Les angines

Publié le 20 mars 2018
Par Nathalie Belin
Mettre en favori

L’angine est une infection aiguë d’origine virale ou bactérienne des amygdales palatines. En raison de possibles complications, seules les angines bactériennes nécessitent une antibiothérapie. À l’officine, connaître les signes qui mettent sur leur piste est important pour orienter le patient vers un avis médical.

La maladie

Physiopathologie

Rappels sur les amygdales

• Les amygdales, ou tonsilles, situées à l’entrée des voies aérodigestives supérieures, sont des formations lymphoïdes constituant l’anneau de Waldeyer. On distingue :

→ les amygdales palatines, ou simplement « amygdales », visibles depuis l’entrée de la bouche de part et d’autre de la luette ;

→ les amygdales pharyngées, ou végétations adénoïdes, situées en arrière du voile du palais et non visibles depuis la bouche, avec prolongement tubaire à l’entrée de la trompe d’Eustache ;

→ l’amygdale linguale, à la face dorsale de la langue.

• Les amygdales jouent un rôle essentiel dans les défenses de l’organisme en piégeant les antigènes apportés par l’alimentation et la ventilation.

Définition des angines

• L’angine aiguë, ou amygdalite aiguë, correspond à une inflammation d’origine infectieuse des amygdales palatines, voire de l’ensemble de l’oropharynx ; dans ce cas, c’est une pharyngite.

• L’infection est d’origine virale dans la grande majorité des cas, quel que soit l’âge.

Publicité

• Les angines bactériennes sont moins fréquentes : 25 à 40 % des cas chez l’enfant et 10 à 25 % chez l’adulte. Dans ce cas, elles sont le plus souvent dues au streptocoque bêta-hémolytique du groupe A (SGA ou Streptococcus pyogenes).

• La contamination se fait par voie aérienne.

Plus grande fréquence chez l’enfant

• Les angines sont exceptionnelles avant l’âge de 18 mois, les amygdales palatines n’étant pas encore suffisamment développées.

• Elles sont en revanche fréquentes à partir de 3 ans, et notamment entre 5 et 15 ans, car elles participent au processus de maturation immunitaire.

• Leur incidence diminue ensuite progressivement avec l’âge du fait d’une tendance spontanée à l’involution des amygdales palatines.

• Le pic d’incidence des angines à SGA se situe entre 5 et 15 ans.

Formes cliniques

En fonction du germe responsable, il existe plusieurs formes cliniques d’angines qui orientent le diagnostic.

Caractéristiques communes

• Le tableau clinique associe une douleur pharyngée augmentée par la déglutition (odynophagie), ainsi que des anomalies de l’aspect de l’oropharynx à l’examen à l’abaisse-langue. Cet examen permet de distinguer plusieurs formes cliniques : les angines érythémateuses, ou angines « rouges », érythémato-pultacées, ou angines « blanches », et ulcéro-nécrotiques, les plus fréquentes (voir ci-après).

• D’autres signes infectieux peuvent être présents selon l’étiologie : fièvre, signes respiratoires tels que rhinorrhée, toux…, otalgie réflexe, adénopathies cervicales, éruption cutanée, douleur abdominale, notamment chez l’enfant.

Angine érythémateuse

C’est la plus fréquente. Elle est très souvent d’origine virale, mais pas obligatoirement.

• Les signes : le pharynx est inflammatoire et les amygdales sont rouges et ont vu leur volume augmenter.

• Cette forme d’angine peut accompagner des infections virales comme la rougeole et la varicelle, ou bactériennes comme la scarlatine, avec angine rouge due à un SGA producteur d’une toxine et éruption cutanée.

Angine érythémato-pultacée

En plus des caractéristiques précédentes, les amygdales sont recouvertes d’un dépôt purulent blanchâtre. Cette forme d’angine est plus volontiers associée à une infection par le SGA.

