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- Accompagner le patient arthrosique
LES TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX DE LA CRISE D’ARTHROSE
Madame R., 59 ans, montre son genou droit, douloureux : –J’ai une crise d’arthrose. Le médecin vient de me prescrire des anti-inflammatoires, mais j’ai bien envie d’essayer aussi ces patchs chauffants. Qu’en pensez-vous ?– L’application locale de chaleur peut être bénéfique avant un exercice. Mais en période de poussées inflammatoires d’arthrose, il est préférable d’appliquer une poche de glace. Le froid par son effet vasoconstricteur va diminuer l’œdème. C’est important aussi de mettre votre genou au repos en évitant la marche et la station debout prolongées. Concernant près de 10 millions de Français, l’arthrose est la pathologie articulaire la plus répandue.
QU’EST-CE QUE L’ARTHROSE ?
L’ARTHROSE EST UNE PATHOLOGIE DÉGÉNÉRATIVE ARTICULAIRE CHRONIQUE, CARACTÉRISÉE PAR UNE DESTRUCTION PROGRESSIVE DU CARTILAGE ET DES REMANIEMENTS OSSEUX. TOUTES LES ARTICULATIONS PEUVENT ÊTRE TOUCHÉES. LES ATTEINTES LES PLUS FRÉQUENTES SONT LA GONARTHROSE (GENOU), LA COXARTHROSE (HANCHE), L’ARTHROSE DU RACHIS ET DES DOIGTS.
SIGNES CLINIQUES
La douleur est le principal symptôme de l’arthrose.
De type mécanique, elle est moins importante le matin et maximale le soir, gênant l’endormissement. L’enraidissement de l’articulation nécessite un « dérouillage matinal » de quelques minutes. Il n’existe aucun rapport entre l’intensité des douleurs et l’importance des lésions arthrosiques.
Petit à petit, la douleur et la raideur provoquent une gêne fonctionnelle avec diminution de l’amplitude des mouvements. On peut observer une déformation des articulations, en particulier en cas d’arthrose digitale.
L’état général est bon, il n’y a ni fièvre, ni amaigrissement.
EVOLUTION
L’arthrose évolue par poussées (ou crises) caractérisées par une douleur vive, de type inflammatoire et nécessitant un temps de dérouillage plus long (plus de 15 minutes, voire plusieurs heures). Ces crises correspondent à la destruction de fragments de cartilage qui se détachent dans l’articulation et peuvent s’accompagner d’un épanchement de synovie (l’articulation devient gonflée), en particulier en cas de gonarthrose.
L’évolution se poursuit lentement sur quelques dizaines d’années ou plus rarement très rapidement, aboutissant alors en 1 à 2 ans à une destruction complète du cartilage.
FACTEURS DE RISQUE
Les principaux facteurs de risque sont le surpoids, l’âge et le sexe féminin, des traumatismes (fractures, entorses), des contraintes mécaniques liées à certaines pratiques professionnelles ou sportives, des anomalies squelettiques (genu valgum ou varum) et des maladies métaboliques provoquant des dépôts au niveau articulaire comme la chondrocalcinose (dépôts de phosphate de calcium) ou la goutte (dépôts d’acide urique).
COMMENT TRAITER LES CRISES ?
La prise en charge d’une poussée repose sur la mise au repos de l’articulation associée à un traitement médicamenteux. Le conseil officinal se limite aux patients diagnostiqués afin d’écarter une autre affection articulaire ou des douleurs iatrogènes (biphosphonates, fluoroquinolones notamment). Une consultation est indispensable en cas de douleur associée à une gêne fonctionnelle ou des signes généraux (fièvre…).
TRAITEMENT GÉNÉRAL
PARACÉTAMOL
Du fait de sa bonne tolérance, le paracétamol est recommandé en première intention sans dépasser 4 grammes par jour.
AINS
Les AINS sont utilisés lors des poussées douloureuses ne répondant pas au paracétamol. Ils doivent être utilisés à la dose minimale efficace en cures courtes, afin de limiter les risques digestifs et cardiovasculaires.
L’ibuprofène (200 à 400 mg à renouveler si besoin toutes les 6 heures sans dépasser 1 200 mg par jour) et le kétoprofène (25 mg à renouveler si besoin, sans dépasser 75 mg par jour) sont disponibles sans ordonnance.
Les AINS sont contre-indiqués en cas d’ulcère gastroduodénal évolutif et d’antécédents d’hémorragie ou de perforation digestive liée à un AINS, d’antécédent de manifestation allergique ou d’asthme induit par AINS ou aspirine, d’insuffisances hépatique, rénale ou cardiaque sévères et chez la femme enceinte à partir du début du 6e mois de grossesse (déconseillés avant), même en prise unique (risque de fermeture du canal artériel et de mort in utero). L’utilisation des AINS doit être très prudente chez la personne âgée en raison d’un risque accru d’insuffisance rénale aiguë fonctionnelle et d’effets digestifs graves.
Avant de conseiller un AINS, rechercher d’éventuelles interactions avec un traitement en cours : l’association de deux AINS est déconseillée, de même que leur association aux anticoagulants, au lithium, au méthotrexate (> 20 mg/semaine).
Informer le patient des risques digestifs, allergiques et neurosensoriels (bourdonnements d’oreille, vertiges, troubles visuels) : conseiller la prise au cours d’un repas et un protecteur gastrique (en particulier chez le patient de plus de 65 ans).
ANTALGIQUES OPIACÉS
Ils sont envisagés en cas d’inefficacité du paracétamol ou des AINS, ou en cas de contre-indications ou d’intolérance aux AINS.
Depuis le 17 juillet 2017, les spécialités à base de codéine ne sont plus disponibles sans ordonnance.
TRAITEMENT TOPIQUE
AINS
Des topiques AINS sous forme de gel ou d’emplâtres peuvent être utilisés, en particulier en cas d’arthrose digitale ou de gonarthrose. Ils présentent l’avantage d’induire moins d’effets systémiques, en particulier digestifs, que les traitements par voie générale. Mais ils exposent au risque de réactions cutanées allergiques et de photosensibilisation (ne pas s’exposer aux UV solaires ou artificiels). Ils sont contre-indiqués à partir du 6e mois de grossesse, sur des peaux lésées et en cas d’allergie aux AINS.
Tous les topiques à base d’AINS n’ont pas une AMM dans l’arthrose. Flector Tissugel EP (emplâtres de diclofenac à 1 %), disponible sans ordonnance, a une AMM dans les poussées douloureuses de gonarthrose (2 applications/j, 14 jours max). Voltarène Emulgel (flacon pressurisé sur liste II, tube sans ordonnance) et Voltarenspe (disponible sans ordonnance), gels de diclofenac à 1 %, conviennent à toutes les articulations. Ketum gel de kétoprofène à 2,5 % (liste II) a une AMM dans l’arthrose des petites articulations. Ne pas dépasser 3 (kétoprofène) à 4 (diclofenac) applications par jour de gel sur une surface de 10 cm2.
