Salaires et classifications : les chambres patronales en rangs dispersés  

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Salaires et classifications : les chambres patronales en rangs dispersés  

Publié le 20 décembre 2023
Par Yves Rivoal
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C’est non. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) apporte une fin de non-recevoir à la demande de reprise des négociations sur les salaires et les classifications formulée par la Fédération nationale Force ouvrière des métiers de la pharmacie. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) souhaite, elle, la reprise des négociations salariales, mais reste sceptique sur l’opportunité de revoir les grilles de classification.

« Notre position n’a pas changé depuis l’annonce le 13 novembre dernier de la suspension des négociations sur les salaires et les classifications avec les syndicats de salariés. Tant que nous n’obtiendrons pas d’avancées économiques dans les négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie, qui ont démarré ce mardi, nous ne reprendrons pas les discussions, confie Philippe Denry, le vice-président de la FSPF, en renvoyant la balle du côté de l’Assurance maladie. Il faut que Thomas Fatôme (le directeur de la Cnam NdlR) comprenne que la revalorisation des honoraires, que nous réclamons, servira d’abord à redonner de l’oxygène aux officines qui ont beaucoup souffert ces derniers mois de l’inflation et de l’augmentation des charges et de la masse salariale. Alors que nos honoraires n’ont pas été revus depuis cinq ans, la pharmacie étant l’une des rares entreprises à ne pas avoir la possibilité de revoir ses tarifs à la hausse pour compenser l’inflation, 80 % de notre rémunération provenant du médicament. Alors que, lorsque les mutuelles annoncent une augmentation de leurs tarifs de 8 %, même le ministre de la Santé et de la Prévention semble le comprendre. » Philippe Denry lance donc une invitation aux syndicats de salariés. « Plutôt que de mettre la pression sur les chambres patronales, ils devraient interpeller M. Fatôme sur la nécessité de donner au réseau officinal les moyens de vivre, souligne le vice-président de la FSPF qui ne croit toutefois pas au scénario d’une année blanche en 2024. Tout va dépendre encore une fois de la visibilité que nous donneront les négociations avec l’Assurance maladie. Dès que nous aurons des éléments laissant présager la prise en compte de nos revendications, nous reprendrons bien évidemment les discussions engagées pour revaloriser les salaires et rendre les grilles de classification plus attractives en accélérant les parcours ».

Une autre partition pour l’USPO

De son côté, l’USPO fait entendre une musique sensiblement différente. « Pour ce qui est des négociations sur la revalorisation des salaires, nous restons favorables à une reprise des discussions et à la signature d’un accord. Dans le contexte actuel, prendre le risque d’une année blanche en 2024 nous paraît très compliqué, rappelle Daniel Burlet, le responsable des affaires sociales de l’USPO. Or, les discussions avec l’Assurance maladie s’annoncent longues. Si un accord devait être trouvé, ses effets n’interviendraient pas avant la fin de l’année 2024. Ceci étant dit, notre marge de manœuvre reste étroite, et nous ne pourrons peut-être pas aboutir à un accord, ou celui-ci ne répondra pas complètement aux attentes des centrales syndicales. » Sur les négociations engagées pour rendre plus attractives les grilles de classification, l’USPO n’a, là encore, pas changé de position. « Je rappelle que nous n’étions pas demandeurs, c’est la FSPF qui a décidé poser ce sujet sur la table des négociations, souligne Daniel Burlet. Nous avons fait nos comptes. Lorsque l’on met bout à bout l’inflation, une éventuelle augmentation des salaires, et une révision des grilles de classification, même en se plaçant sur les propositions minimales de la FSPF, je crains que la pilule ait du mal à passer chez les pharmaciens titulaires. Nombre d’entre eux sont en effet en train de voir leur trésorerie fondre comme neige au soleil. Nous restons donc extrêmement sceptiques sur l’opportunité de revoir les grilles de classification maintenant… », conclut Daniel Burlet.

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