Le séné

PRINCIPAUX CONSTITUANTS

Hétérosides hydroxyanthracéniques :

– Hétérosides de dianthrones (2,2 à 4 %) : sennosides

– Hétérosides anthraquinoniques : rhéine-8-glucoside et rhéine-8-sophoroside

– Traces d’anthraquinones libres.

MÉCANISME D’ACTION

Effet laxatif stimulant : non absorbés ni digérés dans le tractus gastro-intestinal, les sennosides sont hydrolysés par la bêta-glycosidase des bactéries du côlon en sennidines (aglycones dimères). Ces dernières sont clivées toujours par les bactéries en rhéine-9-anthrone (aglycone monomère) métabolite actif. Elle exerce un effet laxatif par :

– augmentation de la mobilité du côlon entraînant une accélération du temps de transit et une diminution de l’absorption des liquides ;

– inhibition de la réabsorption d’eau et d’électrolytes (Na⁺, Cl^–), et effet sécrétoire par augmentation de la porosité des jonctions serrées.

POSOLOGIE

A partir de 12 ans : drogue végétale ou extrait équivalent à 15 à 30 mg de dérivés hydroxyanthracéniques exprimés en sennoside B à prendre le soir au coucher jusqu’à 2 à 3 fois par semaine durant 1 à 2 semaines (dose optimale : dose minimale pour obtenir une selle molle).

Ne pas dépasser la dose maximale de 30 mg/jour de dérivés hydroxyanthracéniques.

Consulter si les symptômes persistent au-delà de 2 semaines d’utilisation.

EFFETS INDÉSIRABLES

Hypersensibilité (urticaire, prurit).

Essentiellement liés à un surdosage ou en cas de côlon irritable : douleurs abdominales, spasmes, selles liquides.

En cas d’usage chronique : possibilité d’albuminurie et d’hématurie en conséquence des troubles hydro-électrolytiques. L’utilisation prolongée peut altérer la fonction intestinale et entraîner une dépendance aux laxatifs.

Coloration des urines en jaune ou brun-rouge par oxydation des métabolites anthracéniques éliminés dans les urines.

PRÉCAUTIONS D’EMPLOI, CONTRE-INDICATIONS

Contre-indication en cas d’obstruction intestinale, appendicite, maladies inflammatoires intestinales, douleurs abdominales d’origine inconnue, état sévère de déshydratation, chez l’enfant de moins de 12 ans.

Ne pas utiliser en cas de douleurs gastro-intestinales aiguës ou persistantes, impaction fécale, nausées, vomissements : consulter un médecin.

Pas d’utilisation prolongée (sauf avis médical contraire).

En cas d’altération de la fonction rénale : survenue possible d’un déséquilibre hydro-électrolytique.

Grossesse : utilisation ponctuelle possible en cas d’échec des mesures hygiéno-diététiques et de la prise de laxatifs de lest.

Allaitement : non recommandé en raison du manque de données sur l’excrétion des métabolites anthracéniques dans le lait maternel. De petites quantités de rhéine passent dans le lait mais à ce jour aucun effet laxatif chez les bébés n’a été signalé.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

L’hypokaliémie résultant d’un usage prolongé du séné potentialise l’effet des glycosides cardiotoniques et interagit avec les médicaments antiarythmiques, ou allongeant l’intervalle QT ou inversant le rythme sinusal (quinidine).

Risque de déséquilibre des électrolytes en cas d’utilisation avec des médicaments hypokaliémiants (diurétiques, corticoïdes, réglisse). 

Sources : J. Bruneton, « Pharmacognosie », Ed. Tec & Doc, Paris, 2009 ; EMA, Community Herbal Monograph (janvier 2006) et Assessment report (avril 2007) on Cassia senna L and Cassia angustifolia Vahl folium ; EMA, Community Herbal Monograph (octobre 2006) et Assessment report (avril 2007) on Cassia senna L and Cassia angustifolia Vahl fructus ; M. Wichtl, R. Anton, « Plantes thérapeutiques », Ed. Tec & Doc, Paris, 2003.

Nom latin :Cassia senna L (syn C acutifolia Delile, séné d’Alexandrie ou de Khartoum) ; Cassia angustifolia Vahl (séné de Tinnevelly ou de l’Inde)
Famille : Caesalpiniaceæ
Parties utilisées : feuille, fruit séché
Monographie de contrôle : Pharmacopée européenne
Propriétés démontrées : laxatif stimulant
Utilisation : usage bien établi dans le traitement à court terme de la constipation occasionnelle.