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Huiles essentielles à cétones

Publié le 8 janvier 2017
Par Anne-Hélène Collin
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Possédant de nombreuses propriétés, mais neurotoxiques, les HE à cétones (thuyone, menthone, camphre ou bornéone…) sont à utiliser avec prudence et discernement. Certaines sont réservées au monopole pharmaceutique.

PROPRIÉTÉS

Mucolytiques majeures.

Lipolytiques puissantes.

Cicatrisantes et réparatrices cutanées par voie locale.

Cholagogue et cholérétiques.

Anti-infectieuses, antiparasitaires.

A faibles doses : stimulantes du système nerveux central (excitantes à fortes doses).

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Particularités :

– le camphre est décontractant musculaire, antalgique, rubéfiant ;

– les italidiones sont anti-inflammatoires, anti-œdémateuses et permettent la résorption des hématomes ;

– la menthone est spasmolytique.

INDICATIONS PRINCIPALES

Infections mucopurulentes de la sphère respiratoire basse, ainsi que de la sphère gynécologique.

Le camphre est recherché dans les douleurs musculaires ou tendineuses.

Les italidiones de l’hélichryse italienne permettent d’atténuer les hématomes.

Chez l’adulte uniquement (excepté les italidiones, possibles chez l’enfant).

POSOLOGIE ET VOIES D’ADMINISTRATION

Par voie locale, à privilégier car possédant un risque toxique moindre : 1 à 2 gouttes d’HE dans la même quantité d’huile végétale, en regard de l’organe cible.

Eventuellement par voie vaginale : en ovules gynécologiques (préparations magistrales).

Le traitement doit être le plus court possible.

PRINCIPAUX EFFETS INDÉSIRABLES

Neurotoxicité : les HE à cétones, hautement lipophiles, passent la barrière hémato-encéphalique et détruisent les gaines de myéline (action lipolytique), pouvant entraîner des lésions irréversibles du système nerveux central selon les quantités administrées : désorientation, vertiges, excitation, stupéfaction puis coma, crises convulsives pouvant aller jusqu’au décès.

A doses élevées ou répétées, les HE à cétones peuvent devenir psychotropes. Thuyone, pinocamphone, fenchone, pulégone comptent parmi les plus toxiques. A l’inverse, les italidiones ont une toxicité réduite faisant de l’hélichryse italienne l’une des rares HE applicable chez l’enfant.

Contracturant musculaire (risque abortif).

PRÉCAUTIONS D’EMPLOI, CONTRE-INDICATIONS

La voie orale présente le risque toxique le plus élevé et ne doit pas être utilisée.

La voie respiratoire (inhalation, diffusion) est déconseillée, en raison de la facilité pour les HE de gagner le système nerveux central. Eviter la voie rectale également.

Contre-indications formelles :

– femmes enceintes, particulièrement en raison du risque abortif ;

– atteinte du système nerveux, notamment épilepsie, en raison de la neurotoxicité marquée ;

– femme allaitante ;

– enfant (sauf hélichryse italienne).

RÉGLEMENTATION

D’après le décret du 3 août 2007, la vente des HE à thuyone et pinocamphone est réservée au pharmacien d’officine : HE de sauge officinale (mais pas de sauge sclarée), de thuya du Canada ou cèdre blanc (mais pas de cèdre de l’Altlas), d’hysope officinal (mais pas d’hysope couché), de grande et de petite absinthe, d’armoise… §

Sources : P.   Franchomme, D.   Pénoël, L’aromathérapie exactement, édition Roger Jollois, 1990 ; D. Baudoux, Les cahiers pratiques d’aromathérapie selon l’école française, tomes 1 et 5, 2002 et 2006 ; F.   Millet, Le grand guide des huiles essentielles, Marabout, 2015 ; R.   Tisserand, R. Young, Essential oil safety, 2 nd  edition, Churchill Livingstone Elsevier, 2014 ; ema.europa.eu ; Pharmacopée européenne, 4 e  édition ; Société Française d’Ethnopharmacologie ; J. Fleurentin, Du bon usage de l’aromathérapie, éditions Ouest-France, 2016.

PRINCIPALES HE À CÉTONES

Sauge officinale*(sommités fleuries) Salvia officinalis (Lamiaceæ). 13-48,5 % de α thuyone, 4-19 % de β thuyone, 7,3-50 % de camphre
Menthe poivrée(feuilles) Mentha x piperita (Lamiaceæ). 14-32 % de menthone, 1,5-10 % d’isomenthone, < 4 % de pulégone, présence de pipéritone et carvone
Romarin CT verbénone (sommités fleuries) Rosmarinus officinalis verbenoniferum (Lamiaceæ). 15-37 % de verbénone, 1-17 % de camphre
Romarin CT camphre (sommités fleuries) Rosmarinus officinalis camphoriferum (Lamiaceæ). 21-30 % de camphre, 0-6,3 % de verbénone
Hélichryse italienne ou immortelle (sommités fleuries) Helichrysum italicum (Lamiaceæ). 10-20 % d’italidiones
Lavandin super, lavandin abrial (sommités fleuries) Lavandula x hybrida clone super, clone abrial (Lamiaceæ). 5-10 % de camphre
*HE réglementée