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La phytothérapie suisse n’est plus si neutre
Le laboratoire de phytothérapie A. Vogel intensifie sa présence dans les officines françaises. L’usine de Roggwil, dans le canton de Thurgovie, est ouverte aux visiteurs qui peuvent ainsi découvrir chaque étape du process de fabrication.
L’entreprise A. Vogel porte le nom de son fondateur Alfred Vogel, naturopathe suisse. Ce passionné de phytothérapie commence par ouvrir une herboristerie et un magasin de diététique en 1923 et fonde le laboratoire Bioforce (devenu A. Vogel) en 1963, après avoir rapporté de ses nombreux voyages exploratoires des graines d’échinacée, plante qui devient le principe actif phare de son entreprise. Il existe, aujourd’hui, trois sites de production parmi lesquels celui de Roggwil, en Suisse, dédié à la fabrication des produits pharmaceutiques. Présente dans trente-trois pays, l’entreprise fête ses 100 ans d’existence et affiche un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros. Plus de 70 % du chiffre d’affaires est réalisé en dehors de la Suisse. L’implantation des produits A. Vogel, en France, aujourd’hui réservée aux pharmacies à grosse rotation, est vouée à se déployer.
Un processus de fabrication maîtrisé de A à Z.
Alors que la phytothérapie monte en puissance en officine, portée par une offre pléthorique, le laboratoire A. Vogel se démarque par sa maîtrise totale de sa production : « Nous contrôlons tous les stades de la production : sélection des semences, culture biologique, transformation des plantes. Ces plantes sont transformées immédiatement après leur récolte, dans les heures qui suivent. Un procédé qui garantit aux produits une teneur maximale en principes actifs », indique Olivier Maurer, cogérant de la filiale A. Vogel France. Autre point clé : des études cliniques attestent de l’efficacité des produits. Tel qu’annoncé plus haut, la gamme phare du laboratoire est la marque ombrelle Echinaforce, à base d’extraits de plantes fraîches d’échinacée, axée sur le renforcement du système immunitaire. Elle inclut des compléments alimentaires et des dispositifs médicaux dont une référence enfant, Echinaforce Orange, recommandée en prévention des infections des voies respiratoires. Selon une étude clinique, sa prise fait baisser de 73 % le recours aux antibiotiques. « Quant au best-seller Echinaforce Forte, il a été présenté, en pleine pandémie de Covid, comme un antiviral naturel pour la prévention des infections à coronavirus, étude clinique à l’appui (in vivo et in vitro) », explique Olivier Maurer. Rappelons qu’en Suisse, cette gamme, commercialisée sous un autre nom (EchinaMed), est vendue en OTC (Over The Counter) et sur prescription (remboursée par l’Assurance maladie). D’autres segments de l’automédication sont particulièrement investis par le laboratoire A. Vogel : sommeil, stress, santé mentale, digestion, ménopause. Au total, le portefeuille de produits compte quatre-vingts références : des compléments alimentaires, des dispositifs médicaux (sprays nasaux, gouttes pour les yeux) et une référence cosmétique (un gel à l’arnica).
De la teinture mère au comprimé.
Le processus de fabrication démarre par la transformation des plantes, coupées et placées dans des cuves de macération contenant une solution alcoolique (éthanol) et aqueuse, à température ambiante. Cette opération, qui consiste à extraire les substances actives de la plante, peut durer quelques heures comme quelques semaines. Un système de presse permet, en éliminant les débris de plantes, de recueillir les teintures mères (extraits de plantes fraîches ou EPF). « Nous disposons de réservoirs pour stocker environ 800 000 litres de teintures », précise Olivier Maurer. Les teintures mères sont soit versées dans des flacons sur les lignes d’embouteillage des liquides, soit transformées en formes sèches (comprimés, pastilles, poudres en sticks). Pour ce faire, la teinture mère est transvasée dans une chambre d’évaporation où elle est réduite (sous vide à 40 °C) jusqu’à atteindre un dixième ou un vingtième de son volume. Ces résidus concentrés sont ensuite transformés, à l’aide d’excipients, en granules ou en comprimés, emballés dans la foulée sur des lignes de conditionnement spécifiques. Echantillonnages et contrôles qualité ont lieu à tous les stades de la fabrication, soit environ deux cents tests tout au long de la chaîne de production. Au global, trois millions de formes liquides et deux millions de formes sèches sont fabriquées par an.
Nouvelles lignes de remplissage.
Au total, les locaux de production couvrent environ 2 700 m2. Une soixantaine d’employés, sur les cent soixante dispatchés sur le site, sont plus particulièrement postés à la production. « Le premier bâtiment a été construit en 1963 et est toujours utilisé comme bâtiment de production et bureau », explique Olivier Maurer. Au fils des années, d’autres bâtisses ont été érigées comme, dans les années 1970, un entrepôt où sont remisées les palettes, et, en 2019, un nouvel édifice pour la production, à l’intérieur duquel les visiteurs peuvent découvrir chaque étape du process de fabrication en toute transparence. Ce bâtiment qui ne dispose pas de système de chauffage est chauffé par la chaleur résiduelle issue de la production. Cette modernisation de l’outil de production ainsi que la création de réservoirs supplémentaires ont représenté un investissement de l’ordre de 10 millions d’euros. De plus, en 2022, une nouvelle ligne de remplissage de liquides a été mise en service, permettant de remplir les bouteilles trois à quatre fois plus vite. En 2024, une nouvelle ligne de remplissage de comprimés, quatre à cinq fois plus rapide, sera également installée.
+ DE 70 %
C’est le pourcentage du chiffre d’affaires (CA) réalisé à l’export.
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