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Tixtar, anti-infectieux intestinal

Publié le 16 décembre 2023
Par Yolande Gauthier
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La rifaximine (Tixtar) est un traitement anti-infectieux intestinal utilisé pour prévenir les rechutes d’épisodes d’encéphalopathie hépatique clinique. Disponible sous autorisation temporaire d’utilisation depuis 2015 à l’hôpital, il est à présent accessible en ville.

 

Indications 

Tixtar est indiqué dans la prévention des rechutes d’épisodes d’encéphalopathie hépatique clinique chez les patients adultes âgés de 18 ans et plus.

Sa prise en charge est restreinte à la prévention des rechutes d’épisodes d’encéphalopathie clinique récidivante (avec au moins 2 antécédents d’encéphalopathie hépatique) et après élimination des facteurs déclenchants. La rifaximine est principalement utilisée en association avec le lactulose laxatif afin de diminuer l’ammoniémie.

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Mode d’action

La rifaximine est un antibiotique à large spectre de la classe des rifamycines. Elle inhibe la synthèse d’ARN bactérien en se liant irréversiblement à la sous-unité β de l’enzyme bactérienne ARN polymérase ADN-dépendante.

La rifaximine est active contre la plupart des bactéries aérobies et anaérobies à Gram positif et négatif, y compris les espèces produisant de l’ammoniac. Elle peut inhiber la division des bactéries responsables de la désamination de l’urée, ce qui réduit la production d’ammoniac et des autres composés considérés comme importants dans la pathogenèse de l’encéphalopathie hépatique.

Posologie 

La posologie recommandée est de 550 mg 2 fois par jour, en traitement à long terme.

Contre-indications

Cas d’occlusion intestinale.

Hypersensibilité à l’un des composants ou aux dérivés de la rifamycine.

Grossesse et allaitement

Par mesure de précaution, l’utilisation pendant la grossesse n’est pas recommandée.

Interrompre soit l’allaitement soit le traitement selon les bénéfices pour l’enfant et la mère.

Effets indésirables 

Une dépression, une sensation vertigineuse, des céphalées, une dyspnée ou un œdème périphérique sont souvent observés, de même que des nausées, des douleurs abdominales, une ascite, un prurit, un rash cutané, des spasmes musculaires ou des arthralgies.

Interactions médicamenteuses

L’administration de rifaximine avec d’autres rifamycines n’est pas recommandée : une perturbation sévère de la flore intestinale aux conséquences inconnues est possible.

Une attention particulière doit être apportée si la coadministration de rifaximine avec un inhibiteur de la P-gp comme la ciclosporine est nécessaire : augmentation de l’exposition à l’anti-infectieux.

A quoi est-elle due ?

 

Comment le diagnostic d’EH clinique est-il posé ?

   

Fiche technique

Rifaximine 550 mg pour un comprimé pelliculé ovale et rose, boîte de 56, 195,45 €, remb. SS à 65 %, AMM : 34009 300 096 6 6.

Alfasigma : 01 45 21 02 69

Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

Dites-le au patient

– Prendre les comprimés avec un verre d’eau, pendant ou en dehors des repas.

– Le traitement peut entraîner une coloration rougeâtre des urines.

L’encéphalopathie hépatique

L’encéphalopathie hépatique (EH) est une complication des maladies du foie, en particulier de la cirrhose, qui se manifeste par des troubles neurologiques et neuropsychiatriques. Elle concerne 10 à 15 % des patients cirrhotiques et jusqu’à 30 à 45 % des patients hospitalisés pour une décompensation de cirrhose.

La physiopathologie de l’EH n’est pas complètement connue, mais elle associe la libération de substances neurotoxiques d’origine intestinale, telles que l’ammoniac et les mercaptans, et l’altération de la neurotransmission. L’accumulation d’ammoniac, particulièrement toxique, est elle-même due à la fois à une production accrue par les entérocytes et à une élimination moindre de l’ammoniac. On distingue trois formes d’EH. L’EH aiguë cliniquement patente, ou EH clinique, est consécutive à un facteur déclenchant (hémorragie digestive, constipation, déshydratation, consommation excessive de protéines, insuffisance rénale, infection, etc.) ; c’est la forme la plus fréquente. L’EH chronique cliniquement patente, souvent consécutive à une anastomose porto-cave chirurgicale et qui entraîne des hospitalisations répétées, et l’EH infraclinique ou minime, difficile à dépister mais favorisant l’EH clinique, sont des formes plus rares. L’anastomose porto-cave chirurgicale ou transjugular intrahepatic portosystemic shunt (Tips) correspond à la mise en communication du système veineux du foie avec la veine cave dans le but de diminuer la pression portale et d’empêcher les hémorragies digestives par rupture de varices œsophagiennes ou gastriques.

Le diagnostic repose à la fois sur les manifestations cliniques et les examens complémentaires. Les symptômes les plus fréquents sont une confusion appelée delirium, aiguë ou chronique, avec désorientation dans le temps et dans l’espace ainsi qu’une désorganisation du cours de la pensée avec une activité psychomotrice diminuée (léthargie) pouvant aller jusqu’au coma. L’ammoniémie, l’électroencéphalogramme, l’imagerie et le test de dénomination des animaux aident au diagnostic. A noter que si l’absence d’hyperammoniémie élimine le diagnostic d’EH, sa présence ne signe pas obligatoirement une EH. Les examens plus ou moins sophistiqués tels que l’imagerie cérébrale, le scanner ou l’imagerie par résonance magnétique cérébrale permettent à la fois d’éliminer des diagnostics différentiels et de confirmer le diagnostic.

Delphine Guilloux

L’avis de la HAS

– Service médical rendu important dans l’indication remboursée

– Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV)

– Population cible estimée entre 11 500 et 13 500 patients par an

Délivrance

– Liste I

– Prescription réservée aux médecins internistes et aux hépatogastroentérologues