Angine ulcéro-nécrotique

L’amygdale présente des ulcérations avec des zones de nécroses. Cet aspect doit faire évoquer :

→ une angine de Vincent, d’origine bactérienne, liée à une association fuso-spirillaire (Fusobacterium et spirochète Borrelia). Survenant le plus souvent chez l’adolescent ou l’adulte jeune, elle est associée à une haleine fétide ;

→ un chancre syphilitique lié à Treponema pallidum dans un contexte de rapports sexuels oro-génitaux ;

→ un symptôme d’une hémopathie ou d’un cancer de l’amygdale.

Angine pseudomembraneuse

Elle se caractérise par la présence d’une fausse membrane sous forme de plaque blanchâtre ou grisâtre qui adhère plus ou moins fortement à la muqueuse. Ce type d’angine fait évoquer :

→ une diphtérie due à Corynebacterium diphtheriae, devenue exceptionnelle grâce à la vaccination ;

→ une mononucléose infectieuse (voir Info+ p. 26), due au virus d’Epstein-Barr. Transmise par la salive, d’où son nom de « maladie du baiser », cette dernière touche surtout les adolescents ou les jeunes adultes.

Angine vésiculeuse

L’oropharynx présente des vésicules. Cette forme d’angine est associée à un virus, un entérovirus, primo-infection herpétique, ou encore au syndrome pieds-mains-bouche touchant fréquemment les jeunes enfants. Ce syndrome, lié le plus souvent au virus coxsackie, associe des lésions vésiculeuses au niveau des extrémités à une angine vésiculeuse.

Diagnostic

Il repose sur la présence de symptômes évocateurs et sur l’aspect clinique de l’oropharynx.

• En général, la symptomatologie suivante évoque une origine virale de l’angine : absence de fièvre, toux, enrouement, rhinorrhée, conjonctivite ou diarrhée, vésicules au niveau de l’oropharynx.

• Une angine à SGA est plutôt évoquée devant u ne apparition brutale des symptômes, une fièvre supérieure à 38 °C, une douleur intense ou des adénopathies douloureuses, c’est-à-dire la présence de ganglions sensibles.

• Cependant, cela n’a qu’une valeur d’orientation et ne suffit pas en général à définir l’origine virale ou bactérienne de l’infection.

• Deux outils diagnostiques ont donc été développés pour aider à la démarche diagnostique : le score de Mac Isaac (voir Info+) et le test rapide d’orientation diagnostique de l’angine, ou TROD oropharyngé.

Score de Mac Isaac

• C’est quoi ? Le score prédictif d’angine à streptocoque Mac Isaac est un score clinique élaboré à la fin des années 1990. Il permet d’évaluer la probabilité d’infection pharyngée à SGA en fonction de la présence ou non de plusieurs critères (voir encadré). Il aide également à décider de recourir ou pas à un TROD oropharyngé (voir ci-dessous).

• Chez qui ? Il n’est utilisable que chez l’adulte car, chez l’enfant, les symptômes sont parfois davantage trompeurs.

TROD oropharyngés

• Définition. Un test rapide d’orientation diagnostique (TROD) permet, à partir d’un prélèvement oropharyngé, de mettre en évidence des antigènes de la paroi du SGA.

• Pour qui ? Il est recommandé chez l’enfant à partir de 3 ans et chez les adultes avec un score de Mac Isaac supérieur ou égal à 2.

• Les différents tests présentent une forte spécificité d’environ 95 %(voir Dico+ p. 29) et également une bonne sensibilité, supérieure à 90 % (voir Dico+ p. 29).

Ainsi, un test positif oriente très fortement vers une infection à SGA. Il existe plusieurs tests, disponibles au cabinet médical, tel Streptatest Exacto Pro de Biosynex, et en officine, tels Streptatest (Exacto)… (lire aussi notre rubrique Matériel p. 38).

