Négociations économiques : missions, revalorisations, honoraires, les titulaires d’officines donnent leur avis

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Négociations économiques : missions, revalorisations, honoraires, les titulaires d’officines donnent leur avis

Publié le 11 janvier 2024
Par Yves Rivoal
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Pour préparer le terrain de la négociation qui se déroule actuellement entre les syndicats de pharmaciens et l’Assurance maladie, Antonin Bernard, titulaire de la pharmacie de Loyettes (Ain), qui devrait être élu mercredi prochain co-président du syndicat FSPF des pharmaciens de l’Ain, a lancé avec le soutien de la FSPF Auvergne Rhône-Alpes une étude auprès des adhérents de la région pour connaître leurs attentes concernant l’avenant conventionnel à venir.

Les 151 réponses obtenues à l’issue de cette enquête apportent un éclairage inquiétant sur l’état de l’économie des officines et les craintes des pharmaciens pour l’avenir de leur entreprise. Si 28 % seulement des sondés indiquent avoir enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires hors taxe (CA HT) en 2023 par rapport à 2022, 87 % ont vu fondre leur marge commerciale, et 55 % jugent le niveau de leur trésorerie inquiétant. Autre motif de préoccupation, près de 40 % confient évoluer en sous-effectif.
 

Beaucoup d’attentes 

Concernant la négociation conventionnelle, les principales attentes portent sur la revalorisation des honoraires de dispensation (76,2 %), de la rémunération sur les produits chers (70,9 %) et les produits de la LPP (64,9 %).

La refonte de la marge dégressive lissée et la revalorisation des honoraires liés aux nouvelles missions conventionnelles sont jugées prioritaires par respectivement 55,7 % et 62,9 % des sondés. 12,6 % seulement estiment que la création de nouvelles missions conventionnelles doit être une priorité, mais ils sont 88,1 % à considérer le sujet comme important.

Lorsqu’on leur demande quelles nouvelles missions ils pensent réussir à déployer efficacement au sein de leur officine dans les prochains mois, les pharmaciens plébiscitent la vaccination contre la grippe et le covid (97,3 %), les rappels vaccinaux (93,9 %), la délivrance de kits de dépistage du cancer colorectal (89,2 %), et le dépistage de l’angine (79,1 %). Ferment la marche, les entretiens d’éducation thérapeutique (7,4 %) et la délivrance à l’unité des antibiotiques (5,4 %).

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Sur les niveaux de revalorisation attendus pour éviter d’avoir à lancer une mobilisation nationale, 93,3 % des sondés souhaiteraient qu’ils soient supérieurs à 10 % pour les honoraires de dispensation. 74,8 % espèrent la même augmentation pour la marge commerciale, 71,6 % pour la rémunération sur les produits chers. 61,4 % des sondés souhaiteraient par ailleurs que les entretiens d’éducation thérapeutique soient rémunérés à minima 40 €, une rémunération minimum de 10 € étant attendue pour les entretiens courts avec les femmes enceintes.

L’enquête met enfin en évidence le manque d’attractivité des métiers de la pharmacie. 67,8 % des sondés confient avoir rencontré des difficultés pour recruter un(e) préparateur(-trice) ces derniers mois, 59,1 % un(e) pharmacien(-ne) adjoint(e).
 

Vers une pharmacie de services 

Invités à s’exprimer sur la capitalisation et la valorisation future de leur officine, les sondés expriment là encore une vraie inquiétude. « Le constat est terrible : de plus en plus de titulaires réalisent que la baisse de la rentabilité, conjuguée à la difficulté d’attirer de jeunes pharmaciens, risquent de se traduire par l’impossibilité de revendre leur officine le jour où ils souhaiteront partir à la retraite », souligne Antonin Bernard qui se félicite en revanche de voir la prise de conscience de la profession sur l’évolution du métier de pharmacien. « L’enquête montre que de plus en plus de titulaires souhaitent être davantage rémunérés sous forme d’honoraires liés à la dispensation ou aux nouvelles missions, l’augmentation de la marge commerciale sur les médicaments rencontrant moins de suffrages. Cela confirme que l’évolution vers une pharmacie de services est désormais actée dans l’esprit des confrères et des consœurs », conclut Antonin Bernard.