CAPSAÏCINE
L’application locale de capsaïcine est efficace et bien tolérée dans l’arthrose digitale. On la trouve associée à la glucosamine, à la chondroïtine, au camphre, au menthol et à certaines huiles essentielles antalgiques dans la crème Capsaïne (2 à 3 applications/jour pendant 15 jours). §
CONSEILS LORS D’ INFILTRATIONS DE CORTICOÏDES
conseils lors d’ infiltrations de corticoïdes
• LES INFILTRATIONS DE CORTICOÏDES SONT INDIQUÉES EN CAS DE POUSSÉE RÉSISTANTE AUX AINS GÉNÉRAUX ET/OU EN CAS D’ÉPANCHEMENT. L’ACTION SE MANIFESTE AU BOUT DE 48 HEURES. IL EST RECOMMANDÉ DE NE PAS RÉALISER PLUS DE 3 INFILTRATIONS PAR AN DANS LA MÊME ARTICULATION.
• Les infiltrations de corticoïdes sont indiquées en cas de poussée résistante aux AINS généraux et/ou en cas d’épanchement. L’action se manifeste au bout de 48 heures. Il est recommandé de ne pas réaliser plus de 3 infiltrations par an dans la même articulation.
• LES EFFETS INDÉSIRABLES LES PLUS FRÉQUENTS SONT LES DOULEURS AU POINT D’INJECTION. LES INFILTRATIONS DE CORTICOÏDES PEUVENT AUSSI PROVOQUER UN MALAISE VAGAL TRAITÉ PAR LA SURÉLÉVATION DES MEMBRES INFÉRIEURS, DÉSÉQUILIBRER UN DIABÈTE (AUGMENTER LA SURVEILLANCE GLYCÉMIQUE) OU AGGRAVER UNE INFECTION EN COURS (DIFFÉRER L’INFILTRATION DANS CE CAS), ET PLUS RAREMENT, INDUIRE UN SAIGNEMENT OU UNE INFECTION ARTICULAIRE (1 CAS/50 000 INFILTRATIONS).
• Les effets indésirables les plus fréquents sont les douleurs au point d’injection. Les infiltrations de corticoïdes peuvent aussi provoquer un malaise vagal traité par la surélévation des membres inférieurs, déséquilibrer un diabète (augmenter la surveillance glycémique) ou aggraver une infection en cours (différer l’infiltration dans ce cas), et plus rarement, induire un saignement ou une infection articulaire (1 cas/50 000 infiltrations).
• APRÈS L’INJECTION, L’ARTICULATION DOIT ÊTRE MISE AU REPOS PENDANT 48 HEURES CAR L’IMMOBILITÉ AMÉLIORE L’EFFICACITÉ DU TRAITEMENT (LA MOBILISATION DE L’ARTICULATION FAVORISANT L’ÉLIMINATION DU MÉDICAMENT PAR LA MEMBRANE SYNOVIALE) ET PARCE QUE PLUS RAREMENT, LA DOULEUR PEUT ÊTRE MAJORÉE PAR L’INFILTRATION.
• Après l’injection, l’articulation doit être mise au repos pendant 48 heures car l’immobilité améliore l’efficacité du traitement (la mobilisation de l’articulation favorisant l’élimination du médicament par la membrane synoviale) et parce que plus rarement, la douleur peut être majorée par l’infiltration.
• LA SURVENUE DE DOULEUR SE MANIFESTANT 48 HEURES APRÈS LE GESTE, D’ŒDÈME ET/OU DE FIÈVRE, DOIT FAIRE SUSPECTER UNE INFECTION ET CONDUIRE IMPÉRATIVEMENT À UNE CONSULTATION.
• La survenue de douleur se manifestant 48 heures après le geste, d’œdème et/ou de fièvre, doit faire suspecter une infection et conduire impérativement à une consultation.
INFOS CLÉS
infos clés
• SAVOIR RECONNAÎTRE UNE CRISE : DOULEUR RÉVEILLANT LA NUIT, DÉROUILLAGE MATINAL > 15 MINUTES, ÉPANCHEMENT.
• Savoir reconnaître une crise : douleur réveillant la nuit, dérouillage matinal > 15 minutes, épanchement.
• A conseiller lors d’une crise : mise au repos de l’articulation, paracétamol en 1ère intention (jusqu’à 4 g/j). En cas d’échec : AINS à la dose minimale et sur un temps le plus court possible.
QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?
M ME L, LA SOIXANTAINE, TRAITÉE POUR UNE ARTHROSE SCAPULAIRE, PRÉPARE UN IMMINENT VOYAGE EN GUADELOUPE :
– JE VIENS CHERCHER UN RENOUVELLEMENT DE GEL DE KÉTOPROFÈNE, CAR JE PRÉFÈRE EN AVOIR SOUS LA MAIN AU CAS OÙ J’AURAIS MAL À L’ÉPAULE PENDANT MON SÉJOUR.
– ATTENTION, LE GEL DE KÉTOPROFÈNE EST PHOTOSENSIBILISANT : IL FAUT ÉVITER TOUTE EXPOSITION AU SOLEIL DES ZONES TRAITÉES. APPLIQUEZ BIEN DE LA CRÈME SOLAIRE SUR L’ÉPAULE DOULOUREUSE ET RECOUVREZ-LA D’UN PANSEMENT POUR LA PROTÉGER DU SOLEIL.
LE PHARMACIEN A-T-IL BIEN RÉAGI ?
NON. LE GEL DE KÉTOPROFÈNE EST EFFECTIVEMENT PHOTOSENSIBILISANT ET IL CONVIENT D’ÉVITER L’EXPOSITION AUX UV SOLAIRES OU ARTIFICIELS DES ZONES TRAITÉES, JUSQU’À DEUX SEMAINES APRÈS L’ARRÊT DE L’APPLICATION. CEPENDANT, IL EST PRÉFÉRABLE DE NE PAS PROTÉGER LA ZONE TRAITÉE DU SOLEIL PAR UN PANSEMENT (RISQUE D’OCCLUSION FAVORISANT LA TOXICITÉ CUTANÉE) ET DE NE PAS Y APPLIQUER D’AUTRES PRODUITS (RISQUE D’ALLERGIE CROISÉE AVEC L’OCTOCRYLÈNE CONTENU DANS LES ÉCRANS SOLAIRES). SI L’APPLICATION DE KÉTOPROFÈNE S’AVÉRAIT NÉCESSAIRE PENDANT LE SÉJOUR, CONSEILLER À M ME L. DES VÊTEMENTS COUVRANT BIEN L’ÉPAULE.
douleur mécanique
Douleur apparaissant à l’effort et régressant au repos.
douleur inflammatoire
Douleur persistant au repos, réveillant le patient la nuit, notamment en seconde partie de nuit.
