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« Je voudrais quelque chose contre le rhume des foins »
Souvent bénigne mais invalidante, la rhinoconjonctivite allergique peut généralement être prise en charge à l’officine, en attendant une consultation médicale. Des questions s’imposent toutefois, afin d’écarter une autre pathologie et proposer le traitement adapté.
1 Quels sont les symptômes ?
Un homme d’une trentaine d’années : Je n’arrête pas d’éternuer et j’ai le nez bouché. C’est mon allergie qui redémarre ! D’habitude je vais voir le médecin, mais là je n’ai pas le temps.
Le pharmacien : Vous n’avez pas de gène oculaire ?
– Mes yeux me démangent un peu.
– De la fièvre, des maux de tête… ou d’autres signes ?
– Je tousse beaucoup en ce moment.
Des signes oculaires associés aux symptômes de la rhinite sont en faveur d’une manifestation allergique. L’absence de fièvre, de maux de tête, d’algie faciale ou de caractère purulent des sécrétions élimine une rhinite infectieuse ou une sinusite éventuellement associée à l’allergie. La présence d’une toux ou de difficultés respiratoires (signes d’oppression thoracique) doit alerter. Ces manifestations évoquent un asthme associé. Un avis médical est dans ce cas recommandé.
2 Quel est le contexte ?
Un homme de 40 ans : Ça fait une semaine que j’ai le nez bouché et les yeux qui pleurent. Ça doit être une allergie… Vous auriez des comprimés pour me soulager ?
Le pharmacien : Ça vous est déjà arrivé ?
– Oui, ça fait deux ou trois ans que ça revient toujours à la même époque.
Le caractère saisonnier des symptômes est en faveur d’une allergie aux pollens. Un traitement d’automédication peut être proposé en recommandant un avis médical en l’absence de soulagement rapide après 2 à 3 jours (notamment sous antihistaminiques H1). Par ailleurs, inciter à consulter un médecin pour poser le diagnostic (notamment en identifiant les allergènes responsables) et mettre en place une prise en charge adaptée : un traitement pris dès le début de la période de pollinisation est plus efficace pour soulager les symptômes.
Une jeune femme avec une boîte d’Alairgix Cétirizine : J’ai le nez qui coule, les yeux qui pleurent… Je n’en peux plus ! Et je n’ai mon rendez-vous chez l’allergologue que dans 3 jours.
Le pharmacien : Savez-vous s’il a prévu de vous faire passer des tests cutanés ?
– Oui, il m’en a parlé.
Les antihistaminiques H1 (oraux ou locaux) doivent être arrêtés au moins 5 jours avant la réalisation des tests cutanés car ils peuvent fausser les résultats. Un traitement local (lavages oculaire et nasal) peut éventuellement être proposé.
3 Savez-vous l’utiliser ?
Un homme de 35 ans avec une boîte d’Humex Rhume des foins à la béclométasone : On m’a dit que ça marchait bien…
Le pharmacien : Oui. C’est pour vous ?
– Oui. J’espère que ça agit vite !
Les corticoïdes locaux ont une action supérieure aux antihistaminiques H1 sur les symptômes nasaux et ils agissent aussi sur les symptômes oculaires. Ils ne sont pleinement efficaces qu’après quelques jours, d’où l’intérêt de les associer à un antihistaminique les premiers temps. Pour limiter une épistaxis (possible en début de traitement), conseiller une pulvérisation du côté opposé à la cloison nasale (qui est très vascularisée). Le traitement doit être stoppé en cas de survenue d’une poussée d’herpès.
Une femme d’une trentaine d’année : Il me vaudrait un flacon de collyre Opticron.
Le pharmacien : Vous avez l’habitude de l’utiliser ? C’est pour quoi ?
– Mon médecin m’en a prescrit l’année dernière. J’en mets tous les jours au printemps, à cause de mon allergie.
– Je vais plutôt vous délivrer des unidoses sans conservateur et de quoi faire des lavages oculaires.