• Les résultats en pratique. Un résultat positif justifie la prescription d’une antibiothérapie. Un résultat négatif est, lui, en faveur d’une angine virale qui ne nécessite pas d’antibiothérapie. « Toutefois, le TROD oropharyngé ne détecte que la bactérie SGA, précise le Dr Jean- Michel Klein, président du Conseil national professionnel d’ORL. Il sera donc négatif dans le cas d’une autre angine bactérienne. »

→ Au cabinet médical : en présence d’une angine ulcéreuse, ulcéro-nécrotique ou pseudomembraneuse, il est recommandé d’effectuer un prélèvement pharyngé avec mise en culture pour déterminer l’origine infectieuse. Il en est de même avec un TROD négatif chez un patient avec facteurs de risque de rhumatisme articulaire aigu (voir Info+), complication potentiellement sévère de l’angine à SGA.

→ A l’officine : un test positif fait orienter le patient vers le médecin. « Mais prudence en cas de TROD négatif associé à une symptomatologie faisant suspecter une infection bactérienne ! », met en garde le Dr Klein (voir Interview p. 31).

Évolution

Les angines virales et bactériennes évoluent en général vers la guérison en trois à quatre jours, même en l’absence de traitement médical. Cependant, les angines à SGA ainsi que les autres angines bactériennes peuvent être à l’origine de complications.

Infections locorégionales

« Ce sont actuellement les plus courantes, en particulier le phlegmon amygdalien, explique le Dr Klein. Elles peuvent notamment être favorisées par un terrain immunodéprimé ou la prise de corticoïdes ou d’AINS sans couverture antibiotique » ( voir interview p. 31).

• Le phlégmon péri-amygdalien est un abcès situé entre l’amygdale et la paroi pharyngée. Les symptômes sont marqués, avec une fièvre élevée, un œdème de la luette, un trismus, qui est une contraction des muscles de la mâchoire empêchant son ouverture correcte, et une voix modifiée.

L’abcès pharyngé : il entraîne une dysphagie importante et parfois un torticolis accompagné de fièvre.

• L’adénite cervicale suppurée, liée au développement de l’infection au niveau du ganglion cervical, s’accompagne de fièvre, de douleurs importantes et parfois d’un torticolis.

• La cellulite cervicale correspond à la diffusion de l’infection aux parties molles du cou. Elle constitue une urgence médico-chirurgicale.

Complications générales

Devenues exceptionnelles dans les pays industrialisés grâce à l’antibiothérapie, elles sont liées à certaines souches particulièrement virulentes de streptocoque hémolytique du groupe A.

• Le rhumatisme articulaire aigu (RAA) débute quinze à vingt jours après l’angine. Il touche les articulations mais parfois aussi le tissu souscutané avec présence de nodules, le cœur et le système nerveux central. L’atteinte cardiaque peut laisser des séquelles graves.

La glomérulonéphrite aiguë (GNA) débute dix à vingt jours après l’infection. Elle se manifeste par une hypertension artérielle, des œdèmes et parfois une insuffisance rénale aiguë.

Son traitement

Objectif

Dans tous les cas, un traitement symptomatique vise à soulager les symptômes. Ensuite, tout dépend de l’étiologie.

• Avant l’âge de 3 ans, les angines étant le plus souvent virales, une antibiothérapie n’est pas indiquée.

• En cas d’angine bactérienne, l’antibiothérapie diminue la durée des symptômes, et surtout prévient la survenue de complications locorégionales et générales. Le risque de RAA est prévenu même en cas d’antibiothérapie tardive, jusqu’à neuf jours après le début des symptômes.

• L’antibiothérapie réduit également la contagiosité e n diminuant le risque de dissémination du SGA.

Stratégie thérapeutique

Elle associe traitements antalgiques et/ou locaux pour soulager la douleur et/ou antibiothérapie selon l’étiologie.

Dans tous les cas, si les symptômes persistent (fièvre, dysphagie) après trois jours de traitement, une réévaluation de la prise en charge est nécessaire.

• Angines à SGA, la plus fréquente.