Par Maïtena Teknetzian , pharmacienne, enseignante en IFSI
LES TRAITEMENTS MÉDICAMENTEUX DE FOND
Monsieur D., 64 ans, a débuté un traitement par glucosamine 1 500 mg il y a 6 semaines : – J’ai l’impression que ce que vous m’avez conseillé n’est pas très efficace ! J’ai vu une publicité sur un magazine, un produit riche en antioxydants qui a l’air de marcher…– Méfiez-vous de ce genre de publicité ! Beaucoup de composants préconisés dans les douleurs articulaires n’ont aucune efficacité démontrée. Je vous encourage vraiment à poursuivre la glucosamine encore 2 ou 3 mois car ses effets mettent du temps à apparaître. Je peux vous orienter vers une formule où elle est combinée à des antioxydants reconnus et bien dosés. Les anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL) regroupent la glucosamine, la chondroïtine et les insaponifiables de soja et d’avocat.
Ils ont une AMM dans le traitement de l’arthrose de la hanche et du genou (uniquement le genou pour la glucosamine).
Ils sont à conseiller chez les patients dont le diagnostic d’arthrose a été posé.AASAL, QU’EN ATTENDRE ?
Ces molécules n’ont pas ou peu d’effet sur la dégradation du cartilage (visualisable sur les radios) mais ont une certaine action différée sur les signes cliniques : douleurs et gêne fonctionnelle. Cette action, jugée minime par la Haute Autorité de santé (HAS), a conduit à leur déremboursement en 2015. De nombreux experts estiment toutefois que si cette efficacité est effectivement faible, elle n’est pas nulle et contribue à soulager certains patients et sans doute à diminuer le recours aux AINS, paracétamol et autres antalgiques (même si ce n’est pas clairement démontré par les études).
Selon une étude (GAIT 2006), l’association glucosamine et chondroïtine apporte un meilleur soulagement que la prise de chacun de ces composants isolément. D’où leur association fréquente dans les compléments alimentaires.
Plus récemment, des études cliniques* ont pointé une efficacité de la chondroïtine versus célécoxib dans la gonarthrose notamment sur les douleurs et la fonction articulaire.GLUCOSAMINE ET CHONDROÏTINE
Le sulfate ou le chlorhydrate de glucosamine et le sulfate de chondroïtine ont fait l’objet de nombreuses études, respectivement à des doses de 1500 mg par jour et 1200 mg par jour.
Constituants du cartilage, ils stimulent in vitro la synthèse de protéoglycanes (qui forment la matrice cartilagineuse) et protègent de l’action des radicaux libres.TOLÉRANCE
Elle est généralement bonne. Des troubles digestifs (nausées, douleurs abdominales, diarrhées, constipation) sont possibles, ainsi que plus rarement des réactions d’intolérance (éruptions cutanées, prurit, urticaire, angioedème).
Sous glucosamine, des cas d’élévation de la cholestérolémie, de perturbations de la glycémie chez les patients diabétiques et d’exacerbation des symptômes d’un asthme sont rapportés. Ces effets indésirables sont rares mais justifient de mettre en garde les patients concernés en leur recommandant de signaler la prise de glucosamine au médecin traitant afin d’intensifier le cas échéant la surveillance. Des saignements et une augmentation de l’INR sont possibles lorsque la glucosamine est associée aux dérivés coumariniques. Prudence dans tous les cas chez les patients sous anticoagulants. La glucosamine, obtenue à partir de crustacés, est contre-indiquée en cas d’allergie aux crustacés.INSAPONIFIABLES D’AVOCAT ET DE SOJA
Ils agiraient en stimulant la synthèse du collagène qui entre dans la composition du cartilage. Ils sont utilisés à la dose de 300 mg par jour.
TOLÉRANCE
Ils sont bien tolérés hormis des troubles digestifs possibles (régurgitations à odeur lipidique, diarrhées). Les réactions d’hypersensibilité sont rares. Pas d’utilisation au cours de la grossesse.
AUTRES COMPOSANTS
Dans les compléments alimentaires, des plantes anti-inflammatoires et antalgiques sont souvent associées à la glucosamine et/ou à la chondroïtine dans le but de potentialiser leur action. Il faut alors tenir compte de leurs effets indésirables potentiels.
D’autres composants dont l’efficacité dans les douleurs articulaires est plus ou moins étayée par des études cliniques sont également employés.
Vitamines et minéraux : certains, aux propriétés antioxydantes, aident à réduire l’inflammation et à renforcer l’os et ses tissus de soutien (allégations reconnues notamment : – le manganèse, VNR = 2 mg – le zinc, VNR = 10 mg – la vitamine C, VNR = 80 mg – le cuivre, VNR = 1 mg).
Oméga-3 issus de poisson : certaines études menées notamment chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde montrent un intérêt d’une supplémentation en huile de poisson (riche en oméga-3 EPA et DHA), à forte dose (> 1,5 g/jour), pour soulager des douleurs articulaires. Il n’existe pas ou peu d’études dans l’arthrose. Les oméga-3 peuvent augmenter l’effet d’un traitement anticoagulant.
Collagène : selon certaines études (dont double aveugle versus placebo), il pourrait être intéressant pour soulager les douleurs d’arthrose à condition d’être sous une forme biodisponible (type hydrolysat) et à une dose de 10 g par jour.
Soufre organique (méthyl sulfonyl méthane ou MSM) : quelques essais cliniques montrent des résultats encourageants à la dose de 1,5 g par jour.
Acide hyaluronique : constituant du cartilage, il pourrait avoir un intérêt à forte dose (près de 50 mg/jour) selon certaines études.
Silicium organique : peu assimilé par l’organisme, son intérêt est peu probant.CONSEILS D’UTILISATION
L’action des AASAL n’apparaît qu’après plusieurs semaines de prise régulière. Une administration aux repas peut être conseillée pour limiter les troubles digestifs. Outre l’arthrose de la hanche ou du genou, ils sont couramment proposés dans l’arthrose des doigts. En revanche, ils ne sont pas efficaces dans l’arthrose du dos.
Ils sont généralement recommandés en prise continue dès lors qu’une amélioration est constatée. Certains proposent parfois de suspendre le traitement quelques semaines par an du fait d’un possible effet rémanent.
En l’absence d’efficacité après 4 à 5 mois de prise, on peut proposer d’essayer une autre référence en privilégiant celles dont les composants ont montré une certaine efficacité.
Proscrire le cumul de plusieurs compléments alimentaires riches en antioxydants (oméga-3, cuivre, zinc…) car leur tolérance à forte dose et au long cours est mal connue.
*American College of Rheumatology (ACR): Chondroitinoutperformscelecoxib in kneeosteoarthritisstudy, ScienceDaily, 7 novembre 2015 et Reginster J-Y, Dudler J, Blicharski T, et al.AnnRheum Dis 2017;0:1–7. doi:10.1136/annrheumdis-2016-210860.
