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“Je voudrais booster mes défenses immunitaires”

Publié le 3 septembre 2017
Par Nathalie Belin
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1 Je questionne

Préciser la demande

« Est-ce pour une raison particulière ? », par exemple « Êtes-vous fatigué ou sujet à des infections récidivantes telles que rhume, bronchite ? », recherche des signes d’alerte visibles montrant un affaiblissement des défenses de l’organisme.

« C’est pour vous ? » et, selon le cas, « Quel âge a l’enfant ? » orientent le conseil.

Rechercher d’éventuelles causes

« Êtes-vous surmené en ce moment ? », « Vos habitudes de vie, alimentation, sommeil… ont-elles changé ? » et « Êtes-vous suivi pour une pathologie particulière, notamment chimiothérapie, corticothérapie au long cours… ? » identifient une cause possible à la fatigue ou aux infections et d’éventuelles contre-indications à certains composants.

Exclure certains composants

« Pas d’allergies connues ? », « D’hypertension ? » et, selon le cas, « Pas de grossesse en cours ? » recherchent des contre-indications et affinent le conseil.

2 J’évalue

De nombreux compléments alimentaires visent à mieux résister aux infections hivernales. Ils peuvent être conseillés pour donner un coup de pouce à l’organisme, en complément d’une alimentation équilibrée et d’une bonne hygiène de vie.

Un avis médical est nécessaire en cas d’amaigrissement inexpliqué ou de fatigue chronique, de fièvre, d’infections à répétition telles que bronchite, sinusite… pour lesquelles des examens complémentaires peuvent être indiqués, ou de terrain immunodéprimé avec chimiothérapie, maladies auto-immunes, etc.

3 Je passe en revue

Plantes immunostimulantes

• Échinacées : racines d’Echinacea purpurea, E.angustifolia et E. pallida et parties aériennes pour E.purpurea ont fait l’objet de nombreuses études dans la prévention et le traitement de pathologies hivernales (rhumes, états grippaux…). L’Agence européenne du médicament reconnaît leur usage dans ce contexte comme « bien établi ». Précautions : pas recommandées avant 12 ans, en cas de maladies auto-immunes ou d’immunodépression et au cours de la grossesse. À utiliser avec prudence en cas de terrain allergique, quel qu’il soit, car elles sont elles-mêmes allergisantes. En général, huit semaines de cure au maximum sont recommandées.

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• Éleuthérocoque racine, ou « ginseng de Sibérie » : cette plante adaptogène (voir encadré à droite) a montré son intérêt dans la prévention des infections hivernales. Précautions : contre-indiquée en cas d’hypertension artériel le mal contrôlée, de tachycardie et chez les moins de 12 ans, et déconseillée au cours de la grossesse. Pas plus de deux mois de traitement continu.

• Panax ginseng : plante adaptogène, antistress et bon anti-asthénique physique et psychique, qui améliore la résistance aux infections hivernales. Précautions : non recommandé avant 18 ans, en cas de grossesse, d’hypertension mal contrôlée. Irritabilités et insomnie possibles en cas de dose excessive et/ou de prise trop tardive.

Propolis

Cette substance produite par les abeilles à partir de sécrétions et de la résine de certains arbres, conifères, bouleaux…, est riche en composés antiseptiques et anti-inflammatoires. Elle est traditionnellement employée en prévention des affections broncho-pulmonaires et pharyngées. Précautions : pas d’utilisation chez les allergiques aux produits de la ruche ou aux piqûres d’abeille, et prudence en cas de terrain allergique car la propolis est de manière générale allergisante, d’où pas plus de deux à trois semaines de prises consécutives.

Probiotiques

Certains lactobacilles et bifidobactéries jouent un rôle certain sur notre système immunitaire car la muqueuse intestinale héberge des structures intervenant dans notre immunité. Quelques études montrent un éventuel intérêt pour limiter les pathologies ORL. Ils sont parfois associés à des vitamines et minéraux. Exemples : Immunostim Défenses de l’organisme, Lactibiane Défenses, Bion 3, Vitamin’ 22 Specific (voir Nouveaux produits p. 17)…

