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Jamais sans ma gourde !
C’est le nouvel accessoire « hype ». Il infiltre tous les circuits de distribution jusqu’à la pharmacie, car la santé aussi surfe sur la vague de l’écologie.
Autrefois limite ringarde, la gourde est aujourd’hui incontournable, au même titre que le téléphone portable, que l’on transporte avec soi un peu partout. Devenue tendance, grâce à ses contours design et ses nombreux décors, cet accessoire (en inox ou en verre) se retrouve dans toutes les mains et génère un business juteux. La croissance de ce marché récent est de l’ordre de 4 % par an (lire encadré page ci-contre). La raison de cet engouement ? La volonté des citoyens de limiter l’utilisation du plastique et de réduire les déchets. À la dimension écologique s’ajoute l’aspect économique, non négligeable, de cette démarche.
Favoriser une meilleure observance.
Les gourdes se vendent partout, jusqu’à la pharmacie qui, à la faveur du lancement de marques relativement récentes, est désormais en capacité de mettre en avant cette offre, même si elle est encore mineure. Fin 2019, la marque Les Artistes Paris s’est immiscée dans le circuit officinal avec une offre d’abord axée sur l’hydratation des bébés. « Puis la possibilité de transmission du virus SRAS-CoV-2 par l’eau potable a créé un engouement généralisé sur les contenants isothermes, particulièrement sur les grands formats de un litre ou un litre et demi », déclare Michel Paulo, directeur général de la société. En pharmacie, le présentoir est souvent proposé en libre service, à côté des compléments alimentaires ou du rayon bébé. Les gourdes peuvent aussi et surtout y être proposées en vente associée, dans le cadre d’une complémentation en vue de favoriser les prises et, ipso facto, la bonne observance des cures. Elles permettent incidemment aux marques de se démarquer, comme les compléments alimentaires Sparkies (Laboratoires Axamed), commercialisés en avril dernier avec une large gamme de gourdes colorées Nova Boost. Autre exemple : la marque de collagène en poudre Twenty DC, axée sur la beauté de la peau et vendue en pharmacie depuis novembre 2022 dans une centaine de points de vente. Si la poudre de collagène n’est plus une innovation, son administration n’est pas toujours évidente.
« Quatre personnes sur dix ne vont pas au bout de la cure, soit parce que les produits ne sont pas bons, soit parce que les gens ne savent pas s’en servir », résume Maxime Barret, cofondateur de la marque. D’où l’idée de vendre en complément des gourdes signées du nom de la marque, « aux goulots larges pour permettre de verser la poudre plus facilement et faciliter les prises au quotidien ». Cette offre comprend des formules de collagène (marin et bovin) pur ou associé à d’autres actifs, telle la référence anti-âge Peau Magnifique dont la formule inclut un ingrédient issu de l’œuf, enrichi en élastine et en acide hyaluronique.
Un symbole d’hydratation.
Plus spécifiquement, sur le segment de l’hydratation bien-être et préventive – une catégorie naissante en officine –, la gourde permet aussi de comprendre intuitivement, en un clin d’œil, le positionnement des marques installées sur ce nouveau marché. « Cet objet traduit à lui seul l’allégation de nos produits : une hydratation optimale », résume Théo Heude, fondateur de la marque Hydratis, lancée il y a trois ans et distribuée dans plus de 3 000 pharmacies, en France, en Belgique et au Luxembourg. Les produits Hydratis sont des pastilles riches en sels minéraux et oligo-éléments, à dissoudre dans l’eau, pour optimiser l’hydratation. « La gourde joue le rôle d’un produit d’appel au signal fort. Les pharmaciens peuvent, s’ils le souhaitent, proposer des promotions, par exemple en en offrant une siglée Hydratis à partir d’un montant d’achat de pastilles », ajoute Théo Heude. Certaines situations sont plus précisément visées : au quotidien, quand on oublie de boire après une activité sportive, lors de grosses chaleurs, après une consommation d’alcool ou pendant un épisode de gastroentérite. « Elles ont comme point commun d’augmenter la perte hydrique et électrolytique, qui peut être compensée avec Hydratis », précise notre interlocuteur. Aux six produits aromatisés existants s’ajoute, en cette rentrée, une nouvelle référence au goût neutre. D’autres marques revendiquant cette promesse d’hydratation associent, elles aussi, leurs produits à l’emploi de gourdes. Par exemple, Waterdrop, qui s’adresse à ceux qui n’aiment pas l’eau en leur proposant des cubes vitaminés à base d’extraits de plantes et de fruits, et des gourdes signées du nom de la marque. La tendance est installée et la commercialisation de ces contenants en accessoires constitue assurément un nouveau levier de vente à ne pas sous-estimer. « Une pharmacie vend, en moyenne, 200 pièces par an », révèle Michel Paulo.
11 Mds $
C’est ce que devrait peser le marché de la gourde, à l’échelle mondiale, d’ici 2030.
Source : Étude Fact Market Research, avril 2020.
+ 4 %
C’est la progression annuelle du marché des gourdes. Elle s’explique à la fois par une réglementation de plus en plus contraignante sur le jetable (notamment sur le plastique à usage unique) et par une prise de conscience croissante et collective sur les conséquences de notre mode de vie sur l’environnement.
Source : Étude Fact Market Research, avril 2020.
D’OBJET BANAL À SOCIÉTAL
« De gadget, la gourde est devenue un « manifeste ». L’utiliser, c’est montrer que j’œuvre à ma façon pour changer les choses », observe Vincent Grégoire, directeur consumer trends & insights de l’agence de tendances et de prospective NellyRodi. La survenue de la pandémie du Covid a aussi, pour lui, été l’occasion « d’une prise de conscience sur l’importance de protéger la planète et de se montrer plus responsable, en limitant notamment les emballages. Au début marginale, cette posture militante est devenue plus générale ». Toutes les générations se sentent désormais concernées et pas seulement les plus jeunes. « Ce comportement englobe aussi les boomers, qui changent de paradigme, deviennent plus responsables, plus investis, au moment où ils rencontrent des pépins de santé, reprend Vincent Grégoire.
De fonctionnelle, la gourde est devenue un élément de fierté personnelle qui vient personnifier un engagement et constitue un signe de statut communautaire. Ce n’est plus un accessoire, c’est un essentiel de plus en plus exhibé ! »
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