INFOS CLÉS
infos clés
• MÊME SI LEUR ACTION EST MODESTE, GLUCOSAMINE, CHONDROÏTINE OU INSAPONIFIABLES DE SOJA PEUVENT CONTRIBUER À SOULAGER LES DOULEURS ET LA RAIDEUR ARTICULAIRE CHEZ CERTAINS PATIENTS.• Même si leur action est modeste, glucosamine, chondroïtine ou insaponifiables de soja peuvent contribuer à soulager les douleurs et la raideur articulaire chez certains patients.
• En l’absence d’efficacité après 4 à 5 mois de prise, orienter vers une autre référence.
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LEQUEL DE CES COMPOSANTS PRIVILÉGIER POUR UNE ACTION BÉNÉFIQUE COMPLÉMENTAIRE SUR LES ARTICULATIONS ?
Lequel de ces composants privilégier pour une action bénéfique complémentaire sur les articulations ?
– L’hydrolysat de collagène
– La silice
Réponse : l’hydrolysat de collagène.
Par Nathalie Belin , pharmacienne
PHYTOTHÉRAPIE, AROMATHÉRAPIE ET HOMÉOPATHIE
A 72 ans, Alain est encore bon randonneur mais toutefois gêné par des douleurs au genou : – Il y a plein d’articles sur le curcuma. Je pensais que ce n’était utilisé qu’en cuisine. Vous pensez que je pourrais en prendre pour mes douleurs au genou ? – Bien sûr ! Le curcuma est maintenant surtout connu comme anti-oxydant et comme anti-inflammatoire. Mais pour qu’il soit efficace, il faut qu’il soit absorbé au niveau intestinal en le prenant par exemple au cours d’un repas qui contient des graisses ou du poivre. La phytothérapie et l’aromathérapie peuvent compléter la prise en charge.
VOIE ORALE
Le traitement des douleurs d’arthrose comporte deux volets :
– un traitement symptomatique en cas de crise douloureuse avec des plantes anti-inflammatoires et antalgiques,
– à associer à un traitement de fond en cas de chronicité à visée de drainage avec des plantes anti-inflammatoires et diurétiques ou dépuratives.
Conseils de prise : 20 jours par mois pour ménager une fenêtre thérapeutique. Le traitement est renouvelable.
Limites du conseil : les traitements sont proposés chez les patients dont l’arthrose a été diagnostiquée. Un avis médical est nécessaire en cas de douleurs articulaires accompagnées de gonflement ou de rougeur de l’articulation ou de fièvre ou en cas de persistance des symptômes en dépit du traitement. A éviter chez la femme enceinte ou allaitante, faute de données suffisantes.PLANTES DE LA PHASE AIGUË
La racine secondaire tubérisée d’harpagophytum(Harpagophytum procumbens, H. zeyheri) exerce un effet antalgique périphérique et anti-inflammatoire. Son efficacité est progressivement croissante. Il est à privilégier en cas de maux de dos et de douleurs articulaires aggravées par la chaleur.
Posologie : chez l’adulte, la tisane, au goût âcre, est facteur d’inobservance. Préférer l’extrait sec aqueux 5 à 10/1 : 200 à 400 mg, 2 à 3 fois par jour ou la teinture au 1/5, 0,5 à 1 ml 3 fois par jour. Consulter si les douleurs persistent au-delà de 4 semaines.
Effets indésirables : gastro-intestinaux (diarrhée, nausées, douleurs abdominales), neurologiques (maux de tête, vertiges), hypersensibilité.
Contre-indications : ulcère gastrique ou duodénal en évolution. Sur avis médical en cas de lithiase biliaire.
L’écorce de saule(Salix purpurea, S. daphnoides, S. fragilis), a des propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et antipyrétiques.
Posologie : chez l’adulte, traditionnellement utilisée en cas de douleurs articulaires mineures en particulier aggravées par l’humidité, elle bénéficie aussi d’un usage bien établi dans le traitement des lombalgies sous forme d’extrait sec hydro-alcoolique (alcool 70 %), 8 à 14/1 titré à 15 % de salicine à la dose journalière de 1572 mg d’extrait en 2 prises soit 240 mg de salicine durant 4 semaines maximum.
Effets indésirables : réactions allergiques (prurit, urticaire, asthme) et gastro-intestinaux.
Précautions : en cas d’insuffisance rénale ou hépatique sévère, de troubles de la coagulation, d’ulcère gastro-duodénal. Contient des dérivés salicylés (salicine ou salicoside): sauf avis médical contraire, ne pas associer à des salicylés ou autres AINS. L’écorce de saule peut augmenter l’effet des anticoagulants.
Contre-indications : hypersensibilité aux salicylés ou aux autres AINS, ulcère gastrique en évolution, asthme (risque d’aggravation), déficit en G6PD.
La gomme-oléorésine de boswellia(Boswellia serrata) est un remède traditionnel de la médecine ayurvédique employé pour traiter l’arthrose et les rhumatismes. Elle posséde une activité antalgique et anti-inflammatoire (inhibition de la 5-lipoxygénase).
Posologie : 1 à 3 g/jour ou l’équivalent sous forme d’extrait.
Effets indésirables : troubles gastro-intestinaux mineurs.
Le rhizome de curcuma (Curcuma longa) est également un remède traditionnel de la médecine ayurvédique indiqué dans de nombreuses pathologies dont le traitement de la douleur et de l’inflammation rhumatismales. Anti-inflammatoire actif sur les diverses voies de l’inflammation, anti-oxydant, le curcuma est testé dans de nombreux modèles inflammatoires dont l’arthrose, avec des résultats favorables.
Posologie : chez l’adulte, 1,5 à 3 g de poudre en gélules ou l’équivalent sous forme d’extrait. Pour améliorer l’absorption des curcuminoïdes, prendre au cours d’un repas contenant des graisses ou associé à du poivre noir par exemple (1 partie pour 9 parties de curcuma) : la pipérine favorise l’absorption de la curcumine.
Prudence cependant en cas d’irritation gastro-intestinale. Il est aussi possible d’opter pour des extraits de curcuma dont la biodisponibilité a été améliorée par association à l’oléorésine de curcuma ou à de la lécithine (phytosomes).
Contre-indications : obstruction des voies biliaires, lithiase biliaire, insuffisance hépatique (action cholagogue et cholérétique). Le curcuma doit être employé après avis médical en cas de traitement anticoagulant.
La feuille de cassis(Ribes nigrum) a des propriétés antalgiques et anti-inflammatoires. Ses proanthocyanes stimulent la biosynthèse de protéoglycanes et de collagène.
Posologie : chez l’adulte, infusion 10 à 15 min, 2 à 4 g (1 càc = 1 g) par tasse, 3 fois par jour durant 4 semaines maximum.
La reine des prés(Filipendula ulmaria, sommité fleurie) est anti-inflammatoire. Elle est aussi antipyrétique, diurétique, anti-oxydante et immunomodulatrice. Plante des milieux humides, elle serait à privilégier dans les douleurs arthrosiques aggravées par le froid.