Aromathérapie

« L’huile essentielle de ravintsara, un antiviral doux, est la référence chez le jeune enfant, explique le Dr Goëb. L’huile essentielle de thym vulgaire à linalol est un bon antibactérien, de même que l’huile essentielle de Melaleuca alternifolia, qui est en outre immunostimulante. À partir de 12 ans, on peut utiliser l’huile essentielle de thym à feuilles de sarriette ( Thymus satureioides), un anti-infectieux polyvalent puissant et un très bon immunostimulant ». En pratique : en usage local entre 30 mois et 12 ans ; usage local ou voie orale à partir de 12 ans (voir encadré p. 46). Des compléments alimentaires sont également disponibles : Oléocaps 4 Défenses naturelles dès 6 ans, Pranarôm Aromaforce Défenses naturelles dès 3 ans par voie locale, Phytosun arôms capsules Défenses naturelles (+ ginseng de Sibérie = éleuthérocoque) dès 12 ans. Précautions : à proscrire lors de la grossesse, avant 30 mois et en cas d’antécédents de convulsions. Prudence chez les patients allergiques, faire un test au pli du coude. Le thym à feuilles de sarriette est contre-indiqué en cas d’ulcère gastroduodénal, de RGO ou d’atteinte hépatique.

Autres

• Extrait de pépins de pamplemousse : proposé en raison de ses propriétés antimicrobiennes. Précautions : effet inhibiteur enzymatique possible, d’où un risque d’augmentation des concentrations de certains médicaments métabolisés par le CYP3A4 (simvastatine, ivabradine, carbamazépine…).

• Imunoglukan : cet actif breveté dans Imuvitalose stimule les plaques de Peyer intervenant dans les défenses immunitaires au niveau de l’intestin. Intérêt dans la prévention des infections respiratoires. Évalué dans le cadre de plusieurs études chez l’enfant et l’adulte.

Composants à visée « anti-fatigue »

• Vitamines et minéraux : ils aident à pallier des besoins accrus de l’organisme lors la période hivernale, ou ponctuellement lors de stress, de fatigue, etc. Notamment les vitamines du groupe B, au rôle essentiel dans la production de l’énergie et la transmission de l’influx nerveux, et la vitamine C, indispensable au bon fonctionnement du système immunitaire. Le fer, le sélénium et le zinc participent à la production d’énergie et aux défenses immunitaires, ainsi que le magnésium à la production d’énergie et à la transmission de l’influx nerveux.

À noter : la gelée royale et la spiruline, une algue, toutes deux riches en vitamines du groupe B, minéraux et près d’une vingtaine d’acides aminés, utiles dans les fatigues liées à une dénutrition ou à une convalescence, sont des alternatives naturelles aux compléments alimentaires multivitaminés.

Précautions : les sels de fer, de magnésium, de calcium, de zinc peuvent interférer avec les fluoroquinolones, cyclines, bisphosphonates, lévodopa, lévothyroxine… Décaler les prises de quatre heures pour éviter tout risque d’interaction.

• Plantes adaptogènes : en plus du ginseng, l’éleuthérocoque et la rhodiole augmentent la résistance aux agressions physiques et biologiques en situation de stress, de surmenage intellectuel…

• Gelée royale : riche en vitamines et minéraux et acides aminés, elle est traditionnellement utilisée pour luter contre la fatigue. Précautions : contre-indiquée en cas d’allergie aux produits de la ruche ou aux piqûres d’abeilles.

4 Je choisis

Selon le patient

• Âge : pas de plantes immunostimulantes avant l’âge de 12 ans.

• Pathologies. Immunodépression (maladies auto-immunes, corticothérapie au long cours…) : pas d’échinacées. Si hypertension artérielle : éviter ginseng et éleuthérocoque et les proscrire si hypertension artérielle mal équilibrée. Si prise de médicaments : vérifier l’absence d’interactions potentielles avec les minéraux ou l’extrait de pépins de pamplemousse présent éventuellement.

• Terrain allergique : prudence avec les échinacées. Allergie aux produits de la ruche ou piqûres d’abeille : pas de gelée royale ni de propolis.

• Femme enceinte : vitamines et minéraux adaptés à la femme enceinte (formules spécifiques grossesse), gelée royale, propolis ou probiotiques éventuellement.

Selon le contexte

• Plus ou moins de fatigue liée au changement de saison, alimentation pauvre en fruits et légumes… : ajouter vitamines et minéraux ou gelée royale.

• Surmenage physique et intellectuel : prévoir en plus une plante adaptogène.

