèle positionné haut de gamme au prix public recommandé de 90 € intègre un brassard préformé Intelli Wrap qui garantit une fiabilité à 360° de la mesure grâce à un indicateur d’installation correcte. Avec cette technologie exclusive, nous garantissons la même qualité de mesure que chez le médecin. » L’apparition de ces modèles hybrides semblent d’ailleurs déjà porter ses fruits à en croire Stéphane Kerrien. « Depuis cet été, le volume des sorties dans les officines commence à progresser. Sur iHealth Track, nous avons eu quatre fois plus de ventes que sur toutes nos autres références. »
Toutes les conditions semblent donc enfin réunies pour que la vente des tensiomètres connectés décolle à l’officine. « Mais il va falloir pour cela que les pharmaciens s’approprient le sujet, estime le docteur Nicolas Postel-Vinay. Or, pour eux, conseiller un produit qui combine des problématiques technologique et médicale reste compliqué. » Pour accompagner les pharmaciens, iHealth est en train de déployer une gamme complète d’outils de merchandising. « Nous proposons aussi de plus en plus d’aide à la vente aux groupements qui le souhaitent, précise Stéphane Kerrien. Nous organisons notamment des formations en officine afin d’aider les équipes à mieux comprendre notre gamme et à mieux la conseiller. »
IMPLIQUER les pharmaciens
Mais le principal frein à lever reste celui du suivi des données d’automesure qui, sur le papier, peuvent être très facilement partagées par le patient avec son entourage ou les professionnels de santé qu’il côtoie. Le hic ? Aujourd’hui, très peu de médecins sont équipés pour recevoir ces datas. « Ils restent aussi très attachés à la pratique de la prise de tension, observe Stéphane Kerrien. Et ils ne veulent pas porter la responsabilité en cas de mauvaise mesure réalisée par le patient. » Cette réticence des généralistes pourrait profiter aux pharmaciens. Ainsi, iHealth leur propose gratuitement une application multi utilisateurs qui permet de suivre à distance les données des patients de l’officine. « Il suffit pour cela de demander à ses clients s’ils sont d’accord pour le partage, précise Stéphane Kerrien. L’équipe officinale est avertie par mail lorsqu’une nouvelle mesure est disponible dans l’application sur le compte du patient. » La prochaine étape sera celle de l’intégration des données dans les LGO. Celle de la rémunération des pharmaciens pour ce type de service reste, elle, au stade du vœu pieux…
ON EN PARLE
TRAVAUX
Le service PharmaVie
Via un casque de vision panoramique 360°, le groupement Plus Pharmacie permet aux pharmaciens qui sont en train de faire des travaux d’agencement ou de mettre en place le concept PharmaVie, de visualiser leur pharmacie en réalité augmentée. En se déplaçant, et en tournant la tête, le pharmacien déambule comme s’il y était dans sa nouvelle officine grâce à un environnement 3D réaliste. Cet outil innovant a pour objectif de conforter les pharmaciens dans leurs choix.
Y.R.
BONNES FEUILLES
Vos clients-patients évoluent. Le consommateur devient dépendant de son Smartphine, se forge une opinion sur les réseaux de santé. Comment mieux l’appréhender ? Procurez-vous le nouvel ouvrage « Le consommateur digital » paru aux Editions Eyrolles, rédigé par le marketer Nicolas Riou (204 pages – 22 €).
M.L.
ELECTIONS
Le Leem vient de mettre en ligne le site lasantecandidate.fr. Positionné comme le premier comparateur de programmes de santé des candidats à la présidentielle de 2017, celui-ci passe en revue tous les grands items : la prévention, la recherche, les remboursements…
Y.R.
L’APPLI DU MOIS
Editée par Arrow Génériques, Abox Note est une application qui permet à un patient de partager avec son pharmacien ses indices physiologiques et biologiques : poids, pression artérielle, activité physique, cholestérol, diabète, sommeil… Renseignées manuellement ou via des objets connec- tés, ces données sont stockées chez un hébergeur agréé de santé. En téléchargeant l’application, le pharmacien accède aux rapports individuels sur la santé et le bien-être de ses patients, et peut ainsi identifier les points sur lesquels ils ont besoin d’être suivis et conseillés.
Y.R.
DESTOCKAGE
Vous avez des produits à déstocker ? Moyennant une commission fixée à 2 % pour l’acheteur et le vendeur, la plateforme de déstockage Le comptoir des Pharmacies permet aux pharmaciens inscrits sur le site de déstocker leur surplus de médicaments ou de produits de parapharmacie. La livraison est assurée par la plateforme. Les frais de port sont à la charge de l’acheteur.
Y.R.
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