Posologie : chez l’adulte, infusion 15 min avec de l’eau à 90 °C (pour éviter l’évaporation des composés volatils) 1,5 à 6 g par tasse pour la sommité fleurie (1 càc = 1,4 g) 2 à 3 fois par jour, ou 2 à 2,5 g par tasse (fleur) 1 à 3 fois par jour (dose journalière 2,5 à 6 g) sans dépasser 4 semaines.
Précautions : aucun effet indésirable n’est constaté aux doses recommandées. Par prudence, elle ne doit pas être associée aux dérivés salicylés ou autres AINS sans avis médical. Elle n’expose pas à un risque d’interaction médicamenteuse avec les anticoagulants en raison d’une trop faible quantité de dérivés salicylés.PLANTES DU TRAITEMENT DE FOND
Utilisées en relais ou conjointement aux plantes de la phase aiguë, elles peuvent aussi être associées à d’autres actifs comme la glucosamine ou le sulfate de chondroïtine.
Cassis et reine des prés s’utilisent aussi bien en phase aiguë qu’en entretien de l’arthrose (même posologie).
La feuille de frêne(Fraxinus excelsior et/ou F. angustifolia) est un classique des tisanes « du centenaire » en raison de ses propriétés diurétiques, anti-inflammatoires et anti-oxydantes.
Posologie : infusion 10 à 30 g pour 1 litre d’eau à boire en 2 à 3 fois dans la journée. Chez l’adulte.
Contre-indication : restriction des apports liquides (insuffisance cardiaque ou rénale sévère).
L’ortie, feuilles et parties aériennes(Urtica dioïca et/ou U. urens) est une des Simples les plus appréciées pour ses propriétés dépuratives, diurétiques, antalgiques, anti-inflammatoires et immunomodulatrices.
Posologie : infusion 15 min, 2 à 4 g par tasse jusqu’à 3 fois par jour (partie aérienne, 1càc = 0,8 g) ou 3 à 6 fois par jour (feuille, dose journalière = 8 à 12 g) durant 4 semaines maximum. A partir de 12 ans.
Effets indésirables : légers troubles gastro-intestinaux (nausées, diarrhée) et réactions cutanées (démangeaisons, exanthème).
La partie aérienne stérile de prêle(Equisetum arvense) est intéressante par son activité à la fois diurétique, antalgique et anti-inflammatoire et son action sur le cartilage. Elle apporte du silicium, constituant du tissu conjonctif, inhibe in vitro l’élastase et stimule la synthèse du collagène et des protéoglycanes.
Posologie : gélules de poudre à 570 mg, 3 fois par jour.
Effets indésirables : possibilité de troubles gastro-intestinaux légers. A partir de 12 ans.EN AROMATHÉRAPIE
Les huiles essentielles (HE) sont beaucoup plus utilisées en application locale à l’exception de l’HE de gingembre (Zingiber officinale, rhizome) dont l’application sur la peau est limitée par sa dermocausticité et son pouvoir allergisant. Son action anti-inflammatoire nette justifie son emploi dans les douleurs arthrosiques en association avec un traitement local.
Posologie : 1 goutte dans 1 càc d’huile d’olive, 3 à 5 fois par jour durant 2 à 7 jours maximum.TRAITEMENT LOCAL
EN PHYTOTHÉRAPIE
Complément du traitement per os, le traitement local permet de soulager spécifiquement les zones articulaires douloureuses.
Les plantes utilisées par voie orale peuvent également être utilisées en application locale sur les zones douloureuses. Exemples : harpagophytum et cassis dans Oemine Artro, harpagophytum et HE dans Kotor Gel articulaire crise aiguë…
Certaines plantes ne s’utilisent qu’en usage externe dans cette indication : capsicum (piment) pour son effet chauffant et antalgique (Gel Articulations à l’harpagophytum et au capsicum), réséda dans Sédosyl.
Le romarin, feuilles, sommités fleuries(Rosmarinus officinalis) est recommandé en bains pour soulager les douleurs articulaires et musculaires : décoction 15 min, 20 g pour 1 litre d’eau à ajouter dans l’eau du bain, un bain à 35-38 °C, 10 à 20 min 2 fois par semaine. Une consultation est nécessaire si les symptômes persistent au-delà de 4 semaines de pratique des bains. Dès 12 ans.
Contre-indications : plaies ouvertes, affections cutanées aiguës, fièvre élevée, infection sévère, troubles circulatoires importants, insuffisance cardiaque.
Précautions : prudence en cas d’hypertension. Déconseillé en cas de grossesse, allaitement.EN AROMATHÉRAPIE
L’aromathérapie est une thérapeutique de choix pour traiter les douleurs d’arthrose. Appliquées sur l’articulation douloureuse, les HE pénètrent facilement pour diffuser jusqu’à la synovie. Les HE antalgiques et anti-inflammatoires utilisées en cas d’arthrose contiennent des sesquiterpènes (chamazulène), des aldéhydes terpéniques (géranial, citronellal), des esters terpéniques (acétate de linalyle, salicylate de méthyle) ou des phénols (eugénol). Le camphre confère des propriétés rubéfiantes et antalgiques. Certains carbures monoterpéniques sont antalgiques : paracymène, delta-3-carène.
Mode d’utilisation : en raison de leur dermocausticité possible (aldéhydes, phénols), elles s’emploient en concentration maximale de 50 % : 10 % sur peaux sensibles et en règle générale 10 à 20 % diluées dans une huile végétale suffisamment fluide pour ne pas gêner leur diffusion (noisette, sésame, noyau d’abricot, calophylle). En cas de poussée douloureuse, 3 à 4 applications par jour sur la zone douloureuse pendant 3 jours et au maximum 8 jours ; en cas de douleurs chroniques, 1 à 2 applications/jour.
Elles peuvent être associées à des topiques anti-inflammatoires d’origine végétale et sont complémentaires d’un traitement phytothérapique par voie orale.
Elles sont déconseillées en cas de grossesse et allaitement.§INFOS CLÉS
infos clés
LES PLANTES ET HE ANTALGIQUES ET ANTI-INFLAMMATOIRES PERMETTENT DE SOULAGER LES DOULEURS DUES À L’ARTHROSE :
Les plantes et HE antalgiques et anti-inflammatoires permettent de soulager les douleurs dues à l’arthrose :
• en cas de poussée douloureuse, par voie orale : harpagophytum, saule, cassis feuille, reine des prés, curcuma, boswellia, complété par l’application locale d’HE diluées (gaulthérie, eucalyptus citronné, genévrier, romarin CT camphre, laurier, gingembre).
• en traitement d’entretien par voie orale : cassis, reine des prés, frêne, ortie, prêle.
QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?
CLAUDE, 75 ANS, VIENT RENOUVELER SON ORDONNANCE :
– MON ÉPOUSE ME DIT QUE JE NE PEUX PAS PRENDRE DE L’HARPAGOPHYTUM POUR MES DOULEURS D’ARTHROSE À CAUSE DE MON TRAITEMENT POUR LE CŒUR.