5 J’explique

Les compléments alimentaires ne font pas tout. Une bonne hygiène de vie est indispensable pour aider l’organisme à lutter contre les agents pathogènes (voir ci-après). Rappeler que chez l’enfant jusqu’à 6/8 ans, les infections ORL et respiratoires sont fréquentes et constituent une étape dans l’acquisition des défenses immunitaires.

6 Je conseille

Modalités de prise

• Échinacées et éleuthérocoque : en cure de six à huit semaines maximum, renouvelable une fois.

• Propolis et gelée royale : une à trois semaines maximum de cure, à réitérer plusieurs fois si besoin.

• Ginseng, rhodiole : les cures peuvent aller jusqu’à deux à trois mois.

Ne pas cumuler plusieurs compléments alimentaires pour éviter tout surdosage ou apport excessif inutile.

Hygiène de vie

• Activité physique : elle procure une bonne oxygénation de l’organisme et aide à évacuer les toxines. Elle a également un effet bénéfique sur le stress et améliore le sommeil.

• Sommeil : se coucher si possible à une heure régulière en veillant à supprimer tous stimuli au moins une heure avant le coucher (écrans, lumière forte…).

• Alimentation : attention aux régimes trop restrictifs qui font l’impasse sur les féculents ou les protéines, sources indispensables d’énergie.

Avec l’aimable relecture du Dr Philippe Goëb, médecin-aromathérapeute.

Le contexte

Notre système immunitaire nous permet notamment de faire face aux infections hivernales : rhinopharyngites, bronchites, angines…

De nombreux facteurs peuvent le fragiliser et diminuer ainsi notre réponse immunitaire à différents micro-organismes pathogènes :

→ l’âge : avec le vieillissement, le système immunitaire peut devenir moins performant vis-à-vis de certaines infections, grippe par exemple ;

→ des pathologies chroniques : cancer, VIH… ;

→ la malnutrition en vitamines et minéraux notamment ;

→ la sédentarité, le manque de sommeil, le stress chronique ;

→ le tabac : il modifie les mécanismes de défenses des voies aériennes supérieures et altère l’activité des macrophages et des lymphocytes cytotoxiques.

Et l’adaptogène ?

• Ce concept a été élaboré en 1947 par un scientifique russe. Une substance adaptogène accroît de façon non spécifique les capacités d’adaptation de l’organisme. Elle doit entraîner le moins de variations possibles dans les fonctions humaines, augmenter la résistance du corps aux agresseurs de manière non spécifique et avoir un effet normalisateur améliorant plusieurs conditions ou états et n’en aggravant aucun.

• Un adaptogène aide l’organisme à lutter contre le stress globalement. Une plante adaptogène peut baisser ou élever la température, la tension, le poids, modérer ou stimuler le système nerveux central ou autonome en fonction du stress, et avoir en plus des propriétés spécifiques : stimulation immunitaire, désintoxication, etc. L’action se fait par le totum de la plante.

Source : www.hippocratus.com

Exemples de formules d’aromathérapie

→ À réaliser une semaine sur deux en hiver.

De 30 mois à 3 ans

1 goutte d’HE ravintsara + 1 goutte HE Thymus vulgaris linalol dans une cuillère à café d’huile végétale (voir plus bas) : à appliquer sur le dos matin et soir.

Entre 3 ans et 12 ans

1 goutte d’HE ravintsara + 1 goutte HE Thymus vulgaris linalol + 1 goutte d’HE de Melaleuca alternifolia (ou Tea tree) dans une cuillère à café d’huile végétale (voir plus bas) : à appliquer sur le dos matin et soir.

À partir de 12 ans

1 goutte de chaque HE suivante : ravintsara, Thymus vulgaris linalol, Melaleuca alternifolia, Thymus satureioides dans une bonne cuillère à café d’huile végétale (voir plus bas) : appliquer sur le dos matin et soir ; ou par voie orale, 1 goutte de chaque (sur du sucre, du miel) matin et soir.

→ Quelle huile végétale ?

Chez l’enfant, on peut choisir l’huile de noisette, bien adaptée à sa peau par sa composition en lipides. Celle de macadamia s’avère intéressante car bien absorbée au niveau cutané. Celle d’amande douce est plus difficile à faire pénétrer. L’huile végétale de nigelle (Nigella sativa ou cumin noir) a des propriétés immunostimulantes intéressantes mais est plus coûteuse.