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La lèpre

Publié le 4 février 2017
Par Patricia Peron
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Bien que la lèpre ait nettement régressé au niveau mondial ces vingt dernières années, entre 70 et 90 nouveaux cas sont détectés chaque année en France dans les départements, régions et collectivités d’outre-mer et une vingtaine en métropole chez des sujets ayant séjourné en zone d’endémie.

De quoi s’agit-il ?

La lèpre est une infection chronique due à une bactérie, Mycobacterium leprae ou bacille de Hansen (BH).

Peu contagieuse, c’est une maladie à incubation longue (5 à 20 ans). L’homme est le principal réservoir. La contamination se fait à partir des sécrétions nasales, lors de contacts étroits et fréquents avec un sujet infecté non traité. Le patient peut transmettre le germe avant l’apparition des premiers symptômes.

Devenue très rare dans les pays industrialisés, elle est toujours présente dans certaines régions comme l’Inde, l’Indonésie et le Brésil.

Comment se manifeste-t-elle ?

La maladie provoque des lésions cutanées et nerveuses.

Les signes cutanés révèlent la maladie dans 90 % des cas. On distingue différentes formes :

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– la lèpre indéterminée, considérée comme un stade initial, se manifeste par une lésion cutanée maculeuse à contours flous, puis régresse spontanément ou évolue vers une forme tuberculoïde ou lépromateuse ;

– la forme tuberculoïde, chez les personnes immunocompétentes, est pauvre en bacilles. Elle engendre des lésions cutanées peu nombreuses, maculeuses ou infiltrées, larges et toujours hypoesthésiques ou anesthésiques ;

– la forme lépromateuse, liée à une faible immunité, est très riche en bacilles. Elle constitue la principale source de contamination. Les lésions cutanées sont nombreuses, maculeuses, petites et non anesthésiques ;

– les formes de transition qui évoluent vers la forme tuberculoïde ou lépromateuse.

L’atteinte neurologique est présente dans toutes les formes. Elle provoque une hypertrophie des nerfs périphériques, signe caractéristique de la lèpre. A un stade plus évolué, elle peut entraîner des troubles sensitifs (hypoesthésie ou anesthésie) et/ou moteurs (diminution de la force musculaire, amyotrophie, paralysie).

Quelles sont les complications ?

Elles sont neurotrophiques et ostéo-articulaires : plaies, maux perforants, ostéites, ostéo-arthrites, déformations, lyses osseuses, amputations des doigts et des orteils, surinfections, fractures.

Des complications immunologiques aiguës peuvent survenir de façon spontanée ou à la suite du traitement.

Ces conséquences invalidantes de la lèpre expliquent les réactions de peur et les exclusions sociales dont les malades sont victimes.

Quel est le traitement ?

Le schéma thérapeutique dépend de l’intensité de l’infection. En zone d’endémie, l’OMS distingue deux groupes. La lèpre paucibacillaire est traitée pendant 6 mois par 600 mg de rifampicine 1 fois/mois associée à 100 mg/jour de dapsone. En cas de lèpre multibacillaire, on ajoute de la clofazimine, réservée à l’usage hospitalier, pendant 12 à 24 mois.

Il existe d’autres alternatives thérapeutiques : fluoroquinolones, minocycline, clarithromycine.

Le traitement pris à un stade précoce permet la guérison.

La chirurgie est parfois nécessaire pour corriger certaines déformations. 

Sources : Un mal perforant plantaire dû à la lèpre, P. Bourée, A.   Labaudinière, L.   Montenegro Dos Santos, feuillet de biologie, N°   328, janvier   2016 ; Aspects actuels de la lèpre, La Revue du praticien , vol 62, juin   2012 ; Lèpre (Maladie de Hansen), Thérapeutique Dermatologique, B.   Flageul, avril   2014 ; La Lèpre Aide-mémoire, OMS, octobre   2016 ; Lèpre, fiche info, Institut Pasteur, janvier   2013.

À SAVOIR

– La lèpre est une infection polymorphe et peu contagieuse.
– Elle est invalidante à long terme en l’absence de traitement.
– La prise précoce d’antibiotiques permet une guérison sans séquelles.