- Accueil ›
- Profession ›
- Interpro ›
- Exercice coordonné : le numérique, indispensable pour réussir

© Getty Images/iStockphoto
Exercice coordonné : le numérique, indispensable pour réussir
L’exercice coordonné implique forcément des échanges entre les professionnels de santé. D’où l’importance de disposer d’outils informatiques répondant aux besoins de l’équipe.
Equipe de soins primaires (ESP), maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) : quelle que soit la structure, l’équipe pluriprofessionnelle qui travaille de façon coordonnée a besoin d’échanger des informations sur le patient : documents (ordonnance, compte rendu, résultats d’examens, etc.), photos (par exemple, de plaies)… Avec un maître mot : la sécurisation des données.
Le dossier médical partagé
Le logiciel métier de chaque professionnel libéral constitue la base numérique. Avec le Ségur du numérique en santé, les logiciels ont évolué et intègrent désormais de nouvelles fonctions afin de permettre des échanges avec le patient et entre les professionnels de santé qui le prennent en charge. Premier outil : le dossier médical partagé (DMP). Désormais, le DMP est hébergé au sein de Mon espace santé dont chaque assuré social dispose. Ce DMP est aussi bien à la main de l’usager qu’à celle des professionnels de santé. Ainsi, l’usager peut ajouter tous les documents qu’il souhaite (ordonnances, résultats d’analyse, etc.). Quant aux professionnels, médecin traitant, pharmacien, praticiens d’un établissement de santé, infirmière, etc., ils ont également la possilité d’envoyer des documents. Par exemple, le médecin traitant peut déposer dans le DMP le volet médical de synthèse ou des résultats d’examens biologiques, le pharmacien une attestation de vaccination ou un bilan partagé de médication. Le dossier médical peut être complété d’un « profil médical » (mesures, allergies, antécédents familiaux, hospitalisations, etc.) renseigné par l’usager s’il le souhaite.
Par conséquent, le DMP permet un premier niveau de partage d’informations, sachant que les professionnels de santé n’ont pas accès à toutes les données de santé du patient. En effet, chaque profession dispose d’un niveau d’habilitation selon ses besoins. Ainsi, un kinésithérapeute n’a pas accès aux résultats biologiques.
Le DMP est sans conteste un outil pertinent. Néanmoins, tous les assurés sont loin d’avoir « ouvert » leur espace santé numérique. En mai 2023, ils n’étaient que 8,6 millions à l’avoir activé, selon la caisse d’assurance maladie. En revanche, côté pros, les logiciels référencés Ségur et mis à jour dans ce sens visent à faciliter l’accès au DMP des patients et au dépôt de documents.
Les messageries de santé sécurisées
Autre outil digital essentiel : la messagerie entre professionnels de santé. Cette boîte mail doit impérativement assurer la confidentialité des données de santé partagées. Il existe aujourd’hui plusieurs messageries sécurisées de santé (MSSanté) répondant aux critères de conformité établis pour les MSSanté. Là encore, les logiciels « Ségur » doivent favoriser leur utilisation par les professionnels. Selon l’Agence du numérique en santé (ANS), 317 151 en sont déjà équipés en octobre 2023. Il n’en demeure pas moins qu’ils ne les emploient pas forcément. Beaucoup préfèrent avoir recours à leur propre messagerie (Orange, Gmail, etc.) bien qu’elles ne soient pas sécurisées et aux messageries instantanées comme WhatsApp. Une messagerie particulièrement utilisée lors de la crise sanitaire du Covid-19, mais qui n’offre en fait aucune sécurité pour des échanges de données sensibles. Cependant, les messageries instantanées présentent l’avantage, dans le cadre de l’exercice coordonné, de permettre des échanges rapides et plus informels. A priori, certains éditeurs de logiciels élaborent de telles messageries et les intègrent dans le logiciel métier.
Des solutions numériques existent déjà. On peut citer l’exemple de l’application Globule, développée en Nouvelle-Aquitaine. Dans le cadre du projet des équipes de soins coordonnées autour du patient (Escap), un outil informatique a également été développé.
Les systèmes d’information
Un système d’information (SI) commun peut néanmoins être nécessaire au sein d’une structure d’exercice coordonné, comme une équipe de soins primaires (ESP), une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) ou une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS). Grâce au SI, les professionnels partagent les dossiers patients, échangent des informations, disposent d’un agenda commun, etc. Plusieurs SI sont commercialisés. L’ANS recommande d’opter pour un SI labellisé qui réponde à des exigences précises de conformité et soit éligible aux rémunérations forfaitaires octroyées par l’Assurance maladie. L’agence préconise également de préparer en amont le projet d’informatisation de la structure en fonction de son organisation et de ses besoins. Elle conseille aussi de s’adresser aux groupements de coopération sanitaires (GCS) en e-santé qui accompagnent les maisons de santé dans la mise en place de leur SI à toutes les étapes (aide à l’analyse des besoins de la structure, identification des solutions du marché et gestion de la consultation des entreprises). Il est également possible, pour les professionnels de santé, de faire appel à des prestataires de services privés. Les unions régionales des professionnels de santé (URPS) peuvent enfin prodiguer des conseils utiles.
- Economie officinale : les pharmaciens obligés de rogner sur leur rémunération
- Grille des salaires pour les pharmacies d’officine
- Explosion des défaillances en Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Occitanie
- La carte Vitale numérique, ce n’est pas pour tout suite
- [VIDÉO] Financiarisation de l’officine : « Le pharmacien doit rester maître de son exercice »
- Prophylaxie pré-exposition au VIH : dis, quand reviendra-t-elle ?
- Financement des officines : 4 solutions vertueuses… ou pas
- Prescriptions, consultations : les compétences des infirmiers sur le point de s’élargir
- Dispensation à l’unité : chassez-la par la porte, elle revient par la fenêtre
- Quelles populations sont actuellement à risque de développer un scorbut ?
