“Je voudrais des multivitamines contre la fatigue”

1 Je questionne

Préciser la demande

« C’est pour vous ? » et, selon le cas, « Quel âge a l’enfant ? » ciblent l’âge du patient. « Traversez-vous une période de stress ou de surmenage physique ou intellectuel ? De convalescence ? », « Suivez-vous un régime alimentaire particulier ? » et « Dormez-vous bien ? » cherchent une cause à la fatigue.

Rechercher certains critères

« Êtes-vous suivi (e) pour une maladie particulière ? », « Avez-vous en plus des douleurs articulaires, une perte de poids non expliquée, un désintérêt pour vos activités habituelles…? » sont des signes d’alerte justifiant un avis médical.

« Pas d’allergies connues ? D’hypertension ? » et, selon le cas, « Pas de grossesse en cours ? » renseignent sur des contreindications et affinent le conseil.

2 J’évalue

Une fatigue isolée, sans signes d’alerte associés, et de survenue récente, quelques jours à quelques semaines, peut être prise en charge dans un premier temps à l’officine. Une supplémentation en vitamines et minéraux peut aider à combler des déficits d’apport liés au mode de vie actuel (voir Le contexte) et donner un coup de pouce lors d’une période de fatigue. En revanche, un avis médical s’impose si d’autres symptômes sont présents : douleurs, fièvre modérée mais constante, amaigrissement inexpliqué, déprime ou idées noires… Il faut également orienter vers un médecin si la fatigue survient sur un terrain particulier de pathologies comme un cancer, une immunodépression, de maladies chroniques inflammatoires de l’intestin, maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique…, ou de prise de certains médicaments : somnifères, bêta-bloquants, interférons, etc.

3 Je passe en revue

Les produits « multivitamines » apportent, pour la plupart, 100 % ou plus des valeurs nutritionnelles de référence (VNR) pour certains minéraux et vitamines. Ils sont destinés à compléter ponctuellement une alimentation par ailleurs équilibrée.

Les VNR, anciennement nommées AJR pour apports journaliers recommandés, sont des valeurs « repères », définies au niveau européen. Elles correspondent à des besoins quotidiens moyens pour la population générale, mais augmentés dans certains cas : grossesse, chez l’adolescent, en cas de surmenage… D’autres composants sont parfois présents dans ces complexes.

Vitamines et minéraux

En France, il peut exister ponctuellement, pour certaines personnes, des déficits en vitamines du groupe B – B1, B2, B6 notamment –, en fer et en magnésium essentiellement. « Il existe également un déficit modéré en vitamine D et en iode », ajoute le Dr Sophie Ortega, médecin nutritionniste.

Par ailleurs, sélénium et zinc, co-facteurs de nombreuses réactions métaboliques, jouent un rôle essentiel pour soutenir l’organisme en période de fatigue. Des formules bien dosées en ces micronutriments s’avèrent donc particulièrement intéressantes.

• Vitamines du groupe B. Au nombre de huit, elles sont présentes dans tous les compléments vitaminiques « anti-fatigue » car elles jouent un rôle essentiel dans de nombreuses fonctions métaboliques. Hydrosolubles, elles ne sont pas stockées dans l’organisme et doivent en permanence être apportées à nos cellules.

• Vitamines antioxydantes : A, C et E. « Elles ne fournissent pas directement de l’énergie mais elles ont leur importance car elles nettoient l’organisme des radicaux libres, et donc optimisent le fonctionnement de nos cellules », précise le Dr Ortega. La vitamine A, liposoluble, joue un rôle notamment dans la vision, la protection des épithéliums et la résistance aux infections. La vitamine C, hydrosoluble, sert, entre autres, de co-facteur au fer et intervient dans la synthèse des anticorps. La vitamine E protège, elle, les membranes cellulaires.

• Vitamine D. Liposoluble, elle est indispensable au métabolisme phosphocalcique, donc à la minéralisation osseuse, et joue un rôle dans les défenses immunitaires. L’exposition au soleil en est la principale source. Un déficit peut être lié à un manque d’ensoleillement, surtout en hiver.

• Minéraux

→ Le fer entre dans la composition de l’hémoglobine des globules rouges qui transportent l’oxygène, indispensable à la production d’énergie. Une insuffisance d’apport peut concerner notamment les femmes enceintes ou celles ayant des règles abondantes.

→ Le zinc et le sélénium ont des propriétés antioxydantes. Co-facteurs de nombreux systèmes enzymatiques, ils participent aussi au bon fonctionnement du système immunitaire.

→ Le magnésium intervient entre autres dans la production d’énergie, l’équilibre nerveux et la contraction musculaire. « Un déficit est à l’origine de fatigue, d’anxiété et peut entraîner des crampes musculaires ou encore un tressautement des paupières », précise le Dr Ortega. Les « multivitamines » classiques étant relativement peu dosés en magnésium (60 à 100 mg, soit pas plus de 27 % des valeurs nutritionnelles de référence), un complexe spécifique apportant de 200 à 300 mg de magnésium par jour peut être préférable si un déficit est suspecté.

Privilégier aussi des formules renfermant des sels bien assimilés par l’organisme (glycérophosphates, citrates ou bisglycinates) plutôt que des sels peu biodisponibles (carbonates et oxydes), et associés à des vitamines du groupe B, notamment la B6, et à de la taurine, des co-facteurs qui optimisent l’action du magnésium.