– CETTE PRÉCAUTION D’EMPLOI CHEZ LES PERSONNES PRÉSENTANT DES TROUBLES CARDIAQUES A ÉTÉ RÉCEMMENT SUPPRIMÉE. VOUS POUVEZ DONC PRENDRE DE L’HARPAGOPHYTUM ET RASSURER VOTRE ÉPOUSE.
LE PHARMACIEN A-T-IL BIEN RÉPONDU ?
OUI. DES TRAVAUX DATANT DE 1984 ATTRIBUAIENT À L’HARPAGOPHYTUM DES PROPRIÉTÉS « VERAPAMIL- LIKE » AVEC ALLONGEMENT DE L’INTERVALLE QT ET RISQUE DE SURVENUE DE TROUBLES DU RYTHME CARDIAQUE. CET EFFET N’A PAS ÉTÉ RETROUVÉ LORS DE TRAVAUX EXPÉRIMENTAUX ET DES ÉTUDES CLINIQUES ULTÉRIEURS. LA PRÉCAUTION D’EMPLOI LIÉE À L’UTILISATION DE L’HARPAGOPHYTUM CHEZ LES PERSONNES PRÉSENTANT DES TROUBLES CARDIAQUES A ÉTÉ SUPPRIMÉE LORS DE LA RÉVISION DE SA MONOGRAPHIE EUROPÉENNE EN 2016.
Par Chantal Ollier , pharmacienne
MATÉRIEL MÉDICAL ET ORTHÈSES DE SÉRIE
Nadine, 57 ans, secrétaire, souffre de rhizarthrose : – Le médecin m’a prescrit cette attelle de pouce, mais elle me gêne la journée. Je ne peux saisir aucun objet !– C’est normal, il s’agit d’une orthèse d’immobilisation afin d’éviter les déformations du pouce. Elle doit être portée la nuit. Différentes orthèses peuvent être proposées, après avis médical, afin de soulager la douleur et d’éviter la déformation de l’articulation.
APPAREILLAGE DU RACHIS VERTÉBRAL
LE COU
La cervicarthrose se manifeste par une cervicalgie et parfois par des signes de compression (paresthésies distales…), occasionnant une gêne fonctionnelle et limitant le patient dans ses mouvements. Elle est fréquente au-delà de 40 ans et est souvent asymptomatique. Elle peut être aggravée par la fatigue, les facteurs météorologiques et certaines activités (travail posté, sur écran, lecture, voiture…)
Les colliers cervicaux limitent plus ou moins fortement l’amplitude des mouvements de flexion, d’extension et de rotation de la colonne cervicale et diminuent la charge cervicale. Les colliers de classe 1 et 2 sont généralement utilisés. Ils ont une action proprioceptive par renforcement des sensations issues de la colonne cervicale et une action antalgique par leurs propriétés thermiques.
Les colliers C1 sont souples, en mousse recouverte de jersey de coton (LPP : 9,25 €).
Les colliers C2 sont semi-rigides, munis d’une plaque de plastique située à l’intérieur ou à l’extérieur du collier, souvent amovible pour une transformation en C1, d’où son nom de « collier évolutif » (LPP : 13,10 €).
Prise de mesure : circonférence du cou à sa base et hauteur menton-sternum, le patient en position debout ou assis, la tête droite, les épaules relâchées. Un collier cervical bien adapté soutient la tête en très légère extension, sans possibilité d’inclinaison vers le bas.
Port de l’orthèse : généralement portée par intermittence durant plusieurs heures par jour. Le port est parfois utile la nuit en situation de douleur aiguë (collier C1) et lors de trajets automobiles (conduite fortement déconseillée).
Conseil associé : un oreiller cervical permet de maintenir un degré de lordose cervical en décubitus dorsal et une bonne position de la tête en décubitus latéral (Thuasne cervi+, non remboursé).LE DOS
La lombarthrose ou arthrose lombaire est l’une des formes d’arthroses la plus fréquente. L’usure chronique entre les vertèbres lombaires se traduit par des douleurs s’intensifiant pendant les mouvements et l’exercice. Des douleurs passagères liées à la compression des nerfs (sciatique, cruralgie) ou des disques intervertébraux (hernie discale) peuvent survenir.
Une ceinture de soutien lombaire peut être portée pendant la crise algique lors d’activité professionnelle ou de loisir, puis en post-crise. Elle augmente la proprioception, diminue les contraintes sur les vertèbres et réduit les faux mouvements.
En tissu élastique, la ceinture lombaire comporte un dos doublé avec quatre baleines ressorts en acier et à l’avant deux ressorts souples. Il existe différentes tailles et caractéristiques (sangles de rappel, emplacement pour poche de thermothérapie…) selon les besoins du patient (LPP : 47,19 € à 55,86 € selon la hauteur).
Prise de mesure : taille du patient pour la hauteur de la ceinture, et tour de taille, chez le patient en position debout. L’essayage se fait en position debout, puis assise.
Port de l’orthèse : occasionnel lors des épisodes aigus douloureux. Ne se porte que le jour, au-dessus d’un T-shirt.APPAREILLAGE DU MEMBRE INFÉRIEUR
LE GENOU
La gonarthrose touche plus volontiers la femme après 40 ans. Le surpoids, l’obésité, les fractures articulaires et l’hypersollicitation articulaire sont des facteurs favorisants. La douleur n’est pas systématique mais est le symptôme le plus contraignant. La gonarthrose peut être de 2 types :
– l’arthrose fémorotibiale : la douleur diffuse est présente à la marche, la montée et la descente des escaliers. Elle est soulagée au repos. Un gonflement de l’articulation peut apparaître en cas de poussée inflammatoire.
– l’arthrose fémoropatellaire : la douleur localisée sur le devant du genou apparaît à l’extension de la jambe. Elle est plus importante lors de la descente des escaliers et peut être présente en position assise ou agenouillée.
Les genouillères sont indiquées en cas d’instabilité légère à modérée du genou en varus ou en valgus, afin de réduire la douleur, améliorer la stabilité et diminuer le risque de chute. Elles permettent notamment la reprise ou la poursuite d’une activité sportive (patient jeune) et de retarder le remplacement prothétique.
Les genouillères thermiques en laine (non remboursées) sont portées à même la peau (sauf, come toute orthèse, sur peau lésée) dans les douleurs arthrosiques à type de rhumatismes.
Les genouillères élastiques de contention assurent un maintien souple de l’articulation et permettent une amélioration du réflexe proprioceptif grâce à la compression. Elles sont portées à même la peau (LPP : de 7,39 € à 17,69 €).
Les genouillères rotuliennes ou fémoropatellaires, indiquées en cas d’arthrose fémoropatellaire, diminuent la pression sur la rotule grâce à l’évidement rotulien et stabilisent l’articulation grâce à un insert rotulien (le plus souvent en silicone). Certaines sont en tissu élastique (Genu pro activ…), d’autres articulées (Reaction, Oneplus…). Prise en charge par l’Assurance maladie de 24,46 € à 102,29 € (LPP).