→ Chez l’enfant de plus de 3 ans et l’adulte, l’amoxicilline est indiquée en première intention sur six jours, ou un macrolide en cas de contre-indication aux bêta-lactamines : azithromycine, clarithromycine ou josamycine.

→ En cas d’allergie ou de contre-indications aux pénicillines : cefpodoxime pendant cinq jours chez l’enfant et céfotiam, cefpodoxime ou céfuroxime chez l’adulte.

• Autres angines

→ Scarlatine : due au SGA, sa prise en charge est identique à celle d’une angine streptococcique.

→ Angine de Vincent : pénicilline associée à des soins bucco-dentaires.

→ Diphtérie (rare) : traitement hospitalier en urgence avec isolement, associant pénicilline G ou macrolide et sérothérapie avec sérum renfermant des anticorps dirigé contre la toxine diphtérique.

Médicaments

Traitements symptomatiques

• Antalgique/antipyrétique. Le paracétamol est la molécule de référence.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme les corticoïdes sont à proscrire dans les angines bactériennes sans couverture antibiotique car ils peuvent favoriser l’extension locorégionale de l’infection : phlegmon…

• Traitements locaux. Pastilles ou collutoires lubrifient les muqueuses et procurent une antalgie transitoire.

Les pastilles sont contre-indiquées avant l’âge de 6 ans en raison du risque de fausse-route. Certains collutoires sont indiqués dès 30 mois. Certains de ces traitements peuvent exposer à des effets indésirables.

→ Antiseptiques locaux (chlorhexidine, biclotymol, cétylpyridinium…) : irritations locales possibles. Ils pourraient déstabiliser la flore microbienne locale lors de traitements prolongés.

→ Anesthésiques locaux (lidocaïne, tétracaïne…) : en raison du risque de fausse-route, ne pas les prendre avant un repas. Déconseillés en cas de troubles de la déglutition. Ils s’utilisent avec prudence entre 6 et 12 ans.

→ Ambroxol : cet anti-inflammatoire et anesthésique local peut exposer à des réactions d’hypersensibilité, dont choc anaphylactique, et à des réactions cutanées parfois graves.

→ Flurbiprofène en pastilles (Strefen, à partir de 12 ans) : AINS local qui expose aux mêmes effets indésirables que les AINS par voie générale. Il est notamment contre-indiqué en cas d’antécédents d’ulcère gastroduodénal et de grossesse à partir du sixième mois (risque d’atteintes rénales et cardio-pulmonaires irréversibles, voire mortelles), mais à déconseiller fortement les cinq premiers mois de grossesse (risque de fausse-couche). Comme avec les autres AINS, il existe un risque potentiel d’extension locale d’une infection bactérienne.

→ Corticoïdes locaux (tixocortol en pulvérisation buccale : Thiovalone…) : possibles réactions allergiques.

→ Alpha-amylase (Maxilase, Mégamylase…) : enzyme à visée anti-inflammatoire disposant d’un bon profil de tolérance.

Antibiotiques

Amoxicilline

• Mode d’action : se fixe à la PLP, protéine de liaison des pénicillines, et provoque l’arrêt de la synthèse du peptidoglycane, composant de la paroi bactérienne.

• Effets indésirables : diarrhées, nausées, éruptions cutanées.

Des candidoses cutanéo-muqueuses, des réactions allergiques sévères à type d’œdème de Quincke, de choc anaphylactique, de syndrome de Steven-Johnson ou de syndrome de Lyell sont possibles.

Céphalosporines

• Molécules : cefpodoxime, céfuroxime, céfotiam.

• Mode d’action : idem amoxicilline.

• Effets indésirables : surtout digestifs, avec nausées, diarrhées, douleurs abdominales. Rare colite pseudomembraneuse, et réactions allergiques (urticaire, œdème de Quincke, nécrolyses épidermiques).

Macrolides

• Molécules : azithromycine, clarithromycine, josamycine.

• Mode d’action : ils se lient à l’ARN ribosomal bactérien et perturbent ainsi l’élongation de la chaîne protidique bactérienne.