Les conservateurs, notamment le chlorure de benzalkonium, aggravent l’irritation oculaire. Ils sont déconseillés au cours des traitements des inflammations oculaires chroniques (rhinite allergique, sécheresse oculaire). Des formes sans conservateur sont à privilégier. Un lavage oculaire (sérum physiologique) réalisé au moins 5 minutes avant l’instillation du collyre élimine les allergènes et les médiateurs inflammatoires présents à la surface de l’œil, et augmente l’efficacité du collyre.
L’ESSENTIEL SUR LES TRAITEMENTS
La rhinoconjonctivite allergique est liée à une inflammation d’origine allergique de la muqueuse nasale. Les allergènes le plus souvent incriminés sont les acariens, les pollens (rhume des foins) et les phanères de chat. Lorsque les symptômes durent moins de quatre jours par semaine ou moins de quatre semaines d’affilée, on parle de rhinite allergique intermittente. Sinon, il s’agit de rhinite allergique persistante. Environ 20 % des patients atteints de rhinite allergique développent un asthme. Antihistaminiques H1per os
– Anti-H1 non anticholinergiques : cétirizine, loratadine. Parfois en association à la pseudoéphédrine : non recommandée du fait des effets indésirables de la pseudoéphédrine (poussées hypertensives…).
Pour qui ? A partir de 6 ans pour les comprimés sécables de cétirizine 10 mg, à partir de 12 ans pour les autres formes. Des effets indésirables ? Somnolence possible, moins fréquente sous loratadine. Des interactions ? Eviter la prise d’alcool avec la cétirizine (majoration de la somnolence).
– Anti-H1 anticholinergiques (Polaramine, Phenergan…) : non recommandés (risque de somnolence, constipation, troubles de l’accommodation, rétention urinaire).
Sprays nasaux
– Cromones : cromoglycate de sodium (action antiallergique et anti-inflammatoire modérée).
Pour qui ? A partir de 30 mois selon les spécialités, en cas de gène légère ou en association à un autre traitement. Des effets indésirables ? Irritation nasale (rare).
– Corticoïdes locaux : béclométasone.
Pour qui ? A partir de 15 ans. En cas de symptômes gênants (y compris obstruction nasale et manifestations oculaires) et/ou si les anti-H1per os ne suffisent pas. Des effets indésirables ? Picotements, sécheresse nasale, saignement de nez passagers. Des contre-indications ? Infection herpétique nasale, oculaire ou orale en cours.
Collyres
– Anti-H1 : lévocabastine. Pour qui ? A partir de 6 ans. En traitement d’attaque (5 jours) lorsque les symptômes sont gênants.
– Cromones : cromoglycate de sodium. Pour qui ? A partir de 15 ans. En prévention au début de la saison pollinique ou en relais d’un anti-H1.
Des effets indésirables ? Gêne visuelle transitoire possible. Privilégier des formes sans conservateur (irritants).
Autres
Spray nasal d’action mécanique (Allergyl, Stérimar Stop & Protect Rhinite Allergique) : à distance des autres sprays locaux. Spray nasal au resvératrol (LinfoVir) : à visée anti-inflammatoire. Huiles essentielles (estragon, basilic tropical, matricaire ; voie orale ou spray nasal) : pas avant 12 ans ni en cas de grossesse. A éviter en cas d’asthme ou d’antécédents de convulsions.
Conseils
– Lavages nasal et oculaire : améliorent le confort et optimisent l’action des traitements.
– Limiter l’exposition à l’allergène. En cas d’allergie aux pollens : aérer brièvement, tôt le matin ou tard le soir mais pas en période de vent. En voiture, fermer les vitres et les entrées d’air (climatisation, ventilation…), changer ses vêtements et se doucher (y compris les cheveux) de retour d’une balade. En cas d’allergie aux acariens : aérer tous les jours, éviter moquettes et tapis dans la chambre, passer régulièrement l’aspirateur.
– L’exposition au tabac aggrave la maladie.
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