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Les médicaments ototoxiques
L’ototoxicité est une manifestation iatrogène potentiellement irréversible après l’arrêt du traitement. Aminosides et dérivés du platine sont les plus incriminés.
De quoi s’agit-il ?
Il s’agit de médicaments toxiques pour l’oreille interne ou le nerf auditif.
Le mécanisme exact de la toxicité est mal connu, mais les médicaments ototoxiques sont capables de diffuser dans les liquides labyrinthiques et, en fonction de leur tropisme, d’imprégner la cochlée (organe de l’audition) et/ou le vestibule (organe de l’équilibration), où ils provoquent des lésions.
Quels en sont les effets ?
Les manifestations apparaîssent progressivement ou brutalement.
Une atteinte de la cochlée provoque des acouphènes (perceptions sonores anormales à type de sifflements ou de bourdonnements), signe le plus fréquent d’ototoxicité, et/ou une hypoacousie.
Une atteinte vestibulaire se manifeste par des vertiges et des troubles de l’équilibre parfois accompagnés de nausées et vomissements.
Quels sont les principaux médicaments ototoxiques ?
ANTIBIOTIQUES
Les aminosides sont responsables d’atteintes vestibulaires et cochléaires (souvent bilatérales) généralement irréversibles, se manifestant quelques jours à quelques semaines après le début du traitement. Les gouttes auriculaires à base d’aminosides sont contre-indiquées en cas de perforation tympanique.
Des pertes d’audition bilatérales, souvent réversibles, ont été rapportées avec l’érythromycine, surtout à fortes doses ou chez les insuffisants rénaux.
La polymyxine B est réputée ototoxique. La prescription de gouttes auriculaires en contenant requiert une vérification de l’état tympanique.
ANTICANCÉREUX
Les dérivés du platine sont responsables d’acouphènes (transitoires ou permanents) et d’hypoacousies bilatérales définitives. Le cisplatine est l’anticancéreux le plus ototoxique.
Les vinca-alcaloïdes (vinblastine et vincristine surtout) exposent à des surdités réversibles.
ANTI-INFLAMMATOIRES
Les AINS (naproxène et coxibs notamment) et les salicylés en surdosage peuvent être responsables d’atteintes cochléaires et vestibulaires généralement réversibles.
AUTRES
Les diurétiques de l’anse — notamment lorsqu’ils sont utilisés par voie IV et chez l’insuffisant rénal — sont impliqués dans la survenue d’atteintes cochléaires transitoires.
La quinine et la chloroquine peuvent induire, même à faibles doses, un cinchonisme associant vertiges, acouphènes, hypoacousie, troubles de la vision, céphalées et vomissements, qui peut se compliquer d’une insuffisance rénale aiguë.
La lidocaïne peut provoquer des acouphènes et des vertiges. Les gouttes auriculaires en contenant sont contre-indiquées en cas de perforation tympanique.
Quels sont les facteurs favorisants ?
Liés au patient : très jeune ou grand âge, déshydratation et altération de la fonction rénale, surdité de perception préexistante, perforation tympanique (en cas de traitement auriculaire local ototoxique), vulnérabilité génétique.
Liés au médicament : dose et durée de traitement, association à un autre médicament ototoxique ou néphrotoxique.
Sources : Thésaurus ANSM septembre 2016 ; Association des malentendants et devenus sourds Midi-Pyrénées, amds-midi-pyrenees.asso.fr ; Cercle des sourds de Nancy-Lorraine, csnl.fr ; France-acouphenes.org ; Atteintes-toxiques, orl-hopital-lariboisiere.com ; « Perte d’audition d’origine médicamenteuse », La Revue Prescrire, n° 368, juin 2014.
EN PRATIQUE
– Lors de la délivrance d’un médicament ototoxique : veiller au contrôle de la fonction rénale du patient, l’inciter à prendre rapidement contact avec son médecin en cas de survenue des premiers signes d’ototoxicité (acouphènes, vertiges, baisse d’audition).
– Attention aux patients porteurs d’aérateurs transtympaniques : les seuls antibiotiques locaux indiqués sont l’ofloxacine, la ciprofloxacine ou la rifamycine.
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