Les genouillères ostéoarticulaires sont particulièrement adaptées aux patients souhaitant maintenir un mode de vie actif (OA Nano, Rebel Reliever…). Leur technologie permet de redistribuer la pression vers le compartiment sain de l’articulation, en corrigeant le varus ou le valgus responsable du pincement articulaire et de l’arthrose. Certains modèles permettent de limiter l’amplitude des mouvements articulaires (LPP : 102,29 €).
Prise de mesure : généralement circonférence du genou et/ou de la cuisse et du mollet. Se référer aux données du fabricant. Lors de l’essayage, les genouillères doivent être ajustées (réglage des sangles, bon placement des baleines…), afin de maintenir l’articulation en évitant l’effet garrot. L’insert rotulien doit généralement être centré sur la rotule.
Port de l’orthèse : temporaire, lors de l’activité. Les genouillères thermiques peuvent être portées en continu.
Conseils associés : le port de talonnettes ou d’orthèses plantaires, sur avis médical, peut être bénéfique, d’une part en limitant les contraintes sur le compartiment fémorotibial diminuant ainsi les douleurs, d’autre part en stabilisant les appuis plantaires.LA CHEVILLE
L’arthrose touche plus rarement la cheville. Elle peut être responsable de douleurs et de gêne dans les mouvements. L’articulation est raide. Un œdème est possible. L’arthrose de cheville étant généralement bien tolérée, le port d’une chevillère peut améliorer la stabilité de l’articulation.
Les chevillères de contention sont indiquées en cas de dégénérescence arthrosique. Les chevillères malléolaires sont dotées de coussin de silicone et peuvent être proposées en cas d’épanchements articulaires ou d’œdème.
Prise de mesure : circonférence de cheville 2 à 3 cm au dessus de la malléole.
Port de l’orthèse : pendant la journée, idéalement au cours des activités physiques. La retirer pendant les longues périodes d’inactivité (LPP : de 6,78 € à 16,19 €).
Conseil associé : le port de semelles orthopédiques peut également s’avérer bénéfique. En répartissant différemment les appuis, les semelles repositionnent les chevilles et diminuent les douleurs.APPAREILLAGE DU MEMBRE SUPÉRIEUR
LA MAIN ET LE POIGNET
L’arthrose touche toutes les articulations de la main et du poignet. L’arthrose du pouce ou rhizarthrose, fréquente chez les femmes de plus de 40 ans, correspond à la destruction de l’articulation trapézo-métacarpienne. L’usure voire la disparition du cartilage est responsable de douleurs situées à la racine du pouce et sur la partie externe du poignet, puis d’enraidissement articulaire et d’une perte de force et de mobilité avec difficulté de préhension devenant progressivement chroniques, limitant la fonction manuelle.
L’appareillage dépend des articulations touchées. On distingue principalement :
– les orthèses de pouce, qui permettent l’immobilisation du pouce en position antalgique mais préservent la mobilité du poignet. Certaines immobilisent totalement la colonne et la base du pouce, d’autres conserve la pince pouce/index.
– les orthèses de poignet-pouce, qui immobilisent le poignet et le pouce en abduction.
– les orthèses de poignet-main, qui immobilisent le poignet en légère extension à l’aide d’une baleine palmaire. Certaines orthèses sont munies de plaques thermoformables.
Prise de mesure : circonférence du poignet et éventuellement du pouce.
Prise en charge LPP : de 41,64 € à 79,20 €.L’ÉPAULE ET LE COUDE
Un manchon de maintien peut être utilisé en cas d’omarthrose (arthrose de l’épaule), responsable de douleurs, craquement et limitation de la mobilité. Il permet de recentrer l’articulation glénohumérale et assure également un soutien de l’épaule (Omotrain, LPP : 15,24 €). Prise de mesure : circonférence du bras au niveau le plus large.
Une épaulière en tissu extensible permettant un apport de chaleur et donc un effet antalgique au niveau de l’articulation peut être proposée (Thermotherapy, non remboursé).
L’arthrose du coude est rare, le plus souvent post-traumatique. Une coudière de contention peut procurer un effet antalgique par effet thermique. D’autres modèles sont équipés d’inserts en silicone permettant un effet amortisseur et massant. Prise de mesure : circonférence de l’avant-bras ou tour du coude. Non remboursée.AIDES AUX DÉPLACEMENTS
L’utilisation d’une canne anglaise (ou béquille) permet de soulager l’articulation douloureuse. Elle doit être avancée avec la jambe malade et être placée du côté opposé à l’articulation douloureuse afin d’obtenir une décharge du poids du corps pendant la marche et ainsi une diminution des douleurs suite à l’effort.
L’utilisation de deux cannes anglaises permet de mettre l’articulation douloureuse en décharge, soulageant ainsi l’appui. Les cannes supportent un poids maximal généralement de 100 à 130 kg pour les modèles adultes. Certains modèles sont spécifiquement adaptés aux personnes de forte corpulence (poids max 150 kg à 180 kg : Fortissimo, Globe Trotter +).
Plusieurs types d’embouts existent : plus ou moins larges, striés pour éviter les glissements, articulés pour poser la canne toujours à plat y compris en cas de pente. Ils doivent être régulièrement changés.
Une atteinte bilatérale peut nécessiter l’utilisation de cadres de marche ou déambulateurs avec roues (rollateurs). Chez les personnes âgées, elles permettent notamment de prévenir le risque de chute. Ils supportent également un poids maximal variable de 100 à 130 kg en moyenne. Certains modèles disposent d’une tablette, d’un panier, voire d’un siège.
Prise de mesure : la taille de la béquille correspond normalement à la taille de la personne moins 40 cm. Les cannes sont réglables en hauteur. La poignée doit se trouver à hauteur de hanche et le coude fléchi à 30 degrés. Les cadres de marche et rollateurs peuvent être réglables en hauteur. Sauf indication particulière, les poignées doivent se trouver à la hauteur des hanches. Avant l’achat, s’assurer que le dispositif passe entre les portes de l’habitat. Avant l’utilisation, vérifier que les pieds soient tous à la même hauteur.
Prise en charge : cannes et déambulateurs sont inscrits sur la LPPR et peuvent être remboursés sur prescription :
– les cannes sont remboursées uniquement à l’achat, à hauteur de 6,10 € pour les cannes en bois, 12,20 € pour les cannes anglaises (unité).
– les déambulateurs réglables en hauteur sont pris en charge à l’achat (53,81 €) ou à la location (de 1,34 à 2,21 €, forfait hebdomadaire dégressif au delà de 26 semaines) avec forfait de livraison (12,96 €).§
Proprio-ception
Appréciation de la position, des mouvements et de l’équilibre de chaque segment du corps par les récepteurs proprioceptifs situés dans les muscles, les tendons, les articulations… Ce mécanisme inconscient permet un ajustement des contractions musculaires pour les mouvements et le maintien des postures et de l’équilibre.