• Effets indésirables : essentiellement digestifs. Très rarement : ototoxicité, altération de la fonction hépatique. Des allongements de l’intervalle QT sont décrits. Les macrolides sont des inhibiteurs enzymatiques, sauf la spiramycine, et notamment la clarithromycine, donc à risque d’interactions médicamenteuses !

Conseils aux patients

Observance

Après amygdalectomie

• La douleur est importante et prise en charge par des antalgiques de palier 2 ou 3 si besoin : morphine, tramadol.

La codéine est contre-indiquée avant l’âge de 12 ans et après amygdalectomie ou adénoïdectomie en raison d’un risque de dépression respiratoire.

• Le risque hémorragique post-opératoire est impor tant au cour s des deux premières semaines et nécessite une surveillance clinique Il ne faut pas s’éloigner du domicile durant ce laps de temps et consulter l’hôpital en cas de saignement du nez ou de la bouche.

• Privilégier des aliments liquides ou mous, froids et éviter ceux qui sont irritants : pain dur, biscottes…

En cas de mononucléose infectieuse

L’évolution se fait vers la guérison spontanée en trois à quatre semaines, mais avec une phase de convalescence qui peut durer plusieurs semaines ou mois, avec une fatigue importante. Le traitement est symptomatique, avec notamment repos au lit. Une corticothérapie peut être indiquée lorsqu’il existe une hypertrophie importante des amygdales.

Sous antibiotiques

• Bien respecter la durée du traitement prescrit p ar le médecin au risque de favoriser des résistances bactériennes. Une réévaluation du trai tement s’impose en l’absence d’amélioration après 48 heures.

• La prise de probiotiques peut aider à limiter les effets indésirables digestifs : Lactéol, Arko Levure, Physionorm Plus… Un avis médical est impératif en cas de diarrhée importante, avec plus de trois selles par jour durant le traitement ou les jours suivant son arrêt.

• Recommander aux patientes sujettes à mycoses vaginales la prise d’un ovule antifongique à la fin du traitement : MycoHydralin, Gynopura LP…

Automédication

• Antalgique/antipyrétique : le paracétamol est le traitement de première intention.

La prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), y compris sous la forme de pastilles, doit être déconseillée si l’on suspecte une angine bactérienne avec forte fièvre, douleur très importante, haleine fétide… Attention, pas de levure S accharomyces boulardii chez les patients en état critique, immunodéprimés ou porteurs d’un cathéter veineux central.

• Traitements locaux : pas d’anesthésiques locaux avant l’âge de 6 ans, ni en cas de troubles de la déglutition. Bien s’hydrater et sucer des bonbons sans sucre aident à lubrifier la muqueuse pharyngée et à calmer la douleur.

Vie quotidienne

Limiter la contagion

La durée de la contagiosité d’une angine à SGA non traitée par antibiotique est de deux à trois semaines. En cas d’angine à SGA, dont la scarlatine, une éviction de la collectivité est recommandée les deux premiers jours de l’antibiothérapie. Durant ce laps de temps, les mesures classiques d’hygiène s’imposent : se laver régulièrement les mains, ne pas échanger la vaisselle, éviter les contacts proches avec son entourage… Idem en cas de mononucléose infectieuse, très contagieuse durant la phase aiguë de l’infection lorsque le malade a de la fièvre.

Alimentation

Privilégier des aliments et des liquides froids plutôt que chauds car ils sont mieux tolérés. Sucer de la glace peut même avoir un effet anesthésiant local.

Prévention

Éviter si possible les écarts importants de température, notamment liés à la climatisation, ou les anticiper (vêtements, foulard autour du cou).

Avec la collaboration du Dr Jean-Michel Klein, ORL, président du Conseil national professionnel d’ORL (CNP ORL).

Info +

→ Mononucléose infectieuse : les signes cliniques évocateurs sont notamment un rash cutané lors de la prise d’une pénicilline, un purpura pétéchial du voile (taches hémorragiques pourpres au niveau du voile du palais), une splénomégalie (augmentation du volume de la rate, palpable à l’examen clinique) ou un ictère conjonctival lié à une cytolyse hépatique.