Exemples : Physiomance Relax, D-Stress, Magnésium 300+ Boiron, etc.

L’iode est indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes qui contrôlent le niveau métabolique général de l’organisme.

Autres composants

• Probiotiques. La qualité de la flore intestinale joue un rôle essentiel dans l’absorption des vitamines et des minéraux. « Un apport de probiotiques est tout à fait pertinent et peut permettre une meilleure assimilation des micronutriments associés », confirme notre experte.

• Panax ginseng. Cette plante adaptogène, qui aide l’organisme à s’adapter pour mieux lutter contre une situation de stress, est notamment à privilégier lors de périodes de fatigue physique ou psychologique prolongées. Elle améliore également la résistance aux infections hivernales. Précautions : non recommandé avant l’âge de 18 ans, en cas de grossesse et d’hypertension artérielle mal contrôlée.

• Acides aminés. Précurseurs des protéines, donc de toutes nos hormones, ils agissent en synergie avec les vitamines et les minéraux.

• Caféine. De synthèse ou d’origine naturelle, comme dans les extraits de guarana, de thé vert…, la caféine est un bon tonique d’action rapide mais qui, en excès, peut aggraver la fatigue en provoquant irritabilité et troubles du sommeil, voire tachycardie et hypertension. Précautions : en cures courtes, en évitant des prises trop tardives dans la journée. Attention aux associations caféine et ginseng qui peuvent être relativement excitantes. L’effet de la caféine est potentialisé par le ginseng.

4 Je choisis

Selon le patient

• Âge : la plupart des formules multivitaminiques sont destinées aux adultes et adolescents dès 15 ans, ou à partir de 12 ans. Pour des enfants plus jeunes, orienter vers des formules spécifiques aux dosages adaptés (Pediakid, Alvityl…).

Les formules dédiées aux seniors renferment en général davantage d’antioxydants, tels que la lutéine, les polyphénols, de calcium, de phosphore et de vitamine D.

• HTA : éviter le ginseng et le proscrire si la tension est mal équilibrée.

• Femme enceinte : orienter vers des formules adaptées, notamment bien dosées en vitamine B9 (acide folique), après avis médical.

Selon le contexte

• Fatigue modérée (changement de saison, stress, régime alimentaire déséquilibré) : opter pour une formule vitaminique « classique ».

• Avec anxiété, voire troubles du sommeil ou alimentation pauvre en fruits et légumes secs ou céréales complètes : une formule bien dosée en magnésium et vitamines du groupe B.

• Fatigue importante : multivitamines associés à du ginseng et/ou des acides aminés si l’alimentation est déséquilibrée, ou en période de convalescence.

• Action rapide demandée : une formule avec caféine sur quelques jours, en veillant à limiter sa consommation de café.

5 J’explique

Une bonne hygiène de vie est indispensable pour se maintenir en forme et surmonter une fatigue passagère, notamment une alimentation équilibrée en fruits et légumes et des apports suffisants en protéines, environ 0,8 g par kilo de poids corporel. Les compléments alimentaires ne servent en parallèle qu’à donner un coup de pouce ponctuel.

6 Je conseille

Modalités de prise

Une cure de quatre à six semaines renouvelable deux à trois fois dans l’année permet d’anticiper des baisses de forme. Si la fatigue est déjà installée, prévoir deux mois de prise. Au-delà, toute fatigue persistante impose un avis médical. Il n’y a pas de risque de surdosage tant que l’on ne cumule pas les compléments alimentaires.

Au quotidien

• Activité physique régulière : 30 minutes par jour sont indispensables pour oxygéner l’organisme, lutter contre le stress et améliorer le sommeil.

• Sommeil suffisant : une heure avant le coucher, prévoir des activités et une ambiance propices au sommeil, lecture, musique, lumière tamisée…

• Alimentation : tout déséquilibre peut être source de fatigue car à l’origine de déficits, voire de carences.

Avec la collaboration du Dr Sophie Ortega, médecin nutritionniste, auteur de Vaincre l’épuisement sans médicaments, c’est malin , Éditions Leduc.

(1) Suvimax (de 1994 à 2002) ; Étude Val-de-Marne (1988) ; Vernay M. et coll., Statut en vitamine D de la population adulte en France : l’étude nationale nutrition santé (ENNS, 2006-2007), BEH 24 avril 2012, n° 16-17 ; Synthèse du rapport sur l’enrichissement des aliments courants en vitamines et minéraux : quels intérêts, quels risques ? , ANSM, 2003.

Le contexte

La fatigue correspond à une sensation générale d’affaiblissement de l’organisme. C’est un signal indiquant qu’il a besoin de repos. Les causes sont multiples mais deux principales se distinguent :

→ la fatigue réactionnelle, très fréquente, liée au stress et au surmenage physique et/ou intellectuel ;

→ la fatigue organique, qui survient dans un contexte particulier : grossesse, croissance, convalescence, cancer, maladies chroniques endocriniennes ou inflammatoires…

Plusieurs études⁽¹⁾ ont montré par ailleurs que notre alimentation, pauvre en fruits et légumes frais, ne permet pas toujours de couvrir les apports conseillés en vitamines et minéraux. Surtout lorsque les besoins sont accrus ponctuellement, par exemple aux changements de saison, qui nécessitent une période d’adaptation de l’organisme, ou en période de stress ou de surmenage. « Sans compter les régimes hypocaloriques drastiques et répétés qui épuisent l’organisme », précise le Dr Ortega, médecin nutritionniste.