Benoît Hamon : « La délivrance à l’unité n’est pas opportune dans le cadre des maladies chroniques »

© Benoît Hamon, candidat du PS - DR

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Benoît Hamon : « La délivrance à l’unité n’est pas opportune dans le cadre des maladies chroniques »

Publié le 10 avril 2017
Par Loan Tranthimy
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Quelles sont vos solutions pour maitriser les dépenses de santé ?

Je veux garantir les financements publics pour la santé. La Sécurité sociale demeurera le socle essentiel du financement de la santé. Sa part dans la prise en charge sera renforcée notamment pour les soins courants. Nous supprimerons les participations forfaitaires et les franchises médicales. Pour assurer ses ressources, un plan de lutte contre la fraude aux cotisations, le travail dissimulé et toutes dépenses injustifiées sera déployé.
Chaque Français doit pouvoir accéder de manière équitable à une complémentaire santé quelle que soit sa situation professionnelle. Une juste répartition des aides publiques à la complémentaire sera donc effectuée entre tous les assurés.

Comment réguler les prix des médicaments innovants ?

Pour assurer à tous l’accès aux médicaments innovants très prometteurs, au meilleur coût, nous négocierons une baisse des tarifs avec les laboratoires. Pour déterminer le juste prix, nous renforcerons l’évaluation médico-économique. Nous appliquerons en cas d’impasse la clause de licence d’office permettant de les produire sous forme générique. Pour conserver l’avance technologique française nous favoriserons la recherche clinique et la diffusion de l’innovation. 

Quelles pistes pour revaloriser le rôle des pharmaciens ?

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Le modèle économique de l’officine est en train de changer. Ce nouveau modèle doit prendre en compte le rôle que peuvent jouer les pharmaciens dans la prévention, l’éducation thérapeutique, les dépistages, le conseil autour de l’ordonnance.

Quelles solutions pour lutter contre les déserts médicaux ? Etes-vous par exemple favorable à la mise en place des consultations pharmaceutiques dans les zones rurales ? 

Pour informer et inciter l’installation des professionnels de santé dans les « déserts médicaux », nous créerons une « Mission nationale d’accès aux soins », dotée de larges prérogatives. Elle aidera à la création et au fonctionnement de 1500 maisons de santé pluridisciplinaires ainsi qu’à la pratique de consultations spécialisées avancées des hôpitaux dans ces territoires. Si malgré ces mesures incitatives, la pénurie d’offre de soins de premier recours devait perdurer, l’Etat prendra ses responsabilités en ayant recours si besoin à des médecins salariés. L’installation de médecins supplémentaires dans les zones déjà surdotées n’ouvrira pas le droit au conventionnement automatique par l’Assurance maladie. Nous favoriserons le développement de la télémédecine et le numérique en santé.

Pour éviter le gaspillage des médicaments, le candidat Benoît Hamon est il pour la généralisation de la dispensation à l’unité. Si oui pourquoi ? 

Je suis favorable à la dispensation à l’unité des médicaments, et c’est une position que je tiens depuis plusieurs années déjà. Pour autant, je pense qu’une réflexion est à engager sur le sujet avec la profession. Cela obligerait à revoir les processus de conditionnement et de délivrance, mais c’est une nécessité pour lutter contre le gaspillage de médicaments. Tant que le modèle industriel ne s’adapte pas, la délivrance à l’unité sera un échec. D’ailleurs, la délivrance à l’unité n’est pas opportune dans le cadre des maladies chroniques. Nous sommes toujours dans l’attente du rapport sur l’expérimentation concernant une centaine d’officines sur les antibiotiques vendus à l’unité. C’est une décision à bien réfléchir car il en va de la sécurité sanitaire autour du médicament. Une vraie réflexion est indispensable pour que ce ne soit pas une fausse « bonne idée ».  

Comment éviter les ruptures de stocks des médicaments et des vaccins ?

Pour ce qui relève de la question des ruptures de stock et d’approvisionnement, la question a été traitée avec les mécanismes mis en œuvre contre les ruptures d’approvisionnement pour les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur par la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016. 
En outre, dans le cadre du projet ratifiant l’ordonnance adoptée cet automne, portant simplification de procédures mises en œuvre par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, le législateur a renforcé le contrôle de l’ANSM pour avoir une meilleure visibilité des acteurs responsables des ruptures d’approvisionnement.

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