Info +

→ Plusieurs auteurs ont tenté de valider des scores cliniques devant les limites du diagnostic clinique quant à l’étiologie d’une angine. En 1997, le Canadien Mac Isaac(1) valide un score (voir ci-dessous) à partir d’une étude sur 619 patients issus de 97 médecins généralistes. La sensibilité est de 85 % pour une spécificité à 92,1 %. D’où son usage recommandé par les sociétés savantes.

(1) Mac Isaac et al., A clinical score to reduce unnecessary antibiotic use in patients with sore throat, Can Med Assoc J 1998, 158 : 75.

Score de Mac Isaac

→ Le score de Mac Isaac est une aide au diagnostic microbiologique de l’angine chez l’adulte. Il n’a aucune valeur chez l’enfant. En fonction de la présence ou non de critères cliniques, il oriente vers une étiologie virale ou bactérienne de l’angine et aide à la décision d’effectuer ou pas un TROD oropharyngé.

Interprétation

Score < 2 = probabilité d’infection à SGA de 5 % maximum → angine vraisemblablement d’origine virale ; il n’est pas nécessaire d’effectuer un TROD.

Score ≥ 2 : faire un TROD oropharyngé.

Dico +

→ Spécificité :

proportion de patients non atteints par la maladie et dont le test se révèle négatif. Plus un test est spécifique, moins il occasionne de faux positifs et mieux il permet, s’il est positif, de confirmer la maladie.

→ Sensibilité :

proportion de patients atteints par la maladie et dont le test se révèle positif. Plus un test est sensible, moins il occasionne de faux négatifs et mieux il permet d’exclure la maladie en cas de négativité.

Info +

→ Facteurs de risque de rhumatisme articulaire aigu (RAA) : antécédents personnels de RAA, épisodes multiples d’angines à SGA, séjour en région d’endémie du RAA (Afrique ou DOMTOM), facteurs de précarité.

Info +

→ L’amygdalectomie est indiquée dans les angines récidivantes : au moins sept épisodes dans l’année en cours ou cinq épisodes par an sur deux ans ou trois par an sur trois ans.

Dico +

→ Syndrome de Steven-Johnson, syndrome de Lyell, encore appelées nécrolyses épidermiques : dermatoses aiguës et graves causées par la prise de médicaments, caractérisées par la destruction brutale de la couche superficielle de la peau et des muqueuses. Le syndrome de Lyell concerne les formes les plus étendues.

Principales contre-indications médicales

→ Amoxicilline : hypersensibilité aux pénicillines.

→ Céfotiam, cefpodoxime, céfuroxime : allergie aux céphalosporines. Céfotiam : insuffisance rénale sévère, insuffisance hépatique.

→ Azithromycine, clarithromycine, josamycine : allergie aux macrolides. Azithromycine : insuffisance hépatique sévère. C larithromycine : allongement de l’intervalle QT, hypokaliémie, antécédent de torsades de pointes.

Interview

“Des anti-inflammatoires sans la couverture antibiotique nécessaire favorisent les complications”

Dr Jean-Michel Klein, président du Conseil national professionnel d’ORL (CNP ORL)

Les complications des angines sont-elles fréquentes ?

Même s’il faut garder en mémoire le risque de syndromes post-streptococciques avec rhumatisme articulaire aigu (RAA) et glomérulonéphrite aiguë, ce sont surtout les complications locorégionales que l’on redoute, car beaucoup plus fréquentes. Elles peuvent être favorisées par un spectre d’antibiotique mal adapté, mais aussi et surtout par la prescription d’une corticothérapie ou la prise d’AINS sans la couverture antibiotique qui aurait été nécessaire. Un terrain à risque peut aussi les favoriser comme le diabète, le tabagisme ou l’alcoolisme.