Lordose
Courbure vers l’intérieur de la colonne vertébrale.
varus
Déformation du membre inférieur caractérisée par une proéminence du genou vers l’extérieur.
valgus
Déviation de l’axe du membre inférieur vers l’intérieur avec saillie du genou en dedans (les genoux se touchent mais les chevilles sont écartées).
dégéné-rescence arthrosique
Dégénérescence du cartilage due à une hyperpression sur l’articulation pour des raisons mécaniques ou structurales (cartilage fragile).INFOS CLÉS
infos clés
• Les orthèses permettent d’atténuer la douleur arthrosique, et peuvent prévenir les déformations articulaires.
• Les aides techniques permettent d’améliorer considérablement la qualité de vie du patient.
• Les orthèses doivent être essayées et adaptées au patient avant délivrance.
TESTEZ-VOUS
testez-vous
Le port d’une canne s’effectue :
A/ du côté de la jambe atteinte
B/ du côté de la jambe non atteinte
Réponse : B.
Par Anne Drouadaine , pharmacienne
AUTRES MESURES NON MÉDICAMENTEUSES
Georges, 58 ans, souffre de gonarthrose : – Maintenant que la crise d’arthrose est passée, mon médecin m’incite à faire du sport. Je voudrais reprendre la course à pieds. Qu’en pensez-vous ? – Mieux vaut éviter les sports à impact qui sont susceptible d’accroître le risque de lésion articulaire. Privilégiez plutôt la natation ou le vélo. La prise en charge du patient arthrosique repose en premier lieu sur l’instauration de mesures non médicamenteuses associées aux antalgiques de première intention. On entend par mesures non médicamenteuses la perte de poids, l’exercice physique, la rééducation et l’instauration de mesures ergonomiques et orthopédiques.
RÉÉDUCATION ET AUTRES MESURES
Les séances de rééducation avec un kinésithérapeute comprennent un entretien musculaire avec des étirements, un travail de posture et l’apprentissage d’auto-exercices.
Des mesures d’économie articulaire doivent être mises en place lorsqu’une articulation est douloureuse afin d’éviter tout surmenage : orthèses nocturnes, canne de marche, semelles orthopédiques. Autres mesures de ménagement de l’articulation : éviter les stations debout prolongées et le port de charges lourdes.
Afin de diminuer les chocs, le port de chaussures adaptées avec semelles épaisses et souples est conseillé dans la gonarthrose. Eviter les talons hauts et étroits. Des semelles adaptées peuvent être proposées.ACTIVITÉ PHYSIQUE
L’exercice physique est indispensable pour renforcer la musculature, conserver la souplesse articulaire et la tonicité musculaire.
La pratique d’une activité physique régulière et adaptée est recommandée à raison d’au moins 30 minutes 3 fois par semaine, en dehors des poussées. Conseiller marche, natation, aquagym, cyclisme. Les sports à impacts (courses, tennis) sont déconseillés.CONSEILS DIÉTÉTIQUES
Facteurs de risque majeur de l’arthrose, le surpoids et l’obésité sont également des facteurs aggravant les lésions arthrosiques du genou et de la hanche. L’arthrose digitale touche en priorité les personnes obèses.
Une perte de poids même minime (10 %) est bénéfique et diminue le handicap ressenti du patient. Dans la gonarthrose, une perte de 5 kilos permet d’éviter une opération chirurgicale chez un patient sur 4.
Pour être efficace, la perte de poids doit être progressive, le régime amaigrissant ne doit donc pas être trop restrictif. Un suivi par un nutritionniste est recommandé.
La perte de poids doit surtout être associée à de l’exercice physique pour diminuer significativement la douleur et la gêne fonctionnelle.TRAITEMENTS ALTERNATIFS
La crénothérapie (cures thermales) a un bénéfice démontré sur la douleur et la gêne fonctionnelle, en complément des traitements classiques. Elle permet d’allier la kinésithérapie, un traitement physique (massage), la fangothérapie (boues marines, algues), les conseils hygiéno-diététiques et a un effet psychologique.
La neurostimulation transcutanée peut aider à soulager la douleur à court terme. Elle n’est cependant pas remboursée dans l’arthrose.
Par Anne Drouadaine , pharmacienne
INTERVIEW
Les médicaments de l’arthrose sont déremboursés au motif d’un service médical rendu insuffisant. Comment traiter l’arthrose aujourd’hui ?
Les médicaments de l’arthrose ont, seuls, une efficacité modérée. Aucun n’a montré une efficacité suffisante pour la HAS qui n’a pas maintenu leur remboursement. Or, la prise en charge de l’arthrose repose sur l’association de plusieurs mesures à efficacité modérée : médicaments antiarthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL), injection d’acide hyaluronique, activité physique, kinésithérapie, cure thermale… Aujourd’hui, avec le déremboursement, 50 % des patients ont renoncé aux AASAL, probablement par manque de moyens. On est donc dans une médecine à deux vitesses. On supprime aussi tout un pan des traitements : avant le déremboursement des médicaments de l’arthrose, on posait deux fois moins de prothèses que les autres pays européens ; après le déremboursement, nous n’avons pas encore de chiffres, mais il y a un risque d’explosion des poses de prothèses qui va entraîner des surcoûts à moyen terme. On constate aussi une sur-consommation de paracétamol, avec les conséquences qui y sont associées (hépatites…). Il y a clairement un problème de vision à court terme.Où en est la recherche clinique ?
Plusieurs pistes sont explorées mais nous manquons encore de recul. L’une des pistes est l’injection de cellules souches issues du tissu adipeux abdominal, réorientées vers les chondrocytes et injectées dans le genou, pour participer à la synthèse du cartilage. Des biomédicaments vont apparaître : les anti-NGF, anticorps monoclonaux qui bloquent la néo-innervation apparaissant dans l’arthrose et qui agissent directement sur la douleur. Des études sont également en cours sur un facteur de croissance, le FGF, qui permet d’augmenter le volume du cartilage.Comment prévenir l’arthrose ?
La première cause d’arthrose digitale ou d’arthrose du genou est l’obésité. La première règle de prévention de l’arthrose est de maintenir une activité physique, de garder une tonicité musculaire, d’adopter de bonnes mesures alimentaires. Cette règle est aussi valable pour les patients sous traitement.POUR ALLER PLUS LOIN
Stop arthrose : site conçu par L’AFLAR pour les patients souffrant d’arthrose, regroupant informations, conseils et solutions antiarthrosiques. Site internet : stop-arthrose.org
« Stop à l’arthrose » : guide pratique pour prévenir et soulager les symptômes de l’arthrose. Une partie des droits d’auteurs est reversée à l’AFLAR.
Stop à l’arthrose, Dr L. Grange, Solar Santé, 6,90 €.D r laurent grange, rhumatologue au CHU de Grenoble Alpes (Isère), président de l’Association française de lutte antirhumatismale (AFLAR).
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