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Erick Roche, président du Gemme
Président de Teva Laboratoires, Erick Roche est depuis juin 2015 le président du Gemme, l’association des industriels des médicaments génériques. Il dresse le bilan de l’année 2016 et évoque les perspectives du marché des génériques pour 2017.
Quel bilan du marché du générique dressez-vous pour l’année 2016 ?
Erick Roche :A fin novembre 2016, nous enregistrons une croissance de 3,4 % des ventes en unités du Répertoire. Cette progression est principalement due au lancement de nouveaux groupes génériques. L’augmentation du taux de substitution et, dans une moindre mesure, de la prescription dans le Répertoire contribuent aussi à cette évolution. La mise sous entente préalable de Crestor peut expliquer une partie de la progression de la prescription dans le Répertoire qui affiche d’ailleurs une hausse de 1,5 point par rapport à 2015.
En termes de valeur, le marché a progressé de 3,1 %, ce qui conduit à une baisse du prix fabricant hors taxe de 2,6 %. L’essentiel du travail est toujours réalisé par les pharmaciens. Le générique représente 19 % du marché pharmaceutique remboursable en valeur et 36 % en volume.
Avez-vous pu mesurer les effets de la campagne nationale de promotion du générique ?
Nous n’avons pas encore de résultats tangibles. Mais nous sommes confiants. 2017 devrait également être l’année de plein rendement du Plan génériques. Nous attendons une grande année 2017 pour les génériques, confortée par le lancement de nouveaux produits dans de nouvelles pathologies, y compris contre le VIH. Ces deux prochaines années devraient être, ce que l’on appelle une « nouvelle falaise des brevets », avec la tombée de brevets de médicaments princeps qui concernent un nombre réduit de patients, mais dont les génériques permettront des économies importantes.
Les baisses de prix des génériques ne risquent-elles pas d’être un frein au développement du marché ?
Depuis 2013, nous assistons à une forte érosion des prix. Même si en 2016 le PFHT moyen s’établit à 3,87 €, nous subirons encore des baisses de prix en 2017. Nous avons néanmoins négocié avec le Comité économique des produits de santé (CEPS) une sanctuarisation des prix inférieurs ou égaux à 3 €. Et nous avons pu réduire l’effort attendu par le CEPS pour revenir aux proportions des années précédentes – environ 130 millions d’euros. Dans ces négociations, les laboratoires n’ont pas reporté l’impact des baisses de prix sur les autres acteurs. L’impact pour les pharmaciens a donc également été atténué. Tout ce qui réduit la pression sur les génériques bénéficie à l’ensemble de la chaîne. Et, ce qui est important, nous avons le sentiment d’avoir été entendus par le CEPS.
Le plafonnement des remises a-t-il eu des conséquences sur le marché ?
L’objectif du relèvement du plafond en 2014 était d’assainir le marché suite à des dépassements constatés de l’ancien plafond. Nous n’avons pas le chiffre pour 2016, mais en 2015, les informations publiées mentionnent environ 35 à 36 % de remises. En revanche, il y a nécessité de clarifier les éléments qui doivent être inclus dans le périmètre du plafond défini par l’article L. 138-9 du code de la Sécurité sociale*, car ce dernier conduit à des interprétations. Nous ne pouvons pas vivre avec cette incertitude, pharmaciens et industriels doivent travailler dans un univers serein et clair.
Quels leviers peuvent développer le marché ? Augmenter le taux de substitution serait-il favorable au développement des génériques ?
Le taux de substitution doit être maintenu, mais le principal relais de croissance est l’élargissement du recours au Répertoire. Le paracétamol reste une exception. Le vrai effort doit porter sur les prescriptions qui échappent au Répertoire. Le sujet de la santé et de son coût va être abordé lors de la campagne présidentielle. On devrait donc parler des génériques. 77 % des Français y sont favorables et préfèrent leur développement à une diminution du taux de remboursement. Les volumes devraient augmenter. Nous devrions donc avoir devant nous un bon nombre d’années favorables.
Les génériques vont-ils rester une manne pour les pharmaciens ?
Le générique représente une part importante dans l’économie de l’officine. Toutefois les pharmaciens ne peuvent pas dépendre d’un seul segment du marché. Ils réfléchissent à leur modèle économique, l’évolution de leur métier, de leurs services, leur valeur ajoutée, mais aussi à l’optimisation du réseau. L’officine est le dernier réseau de distribution à ne pas être centralisé en termes d’achat. Les pharmaciens doivent faire évoluer l’ancien modèle. Ils ont un rôle de santé publique incroyable à jouer demain.
* L’article 138-9 du code de la Sécurité sociale concerne « les remises, ristournes et avantages commerciaux et financiers assimilés de toute nature, y compris les rémunérations de services » des médicaments remboursables et des génériqus inscrits ou non au Répertoire. Pour les génériques, le plafond est fixé par arrêté. Cet article est sujet à des interprétations sur ce qui doit être inclus dans le plafond par exemple pour les génériques remboursables et non remboursables.
GÉNÉRIQUES ET BIOSIMILAIRES
Les génériqueurs vont-il investir dans les biosimilaires ? « Une analyse rapide conclurait que les génériqueurs sont les mieux placés pour se lancer dans les biosimilaires, mais la réalité est plus complexe. Les produits biologiques sont plus coûteux à développer et nécessitent des moyens que tous les acteurs ne voudront ou ne pourront mobiliser », explique Erick Roche. Le Gemme est très favorable à l’interchangeabilité. « Nous souhaitons un développement harmonieux de ce marché avec les pharmaciens, sans créer de défiance chez les patients et médecins, comme cela a été le cas pour le générique. Il faut impliquer tous les acteurs pour ne pas répéter la même erreur », expose son président. Le Gemme devrait prochainement faire connaître sa position sur ce sujet.
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