À l’officine, peut-on se fier uniquement au résultat du TROD pour bien conseiller et orienter un patient ?

Non. En cas de TROD négatif, on ne peut exclure une angine bactérienne due à un autre germe que le SGA. Or, toute angine bactérienne peut induire des complications. Il faut donc se servir d’autres « indicateurs » pour orienter le patient vers un médecin si besoin, comme une fièvre élevée, un état général très altéré ou encore une douleur très importante. Si le TROD est négatif et la symptomatologie peu bruyante, on peut raisonnablement conseiller un traitement symptomatique en recommandant un avis médical en l’absence d’amélioration après trois jours. Dans cette situation, on peut conseiller pour soulager la douleur un « vieux remède » très efficace : un gargarisme réalisé avec un sachet d’Aspégic 1 000 dilué dans un peu d’eau, que l’on avale ensuite… bien entendu, chez des patients sans antécédent d’ulcère gastroduodénal qui tolèrent l’aspirine.

Info +

→ Le céfuroxime en suspension buvable (Zinnat) n’est plus recommandé du fait d’une mauvaise acceptabilité du goût.

→ La télithromycine (Ketek) a une AMM dès 12 ans dans les angines à SGA quand les autres antibiotiques ne sont pas appropriés du fait d’un risque élevé de résistance bactérienne. Mais il n’est pas remboursé dans cette indication ni recommandé du fait de sa toxicité, avec vertiges, pertes de connaissance, troubles visuels…

À RETENIR

→ La grande majorité des angines est d’origine virale, quel que soit l’âge. Celles à streptocoque bêta-hémolytique du groupe A (SGA) sont plus fréquentes entre 3 et 15 ans.

→ L’évolution est le plus souvent favorable en quelques jours, même pour celles à SGA. Ces dernières peuvent néanmoins induire des complications locorégionales, voire générales, comme le rhumatisme articulaire aigu (RAA).

→ Pour le diagnostic, systématiquement pratiquer un test rapide d’orientation diagnostique (TROD) chez l’enfant de plus de 3 ans. À défaut, un avis médical est nécessaire.

→ Chez l’adulte, un début progressif, une fièvre peu élevée, une toux ou des signes de rhinophar yngite (rhinorrhée, conjonctivite) évoquent une étiologie virale. Une fièvre supérieure à 38 °C, l’absence de toux et des adénopathies cervicales douloureuses sont en faveur d’une angine à SGA et font recommander un TROD oropharyngé, ou à défaut un avis médical.

→ Avis médical systématique en cas de TROD positif ou en cas de suspicion d’angine bactérienne (fièvre élevée, douleur importante) quel que soit le résultat du TROD.

→ Antibiothérapie devant toute angine bactérienne. Pour une angine à SGA : amoxicilline en première intention en deux prises par jour pendant six jours et éviction de la collectivité durant 48 heures. Sans antibiothérapie, le malade est contagieux durant deux à trois semaines.

→ Traitement symptomatique : antalgiques/antipyrétiques, traitements locaux type pastilles ou collutoires peuvent être proposés à l’officine en cas de suspicion d’angine virale. Proscrire les AINS, même locaux, devant toute suspicion d’angine bactérienne.

Info +

→ La pristinamycine (Pyostacine), bien que non citée dans les recommandations sur les angines, est parfois utilisée hors AMM.

En savoir +

→ Haute Autorité de santé www.has-sante.fr

Deux fiches synthétiques sur la prise en charge des rhinopharyngites et des angines aiguës sont téléchargeables sur le site.

→ Société française d’ORL et de chirurgie cervico-faciale www.orlfrance.org

Pour retrouver les recommandations en pathologie ORL, dont Prise en charge de la douleur dans le cadre de l’amygdalectomie chez l’enfant et chez l’adulte (2014), ou AINS et infections ORL pédiatriques (2017).

→ Ameli www.ameli.fr

Des informations à destination du grand public sur les angines, la mononucléose infectieuse ou l’amygdalectomie.