Fipronil : quid de la toxicité

Le fipronil fait la une des journaux depuis qu’il a été retrouvé dans des œufs de poule contaminés dans des élevages européens. Au-delà du scandale, ce produit est bien connu au rayon vétérinaire des pharmacies. C’est le principe actif de sprays et spots-on (Frontline, Tick-Puss, Fiprokil, etc.) à appliquer sur les animaux domestiques (chiens, chats, furets) comme antiparasitaire externe. Il a une action acaricide sur les tiques et les agents de la gale, de la pseudogale et une action insecticide rémanente sur les puces au stade adulte (lire l’article qui revient sur les 20 ans du fipronil).

Appartenant à la famille des phénylpyrazoles, il est liposoluble et diffuse sur la peau de l’animal traité puis dans l’épiderme, les glandes sébacées, les follicules pileux où il peut persister jusqu’à 2 mois. Il agit sur le système nerveux central des invertébrés par hyperstimulation par inhibition non compétitive du GABA, ce qui aboutit à la mort du parasite.

Le fipronil étant irritant pour les yeux et les muqueuses, l’application se fera prudemment (ne pas manger, boire ou fumer pendant l’application), se laver les mains ou rincer l’œil en cas d’exposition accidentelle.

Les animaux traités ne doivent pas être caressés tant que le produit n’a pas séché, il faut être attentif aux enfants.

Selon le D^r Robert Garnier, toxicologue, chef de service à l’hôpital Fernand Widal à Paris, les évaluations de l’Anses sur le transfert éventuel de l’animal à l’enfant dans ces conditions sont très rassurantes.

En cas d’ingestion accidentelle ou volontaire, la toxicité sera essentiellement neurologique, avec des métabolites actifs aux effets semblables.

La dose journalière acceptable est de 0,2 µg/kg/jour. Le Docteur R. Garnier précise que  » cette dose a été calculée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’EFSA, à partir d’une étude conduite chez le rat pendant 2 ans. La dose maximale sans effet, 20 µg/j/kg est divisée d’un facteur 10 pour l’extrapolation à l’homme, puis encore d’un facteur 10 pour tenir compte de la variabilité interindividuelle de la sensibilité aux effets toxiques chez les humains « . Cette dose correspond à celle qu’il ne faut pas dépasser en exposition journalière répétée. L’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques ou Bundesinstitut für Risikobewertung (BfR) a établi une valeur pour une exposition unique à partir d’une autre étude chez le rat à 900 µg/kg. Après application du facteur de sécurité, la dose maximale acceptable en une fois est de 9 µg/kg chez l’homme.

Pour ce qui concerne les œufs français, une évaluation par l’ANSES est en cours mais donnera probablement des résultats proches de ce qui a été trouvé en Allemagne, c’est-à-dire des concentrations comprises entre 3,1 µg et 1,2 mg par kg d’œufs et entre 1,5 µg et 15,6 µg dans la viande de poulet. Il faudrait donc au moins huit œufs pour un adulte pesant 60 kg pour arriver à la dose maximale. L’agence allemande avertit cependant que les plus fortes concentrations retrouvées pourraient entraîner un dépassement des seuils chez les enfants.

Rappelons que l’évaluation de l’ANSES  en 2005 concluait : «  Il n’y a pas actuellement d’élément indiquant que l’exposition au fipronil constitue un risque pour la santé de l’homme, dans les conditions d’emploi préconisées pour chaque type de produit  » (article du 16